L’été déroule son tapis scintillant le long des rivages du golfe de Saint-Tropez, mais la torpeur estivale n’étouffe en rien la passion qui anime l’équipe de la Société Nautique de Saint-Tropez, à pied d’œuvre pour assurer le bon déroulement des 15 ans des Voiles de Saint-Tropez. Au programme, tous les éléments qui font la réussite d’une manifestation unique pour les plus beaux voiliers, modernes et anciens, dont le succès ne se dément pas, et – comme l’aime à le répéter André Beaufils, le président – une volonté toujours présente de surprendre chaque année les quelques 4 500 équipiers qui y participent. Avec la divulgation de la liste provisoire des engagés sur le site www.lesvoilesdesaint-tropez.fr, les contours de l’édition 2014 se précisent avec bonheur.

Modernes : les seigneurs des mers

C’est l’un des rendez-vous incontournable des Voiles. Les Wally, dont les mâts en carbone se découpent dans la lumière flamboyante qui baigne le port de Saint-Tropez le soir, ne sont pas l’équivalent des Ferrari ou des Lamborghini malgré leur appartenance marquée à un style italien incomparable. Ces yachts de prestige, qui dépassent parfois les 40 mètres, sont conçus à l’unité par les plus talentueux cabinets d’architectes mondiaux, tels German Frers ou Farr Yacht Design. Leur ADN en dit long sur leur programme et leurs performances : aussi véloces que des maxi en régate, plus confortable que n’importe quel bateau de croisière, et aussi simple à manœuvrer que des dériveurs. Mais les Wally sont aussi une classe très active, qui enchaîne les rendez-vous sur tous les plans d’eau de régate internationaux. C’est bien l’adrénaline et la confrontation que cherchent propriétaires et équipages de ces fabuleux engins de régate. Qui va soulever en 2014 la coupe remportée l’an dernier par Open Season – présent cette année sous le nom de Sensei -, ou monter sur la seconde marche à la place du fantastique J One ? Nul doute que la bataille sera rude face à l’équipage très affuté de Magic Carpet Cubed, le très récent Wallycento de plus en plus efficace depuis son lancement, en 2013, qui a alterné les places d’honneur en début de saison avec Magic Blue dont le tacticien n’est autre que Luca Bassani, le patron de Wally. Pour la deuxième année consécutive, le constructeur automobile allemand remettra en jeu le Trophée BMW qui viendra récompenser le premier Wally au classement général. Eckhard Wanniek, responsable du sponsoring international chez BMW, se réjouit de ce partenariat : « Les Voiles de Saint-Tropez sont par excellence l’endroit où le Moderne et le Classique se rejoignent, et où l’esthétisme hors du temps rencontre le design et la haute technologie. » Un enjeu supplémentaire pour ces fantastiques bateaux du troisième millénaire que sont les Wally.
Les grandes unités sont présentes en force cette année, avec des protos tous nouveaux comme Inouï, un plan Philippe Briand de 33,44 m (2013) qui devrait croiser le fer avec Nomad IV, même longueur, dessiné par Finot-Conq (2013) ou Leopard le célèbre Farr 100 (2007). Nouveauté à découvrir également, Lady L (ex SFS), le VOR 70 de Lionel Péan que son célèbre skipper, vainqueur de la Solitaire du Figaro (1983) et de la Course autour du Monde (1985), vient de mener en équipage dans une traversée express de l’Atlantique Nord. On suivra également avec intérêt l’équipage du Ker 53 Dralion qui sera barré par le très fameux champion du monde de Match Racing, et skipper de l’équipe pour l’America’s Cup Desafio Espanol, le Polonais Karol Jablonski, à la tête d’un équipage international regroupant pas moins de sept nationalités.

Shamlor est un nouveau venu intéressant à double titre. Ce one-off construit en 2012 sur plan de Axel de Beaufort a valu à son chantier, Maxi Dolphin Boatyard, de décrocher le prix  »Nautical Design Awards » décerné notamment par la revue Yacht & Sail. Quant à l’équipage, sous la houlette de son skipper Thierry Barot, général manager de l’équipe China Team pour l’America’s Cup et basé à Hong Kong, il sera notamment composé de huit navigants de nationalité chinoise, un noyau dur qui a déjà participé à toutes les grandes courses en Chine et en Asie : China Cup, China Sea Race, King’s Cup. L’objectif de l’équipe sino-française est de revenir à Saint-Tropez au début de l’été prochain pour courir la Giraglia Rolex Cup, mais aussi de participer à de grandes courses internationales comme la Rolex Sydney/Hobart ou la Transpacific. Pour les Voiles, le team sera complété par quelques équipiers de chocs comme Christian Dumard (navigateur course au large, America’s Cup, spécialiste météo), à la navigation et la tactique, ou encore Christophe André (numéro 1 America’s Cup, Groupama) à l’avant, sans oublier le navigateur aux deux Vendée Globe, Bernard Gallay, au réglage des voiles.

Fortes personnalités également en TP 52 avec Sorcha – un nouvel équipage britannique – ou Nanoq qui donneront la réplique à Ran 4 et Spirit of Malouen VI, tous deux affrétés par le team Paprec, avec notamment un équipage de jeunes. Pour sa part, le GP 42 Genapi devrait être un sérieux animateur de la classe.

