Le calme avant le run vers l’Afrique du Sud
C’est samedi à 14h00 que la flotte de la Volvo Ocean Race s’élancera pour la première étape de cette édition 2014-15. Les dernières heures avant le coup d’envoi s’étirent sous le soleil de plomb espagnol. Le grand public se compte encore en dizaine de milliers de personnes sur le village de la course. Une foule dense, impressionnante qui se presse pour apercevoir les Volvo Ocean 65 et les équipages avant le grand départ.
Cette agitation tranche quelque peu avec le calme régnant à bord des bateaux ou dans les zones techniques. Les monotypes sont quasiment prêts, les 550 kilos de matériel ont été vérifiés par les jaugeurs et seront embarqués demain. MAPFRE a fait une dernière sortie cet après-midi pour les ultimes réglages. Mais beaucoup des 66 équipiers étaient au repos. Ils ont profité de la famille et des amis qui arrivent en nombre à Alicante depuis quelques jours. Les navigateurs sont quant à eux rivés à leurs ordinateurs. Ils travaillent en équipe restreinte une météo qui s’annonce faible pour débuter la portion méditerranéenne de cette étape longue de 6 487 milles.
La Méditerranée donc, le passage de Gibraltar, le way point de l’archipel brésilien Fernando de Noronha, le passage de l’équateur et l’arrivée en Atlantique Sud puis le finish vers le Cap car pour joindre l’Afrique du Sud. Une longue courbe car pour joindre Le Cap, la flotte doit contourner l’anticyclone de St Hélène et frôler l’Amérique du Sud. La feuille de route est claire mais le chemin est truffé d’embûches. Si les marins restent encore discrets sur leur vision de cette première étape, il est certain que, dans leurs esprits, la route se dessine.
« Cette étape est longue comme toutes les étapes de la Volvo jusqu’à ce que l’on arrive à Itajai (Brésil). Après, elles sont un peu plus courtes. La première étape est compliquée car tu peux quasiment perdre ta course en Méditerranée et ne plus jamais revoir la flotte. Par contre, c’est un des parcours que l’on connait le mieux à bord avec toutes les transats Jacques Vabre que l’on a faites. Il n’y a que la fin que l’on ne connaît pas. Sur le plan météo, je pense que c’est l’une des plus belles étapes » explique le skipper Français de Dongfeng, Charles Caudrelier. A bord, Pascal Bidégorry sera le navigateur. Le Basque travaille sa météo avec l’Espagnol Juan Vila, spécialiste de la Volvo Ocean Race et de la Coupe de l’America, pour aborder au mieux cette première étape.
Jean-Luc Nélias, qui était navigateur de Groupama lors de la dernière édition, est le conseiller météo de l’équipage espagnol MAPFRE et aide Nicolas Lunven à préparer sa navigation. Le jeune marin explique sa vision de cette première étape : « Ce n’est pas l’étape la plus dure mais elle est assez complexe avec beaucoup de transitions. La Méditerranée constituera un premier morceau avec des conditions très changeantes. Ensuite, nous allons traverser le détroit de Gibraltar avec différentes situations possibles avant l’arrivée sur le Pot au Noir qui est toujours une zone très complexe. Ensuite, nous arriverons dans l’Atlantique Sud avec les alizés. Le finish vers Le Cap s’annonce aussi difficile. Ce n’est pas aussi compliqué qu’une étape du Grand Sud. Il ne s’agit pas de passer le Cap Horn avec des conditions de vents forts et des icebergs à gérer. Mais c’est une étape qui reste assez difficile d’un point de vue météo et d’un point de vue tactique. Si tu prends toutes les bonnes options, évidemment, ça sera une super étape ! (rires) ».
Le Breton est entouré de spécialistes du tour du monde. De quoi aborder plus sereinement cette entrée dans le tour du monde. Iker Martinez et Xabi Fernandez, qui comptent deux Volvo Ocean Race à leur palmarès ainsi qu’une Barcelona World Race, n’hésitent d’ailleurs jamais à partager leurs retours d’expérience avec l’équipage. Tout comme Michel Desjoyeaux qui semble incroyablement enthousiaste à l’idée de débuter dans 48 heures sa quatrième Volvo Ocean Race ! « On a bossé, nous sommes prêts ! Chacun est dans ses petites préoccupations, c’est rigolo à observer. Globalement, à bord, nous avons même chez les jeunes, des personnes expérimentées. Ils n’ont pas de raison d’être impressionnés par cette première étape. En tout cas, moi, je suis content, je n’aime pas les bizutages ! Et à bord, ce n’est pas l’esprit. Donc ceux qui n’ont jamais passé l’équateur peuvent être rassurés (rires). »