Le jour des saigneurs
Ça sent l’écurie en tête de course. En proto, Nico Boidevezi (ImaginAlsace) tient toujours la dragée haute à Giancarlo Pedote (Prysmian) et reste toujours un peu plus rapide sur une route au nord de l’orthodromie. En série Tanguy Le Turquais (Terréal – Rêves d’Enfance) possède une avance conséquente sur le reste de la flotte et peut commencer à envisager un podium au classement final. Ian Lipinski (Entreprises Innovantes) n’entend pas jeter sa part aux chiens et pourrait finir troisième au classement scratch de cette étape. Ces trois-là ont visiblement faim.
Au fil des jours, la litanie des petits et gros bobos ne cesse de grossir. Avec le démâtage de Charles Boulenger (Foksamouille), c’est le troisième concurrent victime de cette avarie après Olivier Jehl (Zigoneshi) et Davy Beaudart (Cultisol) dans la première étape. Plusieurs concurrents sont handicapés dans leur remontée vers les Sables d’Olonne, à l’instar de Patrick Girod (Nescens), Damien Cloarec (ETF – www.damien-cloarec.fr) ou bien encore Damien Audrain (EPC – Rêves de Clown). Problème de barre pour les deux premiers cités, barre de flèche en vrac pour le dernier. Et l’on peut aisément imaginer que d’autres concurrents n’ont pas voulu étaler leurs petites misères sur les ondes. La voie royale de la première étape a laissé place petit à petit à une métaphore sur la fragilité de la condition humaine.
Prédateurs
Dans ces conditions éprouvantes, certains n’ont pas d’états d’âme. Avec 70 milles d’avance sur Damien Audrain et 50 milles d’avance sur François Jambou (Kaïros), Tanguy Le Turquais peut même envisager de devenir le dauphin de Jonas Gerckens (Netwerk) au classement général de l’épreuve. François Jambou n’est pas non plus à l’abri d’une performance de Damien Cloarec. La troisième place pourrait se jouer à quelques minutes.
En proto, Nico Boidevezi semble bien décidé à réitérer sa performance de 2012 : victoire d’étape et deuxième place du classement général.
Il possède maintenant plus de 40 milles d’avance sur Michele Zambelli (Fontanot) qui était parti d’Horta nanti d’un matelas d’un peu plus de quatre heures sur son rival.
D’autres ont des appétits plus civilisés à l’image de Ludovic Méchin (Microvitae) qui prend clairement la mesure de sa machine et conforte sa quatrième place du classement prototype. Toujours en embuscade, le skipper méditerranéen sait que le temps joue pour lui. Il dispose d’un bateau rapide mais exigeant, il a l’assurance d’être suivi par son partenaire pour la saison 2015. Nul doute qu’il sera prêt pour la prochaine Mini Transat. De même, en série, Armand de Jacquelot (Enelos Communication) est encore en lutte pour finir sur le podium de cette étape retour : l’occasion de prendre date pour l’avenir.
A cet inventaire, il faut associer Ian Lipinski, particulièrement rapide ces dernières heures et qui, s’il pointe en cinquième position des protos, n’est surtout qu’à une dizaine de milles du leader des bateaux de série, sa véritable référence.
Chacun sa course
En queue de flotte, on est loin de ces considérations. L’objectif premier est avant tout de boucler le parcours du mieux possible. Si certains ont dû en rabattre du fait des avaries annoncées, d’autres ont décroché petit à petit de la tête de course. Jean-Marie Oger (ACEBI) est probablement aux prises avec des soucis techniques qui l’empêchent de tenir sa place dans le groupe de tête. De même Antonio Fontes (Leonor), auteur d’un début de course réjouissant s’est englué progressivement dans le ventre mou du classement.
Souci technique ou manque d’expérience du large en solitaire, on en saura plus à l’arrivée, mais le jeune navigateur portugais possède une marge de progression évidente compte tenu de son potentiel.
D’autres semblent avoir choisi de faire la course à leur rythme, tels Lizzy Foreman (Hudson Wight), Sébastien Pébelier (Mademoiselle Iodée) ou François Denis (So-boat.com). Ils rappellent ainsi que pour être classé, il faut déjà franchir la ligne d’arrivée. Plus à l’arrière encore, Daniel Zanardelli (Miss Dynamite) ou Julien Bozzolo (mariole.fr) ne peuvent évidemment rien faire pour contrer la marche en avant des furieux du groupe de tête. Pogo 1 et Super Câlin n’ont évidemment pas le potentiel des unités plus récentes. Ils sont à un peu plus d’une journée des leaders et arriveront quand ils le pourront. A l’impossible, nul n’est tenu.
Classement le 10 août à 17 heures (TU +2)
Séries
- Tanguy Le Turquais (Terréal – Rêves d’Enfance), à 512,7 milles de l’arrivée
- Damien Cloarec (ETF – www.damien-cloarec.fr), à 34,8 milles
- Jonas Gerckens (Netwerk), à 40,6 milles
- Armand de Jacquelot (Enelos), à 46,1 milles
- François Jambou (Kaïros), à 50,7 milles
Protos
- Nicolas Boidevezi (ImaginAlsace), à 430,1 milles de l’arrivée
- Giancarlo Pedote (Prysmian), à 5,9 milles
- Michele Zambelli (Fontanot), à 41,8 milles
- Ludovic Méchin (Microvitae), à 59,0 milles
- Ian Lipinski (Entreprises Innovantes), à 90,9 milles