Loïck Peyron en ultra-capacité d’énergie
Loïck Peyron participait en 2002 à sa dernière course transatlantique en solitaire et en multicoque. Le skipper du Maxi Trimaran Solo Banque Populaire VII a depuis, brillé sur tous les supports possibles et imaginables, sans toutefois jamais renouer avec le périlleux exercice de virtuose en équilibre solitaire sur les géants à trois coques. En acceptant voici moins de deux mois de relever l’herculéen pari de prendre au pied levé la place d’Armel Le Cléac’h blessé, Loïck connaissait pertinemment l’ampleur de la tâche, et la teneur des équations à plusieurs inconnues qu’il lui faudrait résoudre. En quelques semaines seulement, et une quinzaine de jours à la barre du trimaran géant, il a, à défaut de gommer ses insuffisances, pris totalement la mesure des difficultés qui l’attendent d’ici à Pointe-à-Pitre, et c’est l’esprit particulièrement dégagé qu’il se présentera dimanche prochain à 14 heures sur la ligne de départ.
Une dernière semaine négociée dans le calme d’une préparation maîtrisée
« La semaine s’est bien passée, à la maison jusqu’à mercredi pendant que les « garçons » du Team Banque Populaire se sont bien occupés du bateau », raconte Loïck, l’oeil pétillant et le sourire aux lèvres. « Je ressens une sérénité, même pas forcée ; c’est amusant de me retrouver ici. Je fuis un peu l’aspiration du grand public, car les sollicitations pompent de l’énergie ; je suis en mode « ultra capacité d’énergie », qui consiste à emmagasiner le maximum de tonus, et à en user le minimum. C’est ce que je recherche au départ de mes courses. Je me suis préparé non pas pour avoir « plus de viande sur les os », mais pour augmenter ma capacité de stockage d’énergie. Donc je ne veux pas en dépenser inutilement par rapport à l’effort qui va m’être demandé. Je reste « cool », décontracté, et je trouve absolument génial et étonnant d’être ici. A chaque fois, cette Route du Rhum – Destination Guadeloupe est de plus en plus géniale, principalement cette année avec des conditions météo estivales ! » Et d’envisager avec confiance les si délicates et périlleuses premières heures suivant le départ : « Ce qui nous rend presque guillerets, c’est que l’analyse météo semble relativement clémente pour la saison, » décrit-il, « ce sera sportif, mais rien d’ingérable ni de dramatique comme en 2002 ; pas de baston en vue, juste corsé mais maîtrisable. »
Prendre possession de « l’appartement »
Loïck Peyron se repose avec une absolue confiance sur un Team Banque Populaire, dont il a grandement déjà apprécié la compétence et le professionnalisme, pour les dernières mises au point.
[quote] Toute l’équipe Banque Populaire est formidable autour de Ronan Lucas. On a un staff très étoffé et je suis libéré des contraintes. Je n’ai presque plus rien à faire… Tous les soirs cependant, je m’isole dans le bateau et je regarde mes fichiers météo, tout en papotant avec Marcel van Triest. J’aime bien… Je mets mes petits points de route, et Armel (Le Cléac’h ndlr), qui participe activement à notre cellule de routage à terre, m’a rentré tout le parcours dans l’ordinateur… On se partage le biscuit… Je prends ainsi possession de « l’appartement », seul, en y installant mes petites habitudes, vêtements, lampes frontales etc… La dernière nuit sera paisible puisque le Maxi Trimaran Solo Banque Populaire VII sera au mouillage depuis la veille. Mon copain acupuncteur viendra comme à l’accoutumée me poser quelques aiguilles. Quelques boules Quiès et je devrais trouver le sommeil du juste.
Mon prochain grand moment sympa ne viendra vraisemblablement que lorsque j’aurai fini de hisser et border, tribord amure, le gennaker dans le nord ouest de Madère, sur une mer encore formée. Je vais devoir attendre 48 heures avant de vraiment dormir. Je serai alors bien fatigué, et aurai grandement mérité le luxe d’une sieste de 40 minutes.[/quote]