Le verdict ne va pas tarder. Maintenant que la flotte s’est libérée du front, les conséquences des stratégies adoptées cette dernière semaine vont apparaître. À l’extrême nord, Sanya court le risque de trop s’approcher d’une dépression tropicale. Pour Groupama, au sud, le danger de la pause parking dans la pétole.
On les a toujours présenté comme les outsiders, avec un bateau de l’ancienne génération (ex-Telefónica Blue) et un équipage plus jeune … Les hommes de Team Sanya n’ont pas manqué à leur réputation en partant plein nord hier, à la perpendiculaire de la flotte. Ils vont chercher du vent plus fort le long d’une dépression tropicale. Mais à quel prix ?
« Le premier risque, » confesse le skipper Mike Sanderson, « c’est qu’on progresse vers une dépression plutôt conséquente où on pourrait avoir jusqu’à 50 noeuds de vent. Le second risque, c’est qu’on aurait simplement mieux pu mieux marcher de l’autre côté. »

Pour l’heure, Sanya Lan est le bateau le plus rapide de la flotte dans une grosse vingtaine de noeuds d’est. Et Sanderson, vainqueur de la course en 2005/06 à la barre d’ABN AMRO ONE, assume ce choix.
« J’ai été très clair dès le début de la campagne : on n’est pas assez rapides pour gagner cette course sur l’eau et on doit profiter de ce genre d’opportunités pour tenter de gagner une étape ou de monter sur le podium. On vivra par l’épée ou on mourra par l’épée. »
Si le gros temps menace Sanya, c’est l’inverse qui fait peur aux Français de Groupama sailing team. Descendus au sud, ils ont contourné le front avec succès hier et ont bien progressé pendant la nuit. Mais à trop frôler l’anticyclone, ils sont arrêtés depuis ce matin dans une zone peu ventée.

L’homme à interroger ? Jean-Luc Nélias, navigateur, qui prend toutes les décisions stratégiques avec le skipper Franck Cammas.

« Depuis deux heures, on est dans une zone sans vent et une mer d’huile – une pause parking qui n’était pas prévue, mais on a bon espoir de décoller.
« Hier, par contre, le contournement du front s’est bien passé. On est super contents du choix ! On a fait un gain énorme ; on s’est bien décalés dans l’est et c’est important. Un super bon coup.

« Mais c’est toujours de la voile. Ce n’est pas fini tant qu’on n’est pas arrivés. La météo est versatile. Il y a des moments euphorisants où tout se passe bien, l’analyse est réussie et ça fonctionne ; et des moments plus tendus où tout se bouleverse en très peu de temps. Un fichier météo peut vous amener la joie, et un autre la déconfiture. »

C’est le lot de toute la flotte dans cet océan Indien compliqué, avec des classements bouleversés toutes les trois heures, au gré des changements de systèmes météo.
Au milieu, PUMA Ocean Racing, CAMPER with Emirates Team New Zealand, Telefónica et Abu Dhabi Ocean Racing ont enfin franchi le front qui leur barrait la route ce matin, et sont eux aussi ralentis à l’approche de l’anticyclone de l’Indien.

C’est désormais une course de vitesse et de placements pour rejoindre les alizés de l’hémisphère sud. Avec, dans tous les esprits, la même question : l’audace de Sanya et Groupama paiera-t-elle ?

Positions à 13h00 UTC le 18 décembre 2011 :

  1. Team Sanya (Mike Sanderson)
  2. CAMPER with Emirates Team New Zealand (Chris Nicholson), + 117,10 milles
  3. PUMA Ocean Racing powered by BERG (Ken Read), + 118,70 milles
  4. Team Telefónica (Iker Martínez), + 119,70 milles
  5. Groupama sailing team (Franck Cammas), + 131,40 milles
  6. Abu Dhabi Ocean Racing (Ian Walker), + 163,50 milles

Classement général provisoire :

  1. Team Telefónica (Iker Martínez), 37 points
  2. CAMPER with Emirates Team New Zealand (Chris Nicholson), 34 points
  3. Groupama sailing team (Franck Cammas), 24 points
  4. PUMA Ocean Racing powered by BERG (Ken Read), 9 points
  5. Abu Dhabi Ocean Racing (Ian Walker), 9 points
  6. Team Sanya (Mike Sanderson), 4 points

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