Le Rhum dans le viseur
Depuis qu’il a remis son Maxi 80 Prince de Bretagne à l’eau, le 8 juillet dernier, après près de trois mois et demi de chantier, Lionel Lemonchois enchaîne les entraînements en solo, le plus souvent possible avec d’autres bateaux afin de créer un maximum d’émulation, et poursuit ainsi dare-dare sa préparation pour la Route du Rhum-Destination Guadeloupe dont le départ approche désormais à vitesse grand V. Voilà sans doute ce qui explique pourquoi, plus que jamais, le plaisir d’être en mer est palpable chez le skipper Normand dont l’objectif, rappelons-le, est d’inscrire son nom une troisième fois au palmarès de la reine des transats en solitaire. C’est, en effet, avec un moral d’enfer et une envie débordante que le marin aborde la dernière ligne droite avant le coup d’envoi de la course.
Ces dernières semaines, Lionel Lemonchois multiplie les sorties en mer en mode solo. De jour et de nuit, dans le petit temps comme dans des conditions plus soutenues, au large de l’Irlande ou à proximité du cap Finisterre, seul ou en confrontation avec certains de ses futurs adversaires de la catégorie des Ultimes tels que Yann Eliès ou Sidney Gavignet… « Je navigue autant que possible, même si les conditions, depuis début septembre, ne sont pas optimales car plutôt molles. Il n’empêche que c’est toujours un vrai bonheur d’être en mer, surtout quand on part à plusieurs. C’est particulièrement motivant et on est forcément plus à l’écoute du bateau, plus concentré sur sa bonne marche, un peu comme si on était en course », explique le skipper du Maxi80 Prince de Bretagne dont le sourire ne trompe personne. « C’est quand même pour vivre ces moments uniques au large que l’on fait ce métier… et puis il n’y a pas de secret, plus on s’entraîne et plus on est à l’aise. C’est pourquoi, notamment, je fais en sorte de naviguer autant que possible de nuit car c’est quand même bien là que c’est le plus compliqué. Tout ce qui est pris maintenant ne sera plus à prendre ensuite », lâche t-il, d’ores et déjà impatient d’en découdre entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre.
Peaufiner les derniers détails
« Le départ arrive vite. Nous sommes prêts et aujourd’hui nous ne faisons plus que peaufiner les derniers détails et les ultimes réglages. Lorsque je rentre de mer, j’ai toujours une petite job-list à donner à mon équipe technique mais en général, ce ne sont que de toutes petites choses, comme le placement d’une commande à modifier par exemple », détaille le marin qui ne lésine pas non plus sur les séances de préparations physique afin de ne rien laisser au hasard. « Pour manœuvrer nos engins, mieux vaut être en forme et un minimum affuté. Voilà pourquoi je me prépare en faisant du VTT, de la musculation et du cardio », poursuit Lionel, conscient de l’exceptionnel niveau de la concurrence de cette 10e édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. A ce jour, dans la catégorie des Ultimes, ils sont sept. Sept marins d’exception et sept bateaux hors-normes, presque tous aussi différents les uns que les autres (les tailles varient de 21 à 40 mètres, les largeurs de 16,80 à 23 mètres, les poids de 6,3 à 21 tonnes). « Quand la concurrence est belle, les courses sont belles », analyse le Normand qui devra faire face à des rivaux de plus de 100 pieds de long.
Sans complexe
« Nous n’avons cependant pas de complexes à avoir. Je pense que dans certaines conditions météo, nous avons notre bonus. S’il y a beaucoup de transitions, de manœuvres et des petits airs notamment », a précisé Lionel qui sait bien qu’il y aura du monde et du beau pour ferrailler à des vitesses folles face à lui, sur les 3 510 milles du parcours. En l’occurrence Thomas Coville qui a fait, comme lui, le pari du recyclage de haute performance (Sobedo, ex-Geronimo d’Olivier de Kersauson), Loïck Peyron qui attrape au vol la barre du bateau tenant du titre (Banque Populaire VII, ex Groupama 3 de Franck Cammas), Francis Joyon (IDEC) qui excelle dans l’art de faire tomber les record en solitaire, ou encore Yann Guichard (Spindrift, ex Banque Populaire V) qui se lance avec le bateau le plus rapide autour du globe en équipage, un monstre de 40 mètres. « Pour certains, ça va être un morceau de gérer leur machine en solitaire. Prince de Bretagne est maniable et c’est un atout. Les étraves et les carènes sont superbes. Les sensations à bord sont bonnes et le bateau est ardent comme je le souhaitais au départ. J’ai hâte de m’aligner au départ de la course ».