Les nouvelles du bord – 24 novembre 2014
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Cette deuxième étape est en train de nous rappeler combien, lors d’une course en monotype, tu es à la merci des « Dieux du vent ».
Daryl, qui est un peu superstitieux raconte : « Nous avons eu du vent quasiment tout le temps, touchons du bois (il a touché sa tête en même temps), pour que l’on continue à en avoir. »
« C’est le premier jour depuis que l’on est parti de Cape Town où nous avons l’opportunité d’être un peu au sec et de libérer nos cous et nos poignets des manchons en latex » continue-t-il en regardant le pont où sèchent au soleil les bottes et les chaussettes.
Beaucoup d’entre nous prennent conscience aussi que tout ce qui est gagné peut être perdu aussi vite. Toutes les heures maintenant, quelqu’un passe en revue le bateau pour vérifier l’apparition de signes d’usure. « Nous n’avons pas vraiment bien navigué », explique Ian. « Nous avons eu quelques soucis à bord et maintenant, nous avons choisi de prendre quelques risques. Donc, nous sommes un peu nerveux. »
Et puis, la monotypie change la donne. La différence d’expérience est gommée car chacun a le même bateau et plus on navigue dessus, plus on apprend vite. La performance tient sur de petits détails, la gestion de la météo et puis aussi un peu sur la chance.
Notre confiance dans les modèles météo s’affaiblit car nous n’avons pas le vent prévu. On était un peu en sursis car les prévisions annonçaient un vent léger dans la nuit. En fait, on a filé sous GV Haute et code zéro. Et pour l’instant, on ne descend pas en-dessous de 10 nœuds au niveau de la vitesse du bateau. Personne ne se plaint mais nous sommes certains que ça ne vas pas durer.
C’est étrange de ne pas arriver à savoir ce qui va se passer, de ne plus faire confiance aux données. Quelque part, nous sommes obligés de les croire mais c’est tellement imprécis.
« Je comprends ce qu’il a fait et pourquoi il l’a fait, mais il prend quelques risques. La journée d’aujourd’hui nous en dira plus. S’il continue à aller plus vite que nous dans la dorsale, il aura tout gagné !»
Vitesse ou opportunisme ?
MAPFRE et Team Brunel nous ont un peu « marché » dessus depuis 24 heures. Team Brunel hier dans la journée par dessous, et MAPFRE dans la nuit par dessous. Il faut dire que les conditions sont assez instables. À quelques centaines de mètres près, hier, on pouvait se trouver dans la molle, ou être sous l‘influence de fortes risées. Peut-être ont-ils eu un peu plus de réussite, ou ont-ils mieux exploité cette instabilité? En tous cas, on ne peut pas parler de problème de vitesse. D’ailleurs, on est en train de revenir sur MAPFRE. Poco a poco.
Dorsale au programme.
Au menu du jour, nous avons une dorsale à traverser. Et qui dit traverser une dorsale, dit virement. L’avantage, c’est que comme nous avons nos deux concurrents directs à vue, nous n’aurons pas de mal à savoir quelles sont leurs intentions.
Vertige…
Quand on regarde la carto, on s’aperçoit qu’après cinq jours de course, on n’a toujours pas dépassé la latitude de… Cape Town. Ca en dit long sur le chemin qu’il nous reste à faire.