Arrivé vendredi dernier 23 mai à New York, le Maxi Trimaran Solo Banque Populaire VII a pris ses quartiers dans la Marina de Brooklyn South et débutera en début de semaine prochaine son stand by en vue d’une tentative de record de l’Atlantique Nord en solitaire. Armel Le Cléac’h et 5 hommes d’équipage présents sur le convoyage (Ronan Lucas, Pierre-Yves Moreau, Florent Vilboux, Yvan Joucla et Christopher Pratt) ont rallié la « Grande Pomme » depuis Lorient en seulement 8 jours. Ils ont mis à profit les conditions météo diverses rencontrées pour valider nombre de points techniques d’importance, en vue de la grande aventure en solitaire programmée dans l’intervalle des deux mois à venir. Armel découvre pour la première fois et avec bonheur la ville-qui-ne-dort-jamais. Le travail d’observation météo a débuté, en étroite collaboration avec le navigateur-routeur Marcel van Triest. Grande inconnue cette année dans l’approche de ce prodigieux défi, l’évolution des glaces qui sévissent encore en nombre du côté de Terre-Neuve, et qui pourraient singulièrement restreindre les options de départ.

Un convoyage aussi efficace que studieux

C’est un Armel Le Cléac’h tout à l’émerveillement des mille et une surprises de New-York qui entre avec méthode dans la préparation de sa tentative de record de la traversée de l’Atlantique en solitaire détenu depuis l’an passé par Francis Joyon et son maxi trimaran Idec (5 jours, 2 heures et 56 minutes). « Nous mettons en place notre organisation en vue du record », explique sereinement Armel. « Le Maxi Trimaran Solo Banque Populaire VII est dans la Marina de Sud Brooklyn, précisément là où le Maxi Trimaran Banque Populaire V avait préparé son record de l’Atlantique Nord en équipage (juin 2009, record battu en 3 jours, 15 heures, 25 minutes et 48 secondes) ». Armel et ses équipiers ont profité à plein des 3 000 milles de convoyage pour poursuivre la mise au point in situ du multicoque géant. « C’est une satisfaction que d’avoir rallié New-York sans encombre », confie-t’il. « Nous avons connu des conditions de vent très variées, avec notamment de la brise lors des deux premières journées. Cela nous a permis de valider un certain nombre de modifications, de régler l’électronique, de réaliser quelques manœuvres lourdes en solo, et de tester au large une nouvelle voile qui sera très importante à la fois pour le record, et pour la Route du Rhum, le grand objectif de ma saison. C’est toujours bon de retrouver ainsi le large, que je n’avais plus pratiqué depuis le retour du record de la Route de la Découverte. » Le Team Banque Populaire, présent à New York, s’affaire depuis son arrivée à remettre Banque Populaire VII en configuration course pour un solitaire, « afin d’être fin prêt pour le début « officiel » du stand by le 2 juin », précise Armel.

Dans le coup physiquement…

Deux scenarii s’offrent à présent à Armel : « soit une fenêtre météo se présente à nous dans les tout prochains jours, et je pars en ayant pleinement récupéré du convoyage, au meilleur de ma forme car New-York est une ville très « physique », immense, où nous marchons beaucoup, en plus de nos déplacements à vélo. Le gros de ma préparation a été fait en France, et je n’ai pour l’heure qu’un travail d’entretien à effectuer. Soit le stand by doit se prolonger, dans ce cas je rentrerai à Lorient pour reprendre mon travail physique quotidien avec mon préparateur. La nuance résidera alors dans la gestion de mon sommeil, qu’il faudra ménager en dormant dans l’avion vers les Etats-Unis, suivi d’une bonne nuit à New-York, soit un retour 36 heures minimum avant le grand départ. »

Les icebergs s’invitent sur la route du record

Depuis plusieurs semaines, et suite à l’hiver particulièrement rigoureux qui a baigné l’ensemble du continent Nord Américain, les équipes du Maxi Trimaran Solo Banque Populaire VII scrutent avec attention l’évolution des morceaux de banquise qui tardent à se désintégrer dans l’Atlantique Nord, et errent au large de Terre-Neuve.

« Le scénario de départ dépend de la situation des glaces », précise Armel le Cléac’h. « Les icebergs sont très présents sur la voie du record. La route directe n’est pour l’instant pas praticable. Reste l’option plus sud, suivie l’an passé par Francis Joyon, et que nous pourrions tenter à notre tour en fonction de l’évolution des dépressions descendues du Labrador. Si notre période d’attente devait se prolonger, avec l’arrivée de l’été, les glaces devraient s’évacuer de la route directe, et nous offrir de nouveau la possibilité de nous élancer sur une trajectoire la plus courte vers le Cap Lizard. L’idée étant comme d’habitude sur ce record, d’aller chercher la bonne dépression au large de Terre-Neuve qui nous accompagnera jusqu’en Angleterre. Naviguer sur un seul bord tout au long de la route, exploit réalisé par Banque Populaire V, est la condition optimum recherchée, garante d’une route la plus efficace possible. Il faut rester en avant de la dépression, dans du vent fort, de l’ordre de 25 à 30 nœuds, majoritairement orienté par le travers du bateau, et par dessus tout, sur une mer la moins agitée possible, car c’est bien la taille et la fréquence des vagues qui nuisent à la très haute vitesse sur ce type de trimaran de l’extrême. »

Armel Le Cléach s’est ainsi donné un créneau d’observation et de quête de ces conditions optimum sur cinq jours pour déclencher le départ. « Nous allons à partir de cette fin de semaine étudier très précisément avec Marcel van Triest la situation sur l’Atlantique la semaine suivante. Nos prévisions sont précises pour une période d’environ une semaine. Si quelque chose se dessine, on travaillera au quotidien afin de s’assurer que tous les éléments positifs sont réunis sur un laps de cinq jours. C’est ainsi que nous avons travaillé lors du record de la Route de la Découverte. C’est un travail d’échange et de partage à trois, avec Marcel, mais aussi Ronan Lucas et moi-même. Ronan connait parfaitement la mécanique des records, et sait réagir vite et bien pour profiter de la moindre possibilité et procéder rapidement aux ultimes préparations de départ… »

Objectif Rhum !

C’est aussi avec la Route du Rhum à l’esprit qu’Armel aborde ce nouveau challenge transatlantique ; « La moyenne à tenir sur le record est la plus élevée, (23,30 nœuds NDLR) et ce défi se déroule dans des conditions de mer, de vent, de froid très difficiles. Le trafic maritime sur cette route est intense. On y rencontre du brouillard, des pêcheurs sur les Grands Bancs… il exige vraiment une vigilance de tous les instants du départ à l’arrivée. La barre est tellement haute qu’il ne se gagnera probablement qu’avec de faibles écarts, d’où l’impératif de demeurer concentré et réactif jusqu’au bout. C’est le plus mythique des records, un immense challenge. Nous nous donnons les mois de juin et juillet pour trouver l’ouverture. Nous ne partirons pas à n’importe quelle condition. L’objectif principal de la saison 2014 est la Route du Rhum. Il nous faut être de retour à Lorient fin juillet pour enchaîner sur la suite du programme, avec un chantier de préparation spécifique à la Route du Rhum. Nous ne nous mettrons pas en retard dans notre préparation. Si d’aventure aucune fenêtre opportune ne s’ouvrait, je partirais en équipage réduit pour une nouvelle transat d’entraînement, très intéressante dans la perspective du Rhum. »

Source

Articles connexes