Avec l’arrivée de Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) dimanche en début de nuit, le clap de fin a résonné sur la Lorient Horta Solo. Le skipper finistérien s’est accroché jusqu’au bout pour aller prendre une 14e place méritée. Attendu sur les pontons de Lorient par une grande part de ses concurrents, l’organisation et des copains de passage à l’occasion de l’Atlantique Télégramme, il a eu droit à un accueil digne de sa volonté de ne pas baisser les bras.

Maintenant, l’heure est aux rangements, au repos, aux bilans. Certains navigateurs savent d’ores et déjà qu’ils vont repartir sur une nouvelle saison de course sur le circuit Figaro, d’autres attendent de savoir s’ils pourront renouveler leur partenariat de cette année. Comme chaque année, certains quitteront le circuit, faute de n’avoir pu trouver le financement nécessaire pour une saison de course… Pour quelques uns, ce sont parfois d’autres perspectives qui s’ouvrent, sur de nouveaux supports.

Une épreuve atypique dans le circuit

En tout état de cause, cette première aura marqué les esprits : d’une part du fait des circonstances météorologiques exceptionnelles qui ont poussé l’organisateur à annuler la première étape et proposer aux solitaires de rejoindre Horta en convoyage. C’est une caravane originale qui s’est alors mise en place, retardant volontairement sa marche pour laisser passer le phénomène dangereux qui se profilait à l’arrivée sur les Açores, veillant à rester à proximité les uns des autres pour pouvoir s’assister mutuellement. Provisoirement, l’esprit de compétition a cédé le pas à une solidarité volontaire qui a continué de diffuser sur les pontons d’Horta.

Heureusement, l’étape retour a permis d’assister à une épreuve de très haut niveau : variété des conditions depuis le premier bord sous spi en passant par du reaching dans du vent fort et une mer difficile à négocier, jusqu’au final au près dans les petits airs, il fallait être complet pour l’emporter. Etre à l’aise dans des conditions variées, savoir être à l’attaque dans les moments clés, savoir aussi gérer la fatigue induite par une course de huit jours plein, c’est un exercice nouveau qui s’est présenté aux coureurs du circuit Figaro Bénéteau. Si les étapes de la Solitaire du Figaro s’apparentent plus à des sprints, que les transatlantiques ressemblent à des courses de fond, cette course-là fait encore appel à d’autres qualités : endurance, prise de décision autonome, capacité à puiser dans ses réserves à certains moments, à se refaire une santé à d’autres. Elle vient compléter la palette des exercices demandés pour le Championnat de France Elite de Course au Large en Solitaire. Au final, la deuxième place de Charlie Dalin (Normandy Elite Team) confirme brillamment son titre de Champion de France, tandis que Adrien Hardy (Agir Recouvrement) devient Vice-champion. Corentin Horeau (Bretagne Crédit Mutuel Performance) complète le podium.

L’esprit du large

Originalité de la destination, longueur du parcours, ambiance générale, l’esprit du large a soufflé sur cette première édition. Horta est l’escale mythique des voyageurs transatlantiques et cet archipel perdu au milieu de l’océan dégage un sentiment rare, d’un territoire encore préservé des excès d’un tourisme de masse, d’un lieu où les traditions ancestrales se sont adaptées aux évolutions du monde sans disparaître. Bien évidemment, on ne va plus au Peter Café Sport pour tenter de dénicher si dans les lettres qui pendaient sur la corde à linge qui traversaient la salle, il n’y en avait pas une destinée à son bateau, Internet est plus fluide et plus rapide. Les baleinières continuent de naviguer, mais elles embarquent les jeunes pousses de l’île pour connaître une autre face de la navigation à voile et faire que les nouvelles générations continuent de transmettre l’héritage des temps de la pêche au cachalot. Les postes de veille sont toujours utilisés, mais pour indiquer aux bateaux venus faire du « whale watching » les points de rencontres possibles avec les cétacés. Bien évidemment, certains coureurs, par inclination, préfèrent les joutes aux couteaux des parcours calibrés de la Solitaire du Figaro. Mais d’autres se sont révélés appréciant particulièrement cet exercice de plus longue haleine, mais aussi les rencontres avec les baleines, les petits matins qui se suivent et ne se ressemblent pas, le parfum d’aventure généré par cette épreuve d’un autre genre. Ce n’était que la première édition, il a fort à parier que la Lorient Horta Solo, forte du soutien conjoints des collectivités de Lorient et de Horta, a d’ores et déjà de belles années devant elle. Rendez-vous en 2016.

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