Port du casque obligatoire
Ça souffle depuis le départ et le ventilateur n’est pas près de tomber en panne. Les solitaires partis hier au soir de Horta alignent les milles avec voracité. Nicolas Boidevezi (ImaginAlsace) a, quant à lui, déjà parcouru plus de 200 milles en une petite vingtaine d’heures de course. En série, c’est Tanguy Le Turquais (Terréal – Rêves d’Enfance) qui a fait le trou devant un peloton de neuf furieux lancés à ses trousses. Ça fume sous les étraves, les écoutes de spi sont en surchauffe, quand les skippeurs tentent de trouver la bonne carburation entre vitesse obligée et risque de chute.
Pour l’instant, ça glisse et plutôt bien. Les solitaires en profitent pour enquiller des milles sous la quille, car les conditions pourraient devenir plus difficiles à négocier dans les heures à venir avec le premier passage d’un front froid qui devrait générer de fortes variations des vents et le début d’une mer croisée. L’état de la mer, ce sera peut-être le paramètre le plus délicat à négocier dans les jours à venir, notamment au large des côtes espagnoles et portugaises, le week-end prochain.
Casques d’or
Pour l’heure, ils sont impeccables dans leur rôle de leader. Nicolas Boidevezi confirme sa réputation d’aimer la brise au point de posséder vingt milles d’avance sur ses poursuivants immédiats. Lors de l’édition 2012, il avait remporté l’étape retour grâce à une conduite audacieuse dans la brise. On imagine que l’Alsacien de La Rochelle aimerait bien rééditer ce coup gagnant. En série, Tanguy Le Turquais, qui possède un peu moins de dix milles d’avance sur ses adversaires directs, voudra montrer que son classement de la première étape n’est qu’un accident.
Casque intégral
C’est sûrement l’équipement le plus adapté pour ces hautes vitesses. Car derrière les deux leaders, personne n’amuse la galerie. En série, Damien Audrain (EPC – Rêves de Clown), deuxième devrait mettre un peu plus de pression sur les épaules du leader provisoire au classement Jonas Gerckens (Netwerk). Ils sont neuf à s’accrocher à la tête de flotte à moins de 12 milles du leader : on y retrouve les habitués des places d’honneur mais aussi quelques outsiders qui voudraient bien faire table rase des errements de la première étape. Antonio Fontes (Leonor) mène une meute où des favoris comme Damien Cloarec (ETF – www.damien-cloarec.fr) côtoient quelques jeunes régatiers aux dents longues comme Patrick Girod (Nescens) à la vitesse retrouvée ou bien Armand de Jacquelot (Enelos Communication) qui, tout en discrétion, se taille de plus en plus souvent sa place parmi les outsiders.
En prototypes, Giancarlo Pedote (Prysmian) pointe à vingt milles de Nicolas Boidevezi, mais sur une route plus éloignée de l’orthodromie ; c’est un écart qu’il faut donc relativiser. D’autres font preuve d’un bel acharnement comme Fidel Turienzo (Satanas) qui se hisse à la deuxième place sur son proto de 2001.
Casque à pointe
C’est l’heure des désillusions pour Olivier Jehl (Zigoneshi), auteur d’une très belle première étape. Pour lui, la course est terminée. Il se dirige sous gréement de fortune vers l’île de Terceira où il sera pris en charge par les autorités de la marina qui suivent son parcours en liaison constante avec la direction de course et Armando Castro, le directeur de la marina d’Horta. Nolwen de Carlan (Reality) n’est pas passée loin de la correctionnelle. Elle a fait le choix de revenir sur ses pas pour réparer et disposer d’un bateau possédant tout son potentiel. Il reste encore cinq jours de course et d’autres concurrents pourraient voir leur progression ralentie par des avaries diverses.
Casques bleus
Pendant que tout ce petit monde se jauge, guerroie, les bateaux accompagnateurs voient leur mission d’assistance prendre une nouvelle dimension. Il faut rester à l’affut des consignes de la direction de course, donner des informations claires et circonstanciées sur les conditions météo, l’état de la mer, le moral des troupes… Jubilation de Fabien Sellier a ainsi fait demi-tour pour accompagner Nolwen de Carlan jusqu’à Horta, de manière à ce que la navigatrice ne se retrouve pas isolée en arrière de la flotte. Chiens de garde bienveillants, les bateaux accompagnateurs sont les oreilles de la direction de course mais aussi la garantie que personne ne restera en rade entre Les Açores et la Vendée. Quitte à pratiquer une zigzagodromie secourable.
Classement le 7 août à 17 heures (TU +2)
Séries
- Tanguy Le Turquais (Terréal – Rêves d’Enfance), à 1076,0 milles de l’arrivée
- Damien Audrain (EPC – Rêves de Clown), à 7,5 milles du premier
- Antonio Fontes (Leonor), à 7,8 milles
- Charles Boulenger (Foksamouille), à 9,4 milles
- Jonas Gerckens (Netwerk), à 10,4 milles
Protos
- Nicolas Boidevezi (ImaginAlsace), à 1055,6 milles de l’arrivée
- Fidel Turienzo (Satanas), à 19,4 milles
- Michele Zambelli (Fontanot), à 19,9 milles
- Giancarlo Pedote (Prysmian), à 20,0 milles
- Ludovic Méchin (Microvitae), à 22 milles