Ce mercredi 19 novembre à 21h 06mn 03s, Anne Caseneuve a franchi la ligne d’arrivée de la dixième Route du Rhum-Destination Guadeloupe en première position dans la Classe Rhum qui rassemblait six multicoques et quatorze monocoques. La skippeuse de ANEO a mis 17 jours 07 heures 06 minutes et 03 secondes pour boucler les 3 542 milles entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre à la vitesse moyenne de 8,53 nœuds. Mais elle a parcouru en réalité 4740 milles à 11,42 nœuds de moyenne.

La navigatrice morbihannaise a parfaitement assuré son rôle de favorite dans cette Classe Rhum qu’elle a rejoint pour cette dixième édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe après avoir animé la Classe2 Multi en 1998 (24ème) et 2002 (2ème), puis après un abandon en 2006, la classe Multi50 en 2010 (7ème). Sur son trimaran de 50 pieds, Anne Caseneuve ne semblait en effet pas avoir de réel adversaire puisque les cinq autre trimarans en lice étaient soit beaucoup plus petits (moins de 12 mètres) soit conçus pour la croisière. Quant aux quatorze monocoques, seul le 50 pieds d’Andrea Mura (Vento di Sardegna) pouvait prétendre lui tenir tête, du moins sur la première phase du parcours. Car dans les alizés, l’Italien tenant du titre ne devait, sur le papier, pas tenir le rythme d’un multicoque aussi long.

Tenir sans casser

Pour autant, la Route du Rhum-Destination Guadeloupe n’est jamais un long fleuve tranquille et les pronostics à terre sont souvent loin de refléter la réalité sur l’eau : plusieurs favoris dans toutes les autres classes ont d’ailleurs dû abandonner ! Ce ne fut pas le cas pour Anne Caseneuve qui a su parfaitement maîtriser sa course en passant en douceur la première nuit de mer : après la bouée du cap Fréhel, ANEO rejoint rapidement la tête de la flotte et se glisse entre le DST et l’île d’Ouessant pour entamer sa longue descente vers le cap Finisterre. D’entrée de jeu, la skippeuse montre qu’elle a un plan stratégique clair en piquant vers le Sud quand l’Italien choisit la route directe passant par les Açores.

Le match tourne alors au duel car les poursuivants d’Anne Caseneuve sont déjà à plus de 90 milles derrière à la sortie du golfe de Gascogne quand Andrea Mura pointé en tête au classement, est près de 200 milles plus au large de l’Espagne ! La skippeuse perdure alors dans sa grande descente vers le Sud, d’abord vers Madère, puis après un recalage vers l’Ouest, en direction des Canaries. L’objet est de glisser le plus vite possible vers des alizés très bas en latitude car une dorsale est en train de se constituer dans l’Est des Açores…

Glisser sans excès

ANEO a passé sans encombre le coup de vent de la première nuit en mer, puis les assauts violents du golfe de Gascogne et la mer démontée au large du Portugal : Anne Caseneuve ne déplore aucune avarie majeure et peut donc exploiter à 100% le potentiel de son trimaran. Et à la latitude des Canaries, la voie italienne s’avère sans issue : Andrea Mura doit piquer plein Sud dans un vent tordu et mou, perdant tout l’avantage de sa stratégie initiale, quand la Morbihannaise commence à allonger la foulée à proximité du tropique du Cancer. En compagnie des leaders de la Class40, elle atteint enfin la bande d’alizés qui s’avèrent encore assez instables et irréguliers : après dix jours de mer, Anne Caseneuve possède plus de 350 milles d’avance sur l’Italien et près de 500 milles sur Wilfrid Clerton (Cap au Cap Location) !

Elle n’a plus qu’à dérouler sans forcer ni sur la machine, ni sur la marine, ce qui ne l’empêche pas d’augmenter tous les jours son delta d’une cinquantaine de milles pour cumuler jusqu’à 650 milles lorsque la skippeuse déborde la Tête à l’Anglais après 17 jours de course ! Anne Caseneuve est alors au contact avec le cinquième Class40, celui de Stéphane Le Diraison (Ixblue-BRS) qui ne va pas la lâcher jusqu’à la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre. La Morbihannaise en termine donc après 17 jours 7 heures 06 minutes 03 secondes, soit plus de deux jours de mieux que le tenant du titre italien Andrea Mura en 2010 (19j 09h 40’ 30). Chapeau bas !

Anne Caseneuve (ANEO) à son arrivée à Pointe-à-Pitre : « C’était une belle course, ma course était fluide, je n’ai pas eu de casse, j’ai pris plaisir et j’ai été vite. Le départ était dur, c’était un moment fort. Mais j’aime ça. Je suis contente d’être arrivée et de faire cette place, c’est génial ! Dans la classe Rhum, j’améliore le temps, mais je n’ai pas amélioré mon temps, car je suis déjà allée plus vite. Il y a eu des conditions parfaites, du vent soutenu tout le temps, durant les alizés, c’était superbe. Mon bateau est puissant, et donc rapide. J’ai eu un problème de safran qui m’a un peu limité dans les grandes vitesses. Mais ce n’est pas très grave, c’tait juste inconfortable. Je n’avais pas les positions des concurrents, j’ai appris que Sir Robin Knox Johnston était troisième. C’est vraiment magique, c’est un très grand marin. Je le respecte énormément, je serais là pour l’accueillir. Ce sera ma dernière Route du Rhum, j’en ai fait cinq, c’est déjà bien ! »

Source

Articles connexes