Alors que les entraînements pour La Route du Rhum continuent pour Thomas Coville en Bretagne Sud, l’abécédaire fait de même. Le skipper solitaire de SODEBO ULTIM’ dévoile cette semaine quelques accessoires pas futiles mais utiles et, surtout, raisonnés, qu’il embarque quand il est en mode course.

Le skipper qui s’y connaît en matière de transatlantique extrême, est arrivé à ne garder à bord que l’essentiel. Une ambiance sûrement un peu monacale quand on aime vivre en mer mais, sur un sprint de quelques jours, la course sera la priorité numéro 1 de Thomas Coville. Jour et nuit, la vitesse imposera son rythme, sans pouvoir stopper la machine ni descendre de ‘voiture’. C’est un peu comme si les 24 heures du Mans duraient une semaine.

B comme barbe et brosse à dents

En mer, c’est vraiment la barbe de se raser. D’ailleurs, sur La Route du Rhum, Thomas n’a pas pour l’instant prévu de le faire…Pour la toilette en général, pas de poids inutile à bord d’un bateau de course, uniquement le strict nécessaire parmi lequel, des lingettes bébé, de la crème hydratante et deux brosses à dents, « une pour les dents et l’autre pour nettoyer les winches récalcitrants, » confie le navigateur qui poursuit en expliquant que se laver les dents un certain nombre de fois par jour sert notamment à mesurer son taux de vigilance.

C comme cirés, casquettes, chaussettes, couteaux, carnet et carte de crédit

Parce que le 2 novembre à Saint Malo, ce sera l’automne tandis qu’à l’arrivée, ce sera le plein été dans les Caraïbes, Thomas embarque aussi bien une combinaison étanche avec des cirés techniques et des sous-couches de différentes épaisseurs que des shorts et des lycras ; mais pas n’importe lesquels. Ces vêtements sophistiqués sont mis au point par le marin avec la marque norvégienne Helly Hansen qui équipe aussi bien des ‘riders’ de l’extrême que des travailleurs de plateformes pétrolières. A force de milles et de tours du monde, Thomas a aussi peaufiné sa sélection d’accessoires et notamment sa collection de couvre-chefs adaptée à toutes les conditions météo. Sinon, il a toujours avec lui deux couteaux et un carnet sur lequel il prend des notes pour débriefer avec son équipe à l’arrivée de la course. Quant à la carte de crédit, elle est bien rangée avec le passeport et doit lui permettre de rester autonome en cas d’arrêt inopiné.

D comme décibels

Qui dit carbone dit caisse de résonnance. Les efforts monstrueux qui parcourent la structure de cette immense arbalète se comptent en dizaines de tonnes. Libérez une écoute d’un winch et ce sont les trois coques qui crient. La dérive siffle, les foils aussi mais différemment, sans compter le bruit du vent, des embruns…A bord et en course, tout n’est pas franchement calme et volupté. De plus, chaque bateau a sa propre sonorité. En mélomane passionné, Thomas compare les trimarans MOD70 à des violons, son ancien Sodebo (moins large) résonne comme un alto tandis que le dernier né, Sodebo Ultim’, sonne comme une contrebasse. Il ne connaissait pas encore le langage de ce nouveau trimaran qu’il a découvert cet été en traversant deux fois l’Atlantique pour s’entrainer et se qualifier à La Route du Rhum. Le skipper admet qu’il a eu du mal à trouver le sommeil. Alors il a essayé un casque qui filtre habilement les sons. Si cela lui a permis d’écouter un peu de musique, les oreillettes le coupaient trop de son environnement. Finalement, cette perte de repères assez angoissante de prime abord s’est transformée en une réelle excitation, celle d’ouvrir une page blanche et de se libérer de certaines habitudes.

P comme pouf

Trouver le sommeil dans cet univers hostile, un défi pour quiconque et une nécessité pour les coureurs au large qui doivent dormir pour rester lucides. Il fallait trouver une solution pour que le Marchand de Sable passe même quand les conditions météo agitent le bateau comme un shaker et qu’il faut avoir les commandes à portée de mains alors que les adversaires rôdent tout autour. Thomas a remplacé le matelas plus ou moins confortable qu’il avait installé dans les bannettes de ses anciens bateaux par un grand pouf étanche et robuste, rempli de billes. Ce pouf s’adapte parfaitement au corps et au sol sur lequel il est posé. Quand le solitaire s’accorde 10 à 20 minutes de répit à l’intérieur ou dans le cockpit, il ne prend pas le temps de se changer ni de se sécher. Par contre, il embarque tout de même un duvet pour lutter contre le froid.

U comme urgence

Et oui, un peu comme dans votre citadine dernier cri, Sodebo Ultim’ bipe ! Pas pour faire un créneau mais en cas d’urgence pour prévenir d’une situation anormale. Le feeling c’est une chose mais il ne suffit plus sur un bateau de cette taille et de cette puissance. Alors des alarmes, le skipper peut en programmer pour presque tout : pour signaler les changements du vent, pour se réveiller, pour annoncer les ris quand le skipper hisse ou descend tout seul l’immense grand voile de 283 mètres carrés. D’autres repères sonores aident aussi pour les réglages afin de ne pas dépasser les tensions maximales dans les câbles qui tiennent le mât et les voiles. Et les alarmes d’urgence permettent évidemment de s’écarter à temps d’un bateau qui navigue trop près dans la nuit noire ou quand la visibilité est réduite à presque rien dans le brouillard ou la tempête. Enfin, pour minimiser le risque de chavirage, le système ‘Up Side Up’ permet même de choquer les voiles automatiquement si le bateau se soulève trop haut sur une coque.

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