Un tiers d’amateurs sur la ligne départ !
La magie du Rhum, ce sont aussi ces amateurs qui viennent relever le défi de traverser l’Atlantique en course et de se frotter aux meilleurs navigateurs du moment. Sur la 10e édition de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe, ils seront près de 30 marins sur les 91 inscrits, non professionnels et de tous horizons, à prendre le départ. Garagiste, journaliste, vétérinaire, éducateur sportif, expert comptable, médecin… tous ont dû gérer un métier, un budget, une préparation pour pouvoir être à Saint-Malo. Une première victoire !
« Je suis surbooké par mon travail, je n’ai pas beaucoup navigué, j’ai surtout passé du temps à préparer mon bateau âgé de 30 ans » raconte Etienne Hochédé, 58 ans, skipper du Multi50 PiR2 – CCI de Fécamp. Amateur pure souche, garagiste de père en fils, Etienne a posé un mois de congé sans solde pour participer à La Route du Rhum-Destination Guadeloupe.
Ne demandez pas à Olivier Roussey (Obportus –Conseil Régional de Lorraine, Class40) ce qu’il vient faire sur la ligne de départ de la 10e Route du Rhum-Destination Guadeloupe. « La passion ne connaît pas de frontières et elle ne s’arrête certainement pas à la ligne bleue des Vosges », répond tout de go cet expert comptable à la tête d’un cabinet de 300 personnes, né et installé depuis toujours en Lorraine.
Travailler pour s’offrir son rêve
Dans la semaine d’Hervé de Carlan, skipper de Délirium (Multi50), le seul catamaran de la course, les journées de 14 heures sont légion. « C’est le prix à payer pour s’offrir son rêve » chuchote ce médecin généraliste qui ne devra pas traîner sur la route de la Guadeloupe pour être de retour au cabinet le 2 décembre ! Quant à Erik Nigon (Multi50, Vers un Monde Sans Sida), directeur technique chez Axa Assurances, il rentre la semaine prochaine à Paris pour travailler trois jours… avant le grand départ dimanche prochain. Pour la préparation de son bateau, Erik a fait appel à sa bande de copains, pour son entraînement physique, il a choisi le vélo pour aller au boulot, plutôt que le métro, et pour sa préparation mentale, il a offert aux malouins un superbe concert avec son groupe Take a Break, hier soir samedi.
Objectif : tout donner
A 60 ans, Jean-Yves Chatelain s’apprête à participer à son troisième Rhum sur son bateau de croisière amélioré, un RM 13,50 baptisé Destination Calais (classe Rhum). « Sur la dernière édition, j’ai du abandonner suite à des soucis électriques, mais j’ai constaté que mon bateau marchait fort. Alors, cette année, secrètement, j’espère faire dans les dix premiers. Je vais tout donner » raconte Jean-Yves, professeur d’éducation physique. « Secrètement », c’est souvent le terme employé par ces amateurs, qui en plus de réaliser leur rêve, n’osent pas imaginer mieux, c’est-à-dire faire un bon résultat. Fabrice Amedeo, journaliste et skipper du Class40 SNCF-Géodis-Newrest, confie avoir beaucoup progressé et se verrait bien, sans l’avouer complètement, terminer dans les 15 premiers. « Mon objectif est d’arriver de l’autre côté, de raconter une belle histoire et si possible faire mieux qu’il y a quatre ans. Ce serait déjà un belle réussite, je vais me faire mal et me donner à 200% ».
Métro-boulot-bateau-dodo, le quotidien de ces amateurs n’est pas une sinécure mais un choix de passionnés. A travers eux, le public s’identifie, s’imagine lui-aussi pouvoir traverser l’Atlantique en course. C’est plus que jamais la spécificité de La Route du Rhum-Destination Guadeloupe. Ce qui fait de cette épreuve une course de légendes et d’histoires d’hommes.
Ils ont dit sur les pontons de Saint-Malo :
Pierre-Yves Chatelin (Classe Rhum – Destination Calais), professeur d’EPS :
[quote]C’est ma deuxième Route du Rhum avec mon RM 13,50, et la troisième fois que j’y participe. Ce sera cette année ma dernière, car je pars à la retraite l’an prochain et je projette de faire pour un tour du monde sur mon bateau. Mon objectif ? Faire bien, arriver au bout proprement, sereinement, même si secrètement j’aimerais faire dans les dix premiers ! [/quote]
Etienne Hochédé (Multi50 – PIR2 CCI de Fécamp), garagiste :
[quote]Ce sera ma première Route du Rhum parce qu’on a décidé de la faire avec mon ami Hervé de Carlan qui est aussi en Multi50 avec un catamaran. J’ai besoin de bouger, de me motiver, de me tirer vers le haut. C’est pour cette raison que je m’engage sur une course comme La Route du Rhum. Je suis garagiste surbooké, j’ai donc posé un mois sans solde. Mon objectif est de mettre moins de 20 jours pour traverser.[/quote]
Fabrice Amédéo (Class40 – SNCF-Geodis-Newrest), journaliste :
[quote]Cette année, j’ai essayé de naviguer le plus régulièrement possible. Dès le mois de février, j’ai passé 15 jours en solitaire, puis je me suis astreint à naviguer une semaine par mois. J’ai réussi à cumuler des RTT pour être sur l’eau à mi-temps depuis septembre. Quand je suis à Paris, après le travail je me prépare physiquement. Mon objectif est d’abord de raconter de belles histoires à ceux qui restent à terre et sportivement de terminer dans les 15 premiers.[/quote]
Olivier Roussey (Class40 – Obportus – Conseil Général de Lorraine), expert comptable :
[quote]C’est un challenge de tous les jours pour parvenir à prendre le départ d’une telle course, un projet de longue haleine qui exige de faire en sorte que le temps consacré à sa passion ne prenne pas le pas sur les obligations professionnelles. En 1978, j’ai assisté au départ de la première édition. J’avais 18 ans et je me suis alors dit : «un jour, je ferai le Rhum ». Nous y sommes, ou presque. Je ne réalise pas vraiment encore que dans une semaine je vais concrétiser ce rêve de gosse.[/quote]
Hervé de Carlan (Multi50 – Délirium), médecin généraliste :
[quote]Je viens d’abord pour vivre une aventure initiatique seul à bord de ce bateau familial pendant un peu plus de deux semaines. Je ne viens pas pour gagner la course, mais à la barre du seul catamaran de la flotte, j’ai la garantie de pouvoir au moins faire premier de quelque chose. Après ma participation en 2010 où j’ai malheureusement été contraint à renoncer sur avarie technique, j’ai une revanche à prendre. Mon objectif est d’arriver au bout afin de remercier et saluer les 200 personnes qui depuis la mise à l’eau du bateau ont donné de leur temps et de leur énergie pour me permette d’aligner Délirium au départ de grandes courses océaniques.[/quote]
Erik Nigon (Multi50 – Vers un monde sans sida), directeur technique chez Axa :
[quote]Je pars du principe qu’on n’a qu’une vie et qu’il s’agit de la vivre à fond, pour soi comme pour les autres. Depuis plusieurs années déjà, je consacre mes grandes vacances à une transat. C’est ma deuxième participation au Rhum à bord de ce bateau et j’espère faire mieux qu’il y a quatre ans. Si le sportif est incertain, j’ai la garantie de vivre une formidable aventure humaine. Plus que le classement, j’espère surtout, si la météo le permet, aller plus vite. Je dédierai ma course à Delphine, la coordinatrice d’Aides Guadeloupe et Guyane, brutalement décédée il y a quelques semaines.[/quote]