Tanguy de Lamotte sera de nouveau au départ du Vendée Globe en 2016. Le skipper de « Initiatives Cœur » va disposer pour cette nouvelle édition du temps nécessaire pour peaufiner son projet, arriver fin prêt sur la ligne de départ. Sans pour autant déroger à sa ligne de conduite : partage, solidarité, équipe resserrée, choix techniques à l’ambition mesurée… Entretien avec un skipper heureux de renouveler l’aventure.

Un deuxième Vendée Globe, c’est dans la logique des choses après cette première expérience réussie ?

« A l’issue du dernier Vendée Globe, je ne savais pas si j’aurais envie d’y retourner. Il a fallu que les choses murissent. Je n’ai pas fait le premier dans le but d’en faire un second… Mais petit à petit l’envie est revenue, l’idée de pouvoir repartir et de prolonger le projet mis en place lors de la première édition. Je n’ai jamais décidé de faire de la course au large mon plan de carrière. Quand j’ai commencé à courir (ndlr : sur la Mini Transat), mon idée première était de naviguer sur le bateau que j’avais dessiné. C’est comme ça que j’ai commencé à faire de la course au large : pour la technique et pour l’aventure. »

Cette fois-ci, le caractère sportif va prendre le pas sur l’aventure ?

« Lors de l’édition 2012-2013, j’étais vraiment en phase avec le projet. J’ai pris un plaisir immense à faire mon tour, à mener le projet pour Mécénat Chirurgie Cardiaque. J’ai retrouvé le goût de l’inconnu que j’avais connu quand j’ai fait la Mini. Paradoxalement, mes meilleurs résultats sportifs datent de quand je naviguais en Class40, mais c’était plutôt une parenthèse. Je me sentais moins impliqué que je l’ai été en Mini ou sur le Vendée Globe. Il faut garder une part de cet esprit d’aventure. Si on ne parle plus que de sport, on casse la magie de ces grandes courses autour du globe.»

Mais avec un bateau plus récent et le temps de progresser, il y aura certainement plus de sport !

Tu as été surpris de l’impact de ta campagne de 2012 ?

« Totalement. On a beau faire, on ne peut pas être préparé à ça. Il y a l’émotion de l’arrivée qui est énorme où tu réalises tout ce que les gens ont investi dans ton projet. Le départ aussi, c’est un moment spécial : quand ton équipe débarque du bateau, tu comprends que cette fois-ci, ça y est, tu es tout seul et tu pars faire le tour du monde ! »

Parlons maintenant de la campagne à venir…

« C’est un nouveau challenge. Avec un deuxième partenaire (K-line) en plus d’Initiatives et un nouveau bateau, il va falloir continuer à progresser tout en gardant les fondamentaux du projet. Mon équipe a un peu grossi, mais on reste sur les bases de la dernière fois. On va disposer d’un bateau plus récent, l’ancien Akena Vérandas d’Arnaud Boissières, sur lequel on a fait de gros travaux pour améliorer son potentiel. On a changé 8 mètres d’étrave comme Jörg Riechers l’avait fait sur l’ancien Foncia de Michel Desjoyeaux. Toute l’étrave a été redessinée par le tandem VPLP – Verdier. »

Ta formation d’architecte naval a dû être utile…

« En fait, tout était déjà planifié, calculé. Je n’ai pas eu d’influence sur le dessin. Ma formation m’a juste permis de comprendre un peu mieux le pourquoi du comment. »

Tu as envisagé de mettre ton bateau à la nouvelle jauge ?

« On y réfléchit. Dans le principe, la nouvelle jauge va dans le bon sens. La quille monobloc, c’est une évidence. On ne peut plus se permettre de perdre des quilles comme ça. Pour le reste, on verra à l’issue de la Route du Rhum si c’est pertinent. Dans un projet comme le notre, il faut tout le temps faire l’évaluation du rapport entre coût et performance. On doit rester homogène. C’est aussi l’avantage que l’on a. Il nous reste encore deux ans avant le prochain Vendée Globe : ça nous laisse le temps de comparer, de peser le pour et le contre. Rien n’est figé… »

Ton équipe est constituée majoritairement d’anciens de la Mini Transat, ce n’est pas vraiment un hasard ?

« C’est mon vivier. Déjà, la base de l’équipe de 2012 est reconduite. Ensuite, il y a sûrement des manières de penser, d’aborder les difficultés qui nous sont propres. Au sein de l’équipe, tout le monde est très polyvalent, il y a de véritables affinités. Même si ce sont avant tout les compétences professionnelles des uns et des autres qui sont essentielles, je persiste à penser que nos origines communes nous apportent un peu de finesse de compréhension. Dans des projets aussi engagés, l’humain c’est un argument non négligeable. »

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