Compteurs à zéro… ou presque
Tous ont profité largement de l’escale aux Açores. Entre les traditionnelles balades autour de l’île de Faial, le début des fêtes de la mer, moment incontournable de la vie sur Horta, les Ministes ont passé beaucoup de temps ensemble. Entre les apéros pontons, les virées des uns au sommet du Pico, les éternelles discussions sur les mérites d’une voile ou d’une route, les uns et les autres ont appris à s’apprécier…
Il faut avoir assisté à une remise des prix à Horta pour avoir une idée de l’investissement des Açoriens, prêts à se mettre en quatre pour laisser un souvenir impérissable aux coureurs des Sables – Les Açores – Les Sables. Pour ce moment un peu solennel, il faut un cadre : ce sera l’ancienne usine à baleines de l’île. Mais il faut aussi faire bombance : un cochon entier grillé à la broche fera l’affaire, ainsi que légumes, fruits et boissons à volonté. Traditions obligent, la soirée s’est terminée chez Peter et pour certains jusqu’au bout de la nuit…
C’est aussi la qualité des Ministes de vouloir à tout prix concilier performance et bien vivre, quitte à flirter parfois avec les frontières du raisonnable.
A terre, certains caractères se révèlent : le sens de l’humour de l’un, la débrouillardise de l’autre capable de démêler n’importe quel problème insurmontable, l’aptitude du troisième à fédérer les volontés pour créer de vrais moments de convivialités. Au fil des heures, des affinités plus ou moins prononcées se font jour, une communauté se met en place. Le retour sur les Sables d’Olonne en portera les marques.
Une autre course commence
Pour les 32 solitaires encore en course, il s’agit maintenant de rentrer progressivement dans sa bulle. L’étape retour sera, bien sûr, chargée des moments vécus ensemble pendant une petite semaine sur Faial. Mais elle va peut-être permettre à certains d’exprimer autre chose. Il y a d’abord le cas des bizuths du large : à l’arrivée à Horta, ils étaient quelques uns à avouer qu’ils n’en menaient pas large au moment de larguer les amarres aux Sables d’Olonne. On peut faire le fier à bras sur le ponton : quand on se retrouve face à soi-même au moment de prendre le départ, il n’y a plus de paraître qui tienne. Pour tous ceux-là, le bizutage est terminé. Ils ont goûté au plaisir d’être seul en mer et tous ne rêvent que d’une chose : vivre encore de longues heures de barre, des levers de soleils magiques, des surfs sous spi, des remue-méninges stratégiques…
Un autre visage
Pour d’autres, cette course retour va surtout être l’occasion de montrer qu’ils valent mieux que leur classement de la première étape. On pense bien évidemment à Patrick Girod (Nescens) souvent aux avant-postes pendant l’avant-saison. De l’aveu même du navigateur suisse, il lui a fallu effacer le traumatisme de son échouement devant l’entrée de La Trinité sur Mer lors de la Mini en mai. Après près de trois mois de réparation du bateau, Patrick est arrivé fatigué, tendu, n’osant pas tirer sur le bateau comme il le faisait auparavant. C’était aussi sa première navigation hauturière. Du même coup, il a navigué en deçà de son potentiel… Antonio Fontes (Leonor) comme Fidel Turienzo (Satanas) paient une option sud affirmée jusqu’au bout… quand la solution se trouvait au nord. Idem pour Nicolas Boidevezi (ImaginAlsace) qui aimerait bien rééditer le coup de 2012 et remporter cette étape retour pour faire un rapproché au classement général.
Vient enfin le bataillon des déçus de la première étape à commencer par Tanguy Le Turquais (Terréal – Rêves d’Enfance), Damien Cloarec (ETF – www.damien-cloarec.fr) ou bien encore Hervé Aubry (HSD voiles) auteur d’une option nord assumée, hélas gâchée par une panne d’énergie qui a obligé le navigateur à barrer en permanence et accepter par moments de mettre son voilier à la cape pour dormir un peu : pas des conditions idéales pour la performance.
Tous espèrent des conditions météo qui permettront de creuser des écarts, afin de combler leur retard au classement général.
A priori, le flux d’ouest qui semble vouloir s’installer sur l’Atlantique pourrait contrarier leurs desseins. Restera dans ce cas, le souvenir d’une belle deuxième étape et la sensation du travail bien fait. Au final, un ressenti autrement plus important que la stricte exactitude froide des résultats.
Classement et temps de course de la première étape, après jury
Prototypes
- Giancarlo Pedote (Prysmian), 6j 22h 53mn 30s
- Michele Zambelli (Fontanot), 7j 06h 49mn 00s (pénalité de 13mn, plombage arraché), à 7h 55mn 30s
- Nicolas Boidevezi (ImaginAlsace), 7j 11h 06mn 13s (bonification de 30mn, assistance), à 12h 12mn 43s
- Ludovic Méchin (Microvitae), 7j 19h 19mn 51s, à 20h 26 mn 21s
- Olivier Jehl (Zigoneshi), 7j 19h 45mn 27s, à 20h 51mn 17s
Série
- Jonas Gerckens (Netwerk), 7j 17h 59mn 05s
- Damien Audrain (EPC – Rêves de Clown), 7j 18h 48mn 15s, à 49mn 10s
- François Jambou (Kairos), 7j 19h 49mn 00s, à 1h 49mn 55s
- Tanguy Le Turquais (Terréal – Rêves d’enfance), 8j 02h 06mn 17s, à 8h 07mn 10s
- Damien Cloarec (ETF-www.damien-cloarec.fr), 8j 05h 17mn 59s, 11h 18mn 54s