La révolution multicoque

Après l’Ecume de Mer (1978), le First 30 (de 1979 à 1981), le Rush Royale(1982 et 1983), le Sélection 37 (de 1984 à 1991), le JOD 35 (de 1992 à 1998), le Farr 30 (de 1999 à 2010) et le M34 (de 2011 à 2014), c’est le Diam 24 qui sera dès l’été prochain le support du Tour de France à la Voile. Dans la droite ligne des bateaux précédents, le Diam 24 est un monotype. C’est une vraie révolution qu’a choisi d’opérer A.S.O puisque le Diam 24 est un trimaran de 7.25 mètres. Dessiné par le cabinet VPLP et construit à Port La Forêt par Vianney Ancelin, ce sport boat a déjà séduit de nombreux grands marins français depuis son lancement officiel, lors du dernier Salon Nautique de Paris. Un circuit a même été lancé cette année avec différents rendez-vous dont le Grand Prix Guyader, le Grand Prix de l’Ecole Navale, le Raid Emeraude de Saint Lunaire. François Gabart, Vincent Riou, Bernard Stamm, Lionel Lemonchois, Bruno Jourdren ont fait partie des premiers séduits par ce multicoque.

Un budget maitrisé pour un accès facilité à l’épreuve

Le Tour de France à la Voile a besoin d’un nouveau souffle. A.S.O a mené pendant plusieurs mois une large consultation auprès d’acteurs du milieu voile (skippers, équipiers, managers de projets, institutions, partenaires) avec comme priorité de respecter trois impératifs. D’abord, la volonté de proposer un bateau qui permette de revoir considérablement le budget de participation à la baisse. Ensuite, d’utiliser comme support du Tour de France à la Voile un bateau déjà commercialisé même si récent. Enfin, d’aller vers un monotype rattaché à un circuit, c’est-à-dire un bateau ayant une existence en dehors du Tour de France à la Voile. « Nous avons souhaité partir d’une feuille totalement blanche pour nous laisser un maximum d’opportunités, en ne nous interdisant rien. Le budget de participation à l’épreuve est rapidement apparu comme un point central, tout comme les aspirations de nombreux coureurs à évoluer sur du multicoque, offrant plus de vitesse et de spectacle. Le Diam 24, qui coûte aux environs de 55 000 euros TTC prêt à naviguer, soit trois fois moins cher que le M34, répond entièrement à cette double problématique. Il présente un positionnement budgétaire idéal, permettant de rassembler un large panel d’équipages, des amateurs à de grands noms de la Voile. Ces derniers ont ainsi l’opportunité de naviguer sur un projet complémentaire à leurs objectifs principaux, sur un événement qu’ils apprécient, et qui offre à leurs partenaires de belles possibilités d’activations multi-locales tant sur le Village qu’en terme d’hospitalités VIP, le Tour de France à la Voile présentant par essence un large maillage du territoire via son format de Tournée d’été ». a annoncé Jean-Baptiste Durier ce matin à Nice.

A la rencontre du public

Le Diam 24, support fun, rapide et spectaculaire, permettra aussi de s’assurer plus de proximité avec le public. Et c’est l’une des lignes directrices de l’action d’A.S.O depuis que le groupe a racheté le Tour de France à la Voile en 2012. L’arrivée du multicoque nécessite de repenser notamment le volet sportif : les parcours techniques alterneront avec de grands runs de plusieurs dizaines de milles. L’occasion de renforcer la dimension « spectacle » du Tour de France à la Voile. La volonté reste de construire un parcours autour de points iconiques du littoral français comme l’ont été cette année Le Château du Taureau à Roscoff ou l’île de Porquerolles pour l’étape de Hyères. « Nous alternerons deux types de régates dans les villes-étape. Des parcours côtiers, en Jour 1, que nous pourrons adapter en fonction des conditions, et qui permettront de continuer à mettre en valeur les merveilles de notre littoral, et des régates techniques beaucoup plus courtes en Jour 2, qui s’enchaineront au sein d’un stade nautique. Nous avons non seulement la volonté de rapprocher le spectacle de la terre et du public mais aussi de créer l’animation qui permettra à ce public de comprendre ce qui se joue sur l’eau avec un environnement sonore et visuel très travaillé. Le multicoque plait car il peut être extrêmement spectaculaire. C’est aussi ce qui a guidé notre choix » complète le directeur du Tour de France à la Voile. Le Diam 24 sera mené par 3 à 4 équipiers et pourra être sorti de l’eau et démonté en une heure seulement. Une logistique adaptée à l’itinérance du Tour.

