Jusqu’au bout de l’effort
Le « jeune » Rhum bien arrangé de Valentin
C’est un Rhum bien enlevé que vient de terminer cet espoir du large, lauréat de la filière malouine mise en place pour détecter et accompagner un jeune talent dans l’aventure exigeante d’une première transat en solitaire. A 23 ans, Valentin Lemarchand rejoint le ponton d’honneur à Pointe-à-Pitre après une course rondement menée qui le voit terminer aux portes du top ten.
[quote]Le début a été très dur. La première semaine, j’ai plutôt joué la sécurité et finalement je m’en suis pas mal sorti, je me suis rapidement retrouvé dans les dix premiers. Après, j’ai vécu dix jours de pur bonheur de glisse… Vraiment super ! J’ai eu longs des longs bords de portant avec des surfs incroyables. Par contre, j’ai eu quelques petits problèmes avec mes spis, j’en ai pété deux. Sur la fin, j’avançais moins vite, mais j’ai réussi à ne pas perdre trop de places. Puis à la fin, il y a le tour de de la Guadeloupe, et c’est vraiment le truc de trop ! J’ai eu plein de soucis, le vent passe de 5 à 25 noeuds en dix secondes, il faut passer la bouée qui est super proche de la côte, de nuit c’est compliqué. Tu passes au Sud, tu crois que c’est fini, mais pas du tout, il y avait 25 noeuds au près. Je partais surtout pour arriver et puis finalement je me retrouvé 11è, c’est génial ![/quote]
Les aventures de Bertrand Delesne
Le skipper de Teamwork40 qui s’alignait au départ comme l’un des grands favoris de cette dixième édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe a connu des galères dès la première nuit de course : il a dû faire escale à Roscoff et repartait seize heures plus tard en 38ème position ! Bertrand Delesne effectuait alors un retour dans le match spectaculaire, pointant 21ème à la latitude de Gibraltar, puis allongeant encore la foulée dans les alizés pour finir à 12ème place ! Avec sous le vent de la Guadeloupe, la participation à une intervention du CROSS Antilles pour rechercher une personne à l’eau devant Basse-Terre… Le Jury devrait lui octroyer un temps compensatoire pour cette intervention de sécurité.
[quote]Des émotions du début à la fin ! Au milieu c’était un peu « creux »… alors on a créé une nouvelle aventure sur la fin de parcours avec cette intervention aux côtés du CROSS Antilles ! Mais ça a été une course pimentée du début à la conclusion. Le départ a été magique, un Rhum comme on en rêve : j’étais assez contemplatif et très content d’être sur la ligne. Et puis la première nuit cauchemardesque avec mes problèmes techniques… Et le re-départ : j’ai pris énormément de plaisir à partir de Gibraltar ! Route Sud, la glisse, rattraper les copains, de grands bords de spinnaker, des surfs fabuleux, de la stratégie pour négocier les bascules de vent, de la tactique pour les grains et les concurrents à portée, et une arrivée spéciale… Beaucoup de gros grains sur la Guadeloupe : j’ai passé beaucoup de temps à la barre. Et dans la nuit, il a fallu que je porte assistance au CROSS Antilles, alors que j’étais en train de rattraper Valentin (Lemarchand). J’aurais préféré arriver plus tôt parce que je suis totalement lessivé ! Le bateau est en très bon état, très rapide sous spinnaker. Une très belle Route du Rhum : avant le départ, on a du mal à matérialiser le scénario malgré la préparation, mais il y a toujours un élément perturbateur qui vient changer la donne. Pour moi, c’est l’aventure qui est sortie très vite du lot avec mon escale à Roscoff. Il a fallu se remotiver en repartant et apprécier d’être sur l’eau, retrouver les ingrédients qui font qu’on est heureux de faire ces courses-là. Et ici à Pointe-à-Pitre, je suis super content d’être là, d’avoir terminer avec un bateau qui va vraiment bien. C’est magique…[/quote]
L’intensité de Jean-Christophe Caso
Le skipper de Picoty-Lac de Vassivière est arrivé cramé par deux nuits très dures sous les grains et une journée difficile dans des vents instables. Dans le pack de tête jusqu’à Madère, c’est au large de l’archipel que Jean-Christophe Caso se fait légèrement décroché dans une molle. Puis les alizés tardent à s’installer alors que les leaders sont déjà sur l’autoroute vers la Guadeloupe. Le solitaire fera une grande partie de la traversée de l’Atlantique en compagnie d’un groupe compact de quatre Class40 qui ne se départagera qu’à quelques centaines de milles de la Tête à l’Anglais…
[quote]Cela fait deux jours que je n’ai quasiment pas dormi… Il était temps que ça s’arrête ! En tous cas, le rhum de l’arrivée est bon. C’était vraiment intense ! Je n’ai pas souvenir d’un moment de break. Intense, exigeant, mais superbe régate. Cela ne s’est pas déroulé comme je l’imaginais au départ, avec des périodes très difficiles parce qu’il se passe des trucs pour toi et pas pour les autres. Même s’il se passe aussi des choses pour les autres et pas pour toi, tu vois toujours midi à ta porte… Il faut arriver à se recaler dans le match et avec Bébert (Bertrand Delesne), PYL (Pierre-Yves Lautrou), Halvard (Mabire) et Michel le Belge (Kleinjans), on s’est fait une super régate entre nous depuis huit jours. Personne ne lâche rien : on est resté au contact quasiment jusqu’à l’atterrissage sur la Guadeloupe. J’ai même vu le feu de Bébert cette nuit ! Une régate océanique qui finit comme une régate en baie… Même si je ne suis pas à la place que j’aimerais avoir, j’ai tout donné pour arriver là. Je n’ai pas de regret. Je n’ai pas osé me regarder dans un miroir : je suis crevé ! Depuis deux jours, on ne pouvait pas prendre de pause : il y a eu une séance de grains énormes toute la nuit avant l’arrivée qui ne permettait pas de lâcher l’affaire et au petit matin, c’était la molle où il fallait aussi être dessus. Et rebelote des grains la nuit suivante… Cela fait partie du jeu, mais c’est quand même bien : je suis là où je suis au niveau classement, mais je suis là, en Guadeloupe. La première nuit, il y a eu du déchet : tout se joue dans les détails au final. On en a discuté ensemble : on savait qu’on arriverait, mais le résultat c’est une autre histoire.[/quote]