Côté chantiers, Nautor et Bénéteau se détachent en tête avec plus de vingt unités inscrites chacun, mais tous les grands noms français et internationaux sont présents aux Voiles à l’image d’Archambault, Baltic, CNB, Grand Soleil, Jeanneau, J Boat, ou encore X-Yachts. On croisera sur les pontons et sur le plan d’eau des championnes comme Christine Briand à bord de l’Oceanis 48 Tit Brouette, ou Alexia Barrier sur un Figaro 2 dont le nom a valeur de programme : 111 4 ever 30 corsaires…

Tradition : encore des découvertes !

Au delà des stars des 15 ans des Voiles que sont les Class J (Lionheart, Ranger, Shamrock et Velsheda) ou des quatre mythiques 15mJI (Hispania, Mariska, The Lady Ann et Tuiga), les Voiles 2014 s’annoncent comme une édition de grands moments et de belles rencontres.
Honneur aux plus beaux élancements, le trois mâts espagnol Xarifa (plan JP Soper 1927) et les deux somptueuses goélettes auriques de 50 mètres dessinée par Nathanael Herreshoff en 1910 qui seront présentes à Saint-Tropez, Elena – réplique de la goélette vainqueur de la course Transatlantique de 1928-, et Eleonora – construite sur les plans de Westward. On n’oubliera pas de mentionner la présence très attendue de deux voiliers classiques membres de la Société Nautique : le très beau yawl aurique Rosalind (32m – Plans Stowe 1904) ou encore le yawl bermudien Hermitage (22m25 – Plans Primerose-Illingworth 1965) qui sort juste de restauration.

Construit à Chicago en 1913, Olympian fera à Saint-Tropez sa toute première apparition. Ce cotre aurique de 16m50 a été dessiné par William Gardner, également l’architecte du trois mâts goélette Atlantic qui a été recordman de la traversés de l’Atlantique pendant près de 80ans sous le commandement d’un certain Charlie Barr. Olympian est un bateau de la  »P Class », cette jauge contemporaine de  »J Class » ou de la  »Q Class » dont l’élaboration a donné naissance à de superbes coques très élancées, très basses sur l’eau, et surtout, très rapides. Construit à Chicago en 1913, ce centenaire n’a jamais quitté les grands lacs jusqu’à aujourd’hui. Son arrivée à Saint-Tropez sera donc remarquable et remarquée.

L’histoire d’Alcyon ressemble à une boutade marseillaise. Jugez par vous-même : 9m au pont pour 21 mètres hors tout et 115 m2 de toile au près ! La réplique de ce très fameux gréements houaris qu’ont entrepris de reconstruire par passion Marc et Edith Frilet est effectivement un véritable épouvantail des plans d’eau, une machine à créer son vent qui – à la fin du XIXeme siècle, n’avait pas son pareil pour gagner toutes les régates entre Marseille et Menton. Tout le monde parle d’Alcyon, le bateau qui exagère, et c’est à Saint-Tropez qu’on pourra le voir !

La classe des 12 mètre en quête de maître ? Telle est peut-être l’équation de l’International Twelve Meter Association (ITMA) tente de résoudre en cette année 2014 avec un calendrier de régates particulièrement complet qui a commencé avec la World Cup à Barcelone et s’achèvera aux Voiles de Saint-Tropez. C’est pour cette raison qu’il faudra suivre de près les évolutions des huit 12m JI dans le golfe : Emilia (1930), Ikra (1964), Seven Seas of Porto (1935), Sovereign (1963), Trivia (1937), Vanity (1936), Vim (1939) et Wings (1937). Pour mémoire, les 12 m JI ont été la série de la jauge internationale retenue pour servir de support aux régates de l’America’s Cup de 1958 à 1987. Contrairement à ce que leur nom pourrait laisser à penser, les 12 metre mesure généralement environ 21 mètres… Très dynamique également, la classe de 8 m JI, promet une belle bagarre puisqu’elle alignera pas moins de neuf unités.

L’esprit du yachting souffle sur le Trophée Rolex

Relancer le challenge, mettre à l’honneur une nouvelle catégorie de yachts de tradition chaque année, tel était le cahier des charges du Trophée Rolex nouvelle vague, dans le but de mettre les projecteurs sur différents types de yachts classiques en leur permettant, en fonction des nominations, d’être éligibles pour l’année en cours. C’est ainsi que la catégorie des Yachts d’Epoque Aurique B a été retenue par un comité d’historiens du yachting et de membres du comité d’organisation pour 2014, des bateaux très anciens, entre 1882 et 1937, représentatifs d’une expression ultime de l’esprit classique :
Djinn (11m35, cotre 1934), Jap (9,20m Cork, 1897), Kelpie (24m goelette 1928), Lelantina (25m93 goelette 1937), Lulu (14m68 cotre 1897), Marigold (23m82 cotre 1882), Morwenna (20m goelette 1914), Partridge (21m cotre 1885), Rosalind (32m yawl aurique 1904), Runa IV (15m yawl aurique 1918), Runa VI (11m5 cotre 1927), Sif (16m74 goelette 1894) et Veronique(24m86 yawl 1907).

A noter que cette nouvelle formule permettra notamment à de très intéressants bateaux de moins de 16 mètres de rêver décrocher la 9ème édition du très convoité Trophée Rolex, lié au classement par points du cumul des quatre jours de régate : mardi 30 septembre, mercredi 1er, vendredi 3 et samedi 4 octobre.

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