Lessiveuses instables
Ça file à bonne vitesse vers le golfe de Gascogne, mais la médaille a son revers. Sans être les conditions dantesques de la première étape, la flotte de la Lorient Horta Solo navigue dans près de 30 nœuds de vent, dans une mer qui commence à se former. Dans ce régime de vents de nord à nord-est, c’est un clapot court qui entrave la route des Figaro qui cognent contre les vagues et encaissent des coups de gite intempestifs. Sous solent et grand-voile, voire parfois un ris, les solitaires tentent, tant bien que mal de se reposer, de s’alimenter tout en étudiant les différents scénarios possibles à l’entrée du golfe de Gascogne. Les derniers fichiers de vent reçus tendent à infléchir la route des navigateurs vers le sud du golfe, à la latitude de La Corogne pour longer la côte cantabrique avant que le vent ne tourne franchement à l’est. Il sera alors temps de virer de bord pour rallier Lorient.
Pilotes en folie
Dans cette mer courte, les mouvements du bateau sont parfois particulièrement brutaux, ce que ne semblent pas apprécier les nouveaux compas des pilotes de nombreux concurrents. L’inertie du compas indique à la centrale de navigation des caps fantaisiste auquel le pilote réagit aussitôt en poussant la barre dans le coin. Plusieurs concurrents se sont ainsi retrouvés brusquement à virer de bord intempestivement pour finir foc à contre, ballastés sous le vent, avec la totalité du matériel du mauvais bord. Outre le fait que c’est particulièrement inconfortable, c’est le genre d’incident qui peut même être dangereux pour peu que l’on soit en train de manoeuvrer sur le pont ou mal calé à l’intérieur de la cabine. Face à cela, chacun cherche la solution la plus adéquate, sachant que les navigateurs ne peuvent pas faire appel à une assistance extérieure pour les aider à résoudre le problème. C’est le règne de la grande débrouille entre ceux qui naviguent barre amarrée pour trouver une solution alternative, qui tentent de shunter le système, qui testent une réduction de voilure pour assouplir les mouvements du voilier, voire qui passent du temps à la barre à encaisser les paquets de mer qui balaient le pont. Seul point positif de la journée, le retour du soleil après 24 heures de grisaille et de petit crachin : la mer paraît toujours plus douce sous un ciel bleu.
Divergences stratégiques
D’un Gildas à l’autre, il y a comme un monde. Le premier Gildas Mahé (Interface Concept) au nord a infléchi sa route par rapport au paquet de tête. Le deuxième Gildas Morvan (Cercle Vert) continue gaillardement son option au sud de la flotte, certainement conforté par l’évolution des fichiers météo. Les deux hommes sont maintenant séparés par une trentaine de milles, une paille à l’échelle de l’Atlantique, un gouffre à l’aune des usages des Figaristes, plus habitués à chasser en meute qu’aux chemins de traverse solitaires. Le jeu s’ouvre et le suspense n’en sera que plus ardent dès lors qu’il faudra solder les comptes.
Ils ont dit :
Xavier Macaire (Skipper Hérault) :
[quote]Tout se passe bien. On est assez content, avec Adrien (Hardy) de la manière dont on a négocié la petite transition d’hier. C’est là qu’on a réussi à faire la différence. Maintenant, la route est encore longue, on n’en est même pas au tiers de la course, il ne faut pas s’enflammer. Sur cette route, je n’ai que de bons souvenirs, puisque c’est en revenant d’Horta en 6,50 que j’avais gagné les Sables – Les Açores en 2010. S’il faut réitérer, je ne dirais pas non, mais il faut rester prudent, rien n’est joué.[/quote]
Thierry Chabagny (Gedimat) :
[quote]Ça cogne beaucoup. Comme beaucoup, j’ai eu quelques soucis avec mon pilote qui avait tendance à perdre le fil. Je me suis retrouvé plusieurs fois à contre après avoir viré de bord. En discutant avec le groupe qui m’entoure, je me suis rendu compte que presque tout le monde avait été touché. Heureusement, j’ai trouvé une solution de remplacement : elle vaut ce qu’elle vaut, mais du moins je n’ai plus à subir de virement de bord imprévu. C’est mieux parce que dehors, c’est vraiment la douche.[/quote]