Des grands noms et des amateurs, l’ADN du Tour de France à la Voile

Les équipages du Tour de France à la Voile ont reçu de manière enthousiaste l’arrivée du Diam 24. Ils savent que dans la continuité du large redéploiement opéré sur le pilier « vie à terre » depuis deux ans (forte densification du Village Animations, création d’une caravane publicitaire et d’un pôle d’animations sur les plages), c’est l’occasion de relancer la dynamique sportive d’un événement auquel ils sont particulièrement attachés. Des personnalités de la voile qui n’ont pas participé à l’épreuve depuis de nombreuses années pourraient entrevoir leur retour le long du littoral français à l’image de Michel Desjoyeaux, François Gabart, Armel Le Cleac’h ou Vincent Riou qui a tout remporté cette année sur le circuit Diam 24. « L’avenir de la voile de manière globale, c’est le multicoque. J’en suis intimement convaincu » explique enthousiaste François Gabart. De son côté, Michel Desjoyeaux imagine très bien à quoi ressemblera le Tour version 2015 : « L’objectif, c’est d’avoir plus de bateaux et plus de marins ! Le Diam 24 répond aussi à une souplesse nécessaire dans une épreuve itinérante le long de nos côtes françaises, en tenant compte des impératifs de timing d’animations aux escales ! ».
De leurs côtés, les amateurs regardent d’un œil très intéressé la série qui devrait connaître un fort développement cette année. Paul Adam, Président de la Ligue Haute Normandie à l’origine du projet M34 Normandy-Acerel, vainqueur cette année chez les amateurs, soutient l’évolution du Tour : « Le Tour de France à la Voile avait besoin d’un coup de jeune. On va vers une voile plus attractive qui devient un spectacle pour le grand public. On abaisse les conditions financières donc cela va favoriser le retour de petites équipes. »
Ce changement de support implique une approche différente de l’épreuve tant sur la construction du parcours que sur l’organisation générale. A.S.O va s’atteler dès à présent à construire ce que sera le Tour de France à la Voile 2015. « C’est un projet raisonné et raisonnable » résume Jean Le Cam.
Dès le Nautic, le parcours sera dévoilé. Le rendez-vous de Paris sera aussi l’occasion de révéler une partie des engagés car l’enjeu est bel et bien de pouvoir proposer un plateau densifié, rassemblant différentes « familles » de la Voile avec une flotte composée de coureurs issus d’horizons très divers, de noms médiatiques à des experts de l’olympisme, d’équipiers professionnels à des amateurs éclairés. Le Tour de France à la Voile est en marche vers son avenir sur trois coques !

Les mots de :

Michel Desjoyeaux skipper :

« Le Tour est une référence dans la voile française en équipage, qui a permis à beaucoup de jeunes d’évoluer vers le haut niveau, puis de faire carrière.
Le multicoque fait très clairement partie de la culture nautique et technologique française, qui se développe enfin à l’international !
C’est une très bonne chose de marier les deux pour relancer la dynamique de ce grand événement. L’objectif, c’est d’avoir plus de bateaux et plus de marins ! Le Diam 24 répond aussi à une souplesse nécessaire dans une épreuve itinérante le long de nos côtes françaises, en tenant compte des impératifs de timing d’animations aux escales ! »

Vincent Riou, skipper du monocoque 60’ PRB :

« Le Diam 24 est un support vraiment fun, sportif, léger qui dépote ! Il y va y avoir du spectacle. Je voulais trouver un autre support en plus de mon 60’. C’est un projet facile à mettre en œuvre avec le Diam 24. La série ne fait que démarrer mais elle attire déjà du beau monde. Et puis le Tour de France à la Voile est une sorte d’institution. Je pense que le Diam 24 peut donner une nouvelle dynamique à l’épreuve. C’est un très beau projet que de faire le Tour en multicoque. C’est une idée qui m’enthousiasme beaucoup ! »

Daniel Souben, skipper de Courrier Dunkerque 3, vainqueur du Tour de France à la Voile :

« Nous sommes dans une période où le Tour rencontre quelques difficultés malgré la qualité du plateau et l’excellent retour médias. Nous manquons d’équipes. Il ne faut pas refuser d’évoluer. La solution retenue devrait permettre à beaucoup d’équipes de venir et va favoriser le mélange professionnels et amateurs. Ce sera un tour différent car nous perdons les offshores. Mais cela va aussi amener des compétiteurs nouveaux et notamment une jeune génération et des personnes issues du multicoque. L’arrivée du Diam 24 est bénéfique tant du point de vue de la communication que d’un point de vue budgétaire. Je n’y vois que du positif. Il faut que tout le monde s’y retrouve. Ce qui est proposé vaut le coup d’être tenté. »

François Gabart, skipper de Macif :

