Nous sommes à la même place depuis 24 heures. Xabi a dit : « c’est exaspérant et la seule chose à laquelle on peut s’attendre c’est que les autres teams soient dans une pire situation que nous ». J’en doute. Coincé, sans vent avec une telle chaleur. Je n’ai jamais connu cela avant. 8 degrés nord, c’est notre latitude. Je suis sûr que je n’oublierai jamais cela durant toute ma vie.
Certains gars font la lessive, bricolent, nettoient… Neti a été le plus chanceux, il a sauté dans l’eau il y a une minute.
n.c.
A bord, les membres de l’équipage ont profité pleinement de la valse constante, pour se reposer et être prêts pour la régate qui, c’est certain, va commencer.
Le système de surveillance a tourné efficacement et il semblerait que pour la première fois, il y ait toujours 4 personnes qui dorment profondément en dessous ou en dessus de la pile de voiles. Le chuchotement est devenu la nouvelle règle à bord. Pendant chaque manœuvre, nous essayons de garder au moins deux ou trois équipiers à l’intérieur pour maximiser le repos.
Au moment où j’écris, le vent a commencé à s’établir. 8 nœuds de vitesse du bateau. Cela pourrait être la stabilisation selon Ian… Ou alors nous pourrions faire deux pas en arrière.
La seule que nous ayons tous à l’esprit maintenant, c’est de sortir de là.
Le Pot au Noir, Wouter s’attend à ce que les prochaines 24 heures soient claires, nous espérons tous que cela arrive le plus tôt possible. La chaleur devient insupportable aussi. Les gouttes de sueur de mon visage, s’échouent verticalement comme le delta de l’Amazon, passent sur mon estomac, puis finalement elles saluent le rebord de mon short qui les récolte. Il sera essoré et séché tous les jours. Je ne suis pas certain de la température actuelle, mais je sais qu’il fait assez chaud pour faire fondre tout notre chocolat.
C’est rageant, d’autant quand on sait que les autres équipages ont pris 20 milles de plus sur nous toutes les 6 heures. Nous avons été bien occupés avec l’entretoise de notre outrigger qui a cassé net sur l’extérieur et en bout, là où il y a le plus de poids. C’est plutôt agaçant quand ça arrive. 12 nœuds de vent et zéro en tête de mât à 115 degrés du vent réel. Rob Salthouse a passé 4 à 5 heures à réparer et renforcer le reste. Quelques heures plus tard, la résine avait pris et une nouvelle entretoise était née.
Le résumé est assez simple : nous sommes coincés dans le Pot au Noir. Coincés et coincés pour de vrai.
La vérité c’est que la situation aurait pu être pire. Nous pensons que nous avons fait tout ce qui était possible – nous avons pourtant joué avec les cartes, avec un succès relatif. Mais vous savez, avant de venir ici, dans le Pot au Noir, que vous êtes en quelque sorte à sa merci et malheureusement, ce n’est pas que « en quelque sorte ».
Retour au radar pour chercher le chemin de sortie !
Le coup de vent danois. Ce n’est pas plus amusant que d’être coincé, mais c’est toujours plus énervant quand tu régates. Et quand tu regardes les positions, tu vois les bateaux qui en théorie ont la pire place, s’en sortir – ça, c’est énervant.
Bienvenue dans le sauna. Ce n’est pas toujours facile de trouver le sommeil dans ces conditions. Et devinez pourquoi, la température n’aide pas à l’intérieur du bateau. Imaginez un espace restreint avec un tout petit filet d’air où se trouvent 5 personnes, des ordinateurs, des machines, une cuisine… J’ai noté 31 degrés il y a une demi-heure, en plein milieu de la nuit.
Vous savez, quand vous essayez de faire coller deux aimants positifs et que quel que soit la manière dont vous les rapprochez, ils ne se touchent jamais ? Et bien le Pot au Noir c’est un peu comme ça. Le Pot au Noir est le résultat de la rencontre entre un vent de nord et un vent de sud. C’est la zone de cette rencontre – environ 3 à 5 degrés de large – où le courant et le vent augmentent.
Avec tout qui augmente, les orages se forment et apparaissent la lumière et le vent à la surface de l’eau.
La chose la plus importante à faire est de regarder les nuages et le radar – pour s’assurer que non seulement nous pouvons contourner ces orages mais que nous sommes aussi sur la bonne route.

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