Coup de mou
La chevauchée furieuse des premières heures de course a laissé la place dans l’après-midi à un temps mollasson où le vent fait subitement défaut. La mer est toujours présente entravant la bonne marche des bateaux, sous un ciel menaçant à l’approche d’un nouveau front. Pour la petite troupe en route vers Les Sables d’Olonne, il s’agit avant tout de ne pas se laisser imprégner par cette ambiance anémiante.
Pas question de se laisser aller à des régressions infantiles, de se glisser sous la couette à suçoter des Chupas Chups… Même si l’heure n’est pas à la franche rigolade, ni à la tonicité virile des dernières heures, les solitaires savent qu’ils doivent profiter de ces moments pour être actif, procéder à une inspection générale de leur voilier, effectuer quelques travaux d’entretien, en profiter pour recharger les accus, manger, dormir. Bref ! L’objectif est de rester dans sa course, de ne pas se laisser gagner à une morosité destructrice. Plusieurs ont laissé des plumes dans ces premières heures et l’ambiance doit être forcément studieuse sur nombre de bateaux. Ainsi Charles Boulenger (Foksamouille), après s’être maintenu en début de course dans le top cinq, a fortement régressé durant la nuit avant de s’arrêter quelques heures, probablement pour réparer une avarie.
Maudite bastaque
Il n’est pas le seul à avoir subi les affres d’une navigation sur le fil du rasoir. Olivier Jehl (Zigoneshi), arrivé à Terceira, a joint la direction de course pour raconter son démâtage. Sous spi médium, le bateau a enfourné par deux fois. Arrêté net, spi gonflé, c’est la bastaque qui a lâché provoquant le bris du mât entre les deux barres de flèche. Parvenu sous gréement de fortune à Terceira, Olivier a mouillé devant le port, dans l’attente d’un remorquage par un des bateaux de service de la marina. Il est maintenant à quai.
Le navigateur concarnois envisage de manchonner son mât carbone avant de repartir par ses propres moyens vers son port d’attache. D’autres ont subi des avaries : spi déchiré pour Benoît Verbeke (Parc Naturel de la Vallée de Chevreuse), problèmes de palan de quille pour Maxime Eveillard (Loukoum’ Mama), souci de fixation de barre pour Damien Cloarec (ETF – www.damien-cloarec.fr), problème de pilote pour Christophe Fialon (Oryx). D’autres navigateurs ont subi des casses, mais ce sont des soucis véniels en comparaison.
Série, la preuve par neuf
En série, Tanguy Le Turquais (Terréal – Rêves d’Enfance) continue de mener la danse devant un Patrick Girod (Nescens) qui s’est refait un moral tout neuf aux Açores et a retrouvé du même coup sa vitesse du début de saison. Derrière eux, Damien Audrain (EPC – Rêves de Clown) et Antonio Fontes (Leonor) ne se lâchent pas d’un safran, même si le navigateur portugais avouait être vraiment fatigué. La bonne gestion de la navigation en solitaire est peut-être encore la seule arme qui manque à sa palette.
Sixième derrière François Jambou (Kaïros), Jonas Gerckens (Netwerk) doit avant tout veiller à ne pas perdre trop de terrain sur Damien Audrain : cinquante minutes d’écart à l’échelle d’une étape de ce calibre, ce n’est pas vraiment une marge de sécurité confortable. Ils sont encore neuf à se tenir en dix milles, Hervé Aubry (Voilerie HSD) fermant la marche de ce groupe des prétendants au podium.
Protos, Nico Boidevezi veut manger al dente
En prototypes, les rangs se sont clairsemés. Nicolas Boidevezi (ImaginAlsace) continue de faire son numéro en tête de course. Son retard sur Giancarlo Pedote (Prysmian) lui interdit théoriquement tout espoir de victoire au classement général, mais il reste encore de l’Italien au menu. Et Michele Zambelli (Fontanot) semble une proie plus accessible. A noter la belle course de Ian Lipinski (Entreprises Innovantes) sixième, mais surtout bord à bord avec les hommes de tête du classement série. De bon augure pour le devenir de son Ofcet qui devrait rejoindre les bateaux de série dès l’an prochain. Cette nuit, la machine à vent devrait reprendre du service… aux acteurs de cette étape de trouver, eux aussi, leur second souffle.
Classement le 8 août à 17 heures (TU +2)
Séries
- Tanguy Le Turquais (Terréal – Rêves d’Enfance), à 924,5 milles de l’arrivée
- Patrick Girod (Nescens), à 2,7 milles
- Damien Audrain (EPC – Rêves de Clown), à 3,4 milles
- Antonio Fontes (Leonor), à 4,0 milles
- François Jambou (Kaïros), à 5,0 milles
Protos
- Nicolas Boidevezi (ImaginAlsace), à 869,6 milles de l’arrivée
- Michele Zambelli (Fontanot), à 14,6 milles
- Giancarlo Pedote (Prysmian), à 15,6 milles
- Ludovic Méchin (Microvitae), à 27,9 milles
- Fidel Turienzo (Satanas), à 34,1 milles