« J’ai fait mon premier tour en 2002 ou 2003 à l’époque où je faisais aussi du Tornado. Le Tour, cela a été pour moi la découverte du large, les régates de nuit, la navigation dans les courants, les passages dans les raz. Mais je trouvais que l’on se trainait un peu sur nos monocoques. Je m’étais dit à l’époque que ce serait top de faire ça avec des petits multicoques ! Donc je pense que l’évolution du Tour de France à la Voile est très très positive. L’avenir de la voile de manière globale, c’est le multicoque. J’en suis intimement convaincu. J’ai acheté un Diam 24 bien avant de savoir qu’il allait devenir le nouveau bateau du Tour. C’est un excellent bateau, très accessible non seulement budgétairement mais aussi en termes de maniement. C’est un bateau sur lequel beaucoup de personnes pourront prendre du plaisir. Cela va rendre le tour plus populaire non seulement en termes de public mais aussi au niveau des participants. Le mélange, c’est la force du Tour ! »

Philippe Presti, double vainqueur de la Coupe de l’America avec Team Oracle (coach cellule arrière) :

« Cela devenait un peu pénible de voir le Tour de France à la Voile avec si peu d’engouement. Pour moi, le Tour a été fabuleux. Je venais du Finn et découvrais la régate en équipage, les navigations de nuit. C’est dommage d’avoir perdu les amateurs, les étudiants… Donc c’est une super idée de faire le Tour en multicoque. Cela devrait relancer la machine. On surfe sur la vague multi, c’est une bonne évolution. Le bateau est facile, safe et accessible. Il correspond au cahier des charges que s’étaient fixés les organisateurs. Cela devrait permettre d’amener une autre population sur le Tour. Au-delà du haut niveau, l’objet du tour est de créer la dynamique pour amener des gens vers le bateau à voile. Je suis sûr que tout le monde s’adaptera au support et prendra du plaisir ».

Billy Besson, membre de l’Equipe de France de Voile Olympique en Nacra 17 :

« L’arrivée du Diam 24 sur le Tour de France à la Voile est intéressante. Je connais l’épreuve pour y avoir participé en Farr 30 il y a quelques années. Ce changement est énorme mais très positif. Le multicoque grandit partout en France et à l’international. Il n’y a qu’à regarder la Coupe de l’America. Donc c’est une évolution qui suit l’ère actuelle. Je pense aussi qu’ajouter du spectacle sur le Tour de France à la Voile est une bonne chose. Avant, nous partions au large et le public nous voyait juste à l’arrivée dans les ports. Là, cela va permettre de mettre les parcours tout près des côtes. Tout le monde va pouvoir en profiter et se passionner pour ces régates. Le Nacra 17, est mixte obligatoirement ; si le Diam 24 peut ouvrir des portes aux filles, c’est très bien. C’est quelque chose à approfondir. Je vais le proposer à Marie (Riou, sa coéquipière en Nacra 17, ndlr), c’est une bonne idée ! »

Jean Pierre Champion, Président de la Fédération Française de Voile :

« C’est plus qu’un changement de support, c’est un changement de format. Je comprends les choix d’A.S.O. C’est une bonne formule pour la promotion de la voile en compétition. Ce sont des régates qui vont parler au public et qui sont facilement explicables. La formule actuelle du Tour de France à la Voile relève de la course au large. C’est une épreuve majeure de la voile française et ça va le rester évidemment. Nous avons une filière de formation des jeunes qui passait par le Tour de France à la Voile. On voit tous les bénéfices de cette filière notamment sur la Volvo Ocean Race sur laquelle naviguent régulièrement des skippers et des équipiers français. Nous allons réfléchir et travailler pour trouver des épreuves pour suppléer le Tour de France à la voile sous son ancienne formule. Quant au Diam 24, c’est dans l’air du temps. C’est un bateau excitant qui va plaire à beaucoup de compétiteurs. Le bateau n’est pas défini en termes de jauge. Il va falloir cadrer les choix si on ne veut pas avoir d’évolutions non-contrôlées, puisque le choix de ce support répond aussi à une volonté de maîtriser les coûts. »

Eric Hainneville, Président de la Classe Diam 24 :

« En tant que président de la classe, l’arrivée du Diam 24 comme support du Tour de France à la Voile génère du stress. Car la barre est mise très haute dès le début. Nous avons une volonté de ne pas décevoir, d’être à la hauteur. En tant que navigant, c’est un super projet. Je trouve que c’est une reconnaissance du multicoque comme un vrai support de navigation. Le multi demande de vraies qualités de navigation. La Coupe de l’America nous a bien aidés pour cette reconnaissance. Avec Vianney Ancelin, nous voulions un bateau à sensations, avec un prix raisonnable, simple et accessible à tous. Nous ne voulons pas courir après la surenchère. Et c’est un vrai challenge. Le bateau va permettre de faire venir d’autres profils de navigants aux côtés des pros. Cela va donner une autre dimension au Tour de France à la Voile. Je trouve que c’est un défi génial. Il y a une confiance mutuelle entre nous les coureurs, la classe et l’organisateur. »

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