En ce week-end pascal, tous les chemins mènent à Hyères, qui devient, le temps d’une semaine, le haut lieu de la régate au contact et le théâtre de l’ultime et cinquième étape de Coupe du Monde de l’ISAF (International Sailing Federation). Des conditions météo plutôt favorables, une organisation au cordeau pour ne rien laisser au hasard dans l’orchestration de cette compétition qui réunit l’élite mondiale avec une trentaine de médaillés olympiques sur les rangs : le décor est planté sous les meilleurs auspices pour les compétiteurs engagés, plus de 1200 dans les douze séries représentées. Une chose est sûre : va y’avoir du sport tout au long de cette ISAF Sailing World Cup Hyères – Toulon Provence Méditerranée, qui constitue une occasion privilégiée pour l’Equipe de France de continuer à monter en puissance dans la perspective des championnats du monde de Santander, en septembre prochain.

LA SOF (Semaine Olympique Française) qui a changé de nom en 2013 en même temps qu’elle recevait le prestigieux label ISAF, gage du niveau de qualité des régates sur l’eau, compte aujourd’hui parmi les classiques de la voile internationale. Depuis sa première édition en 1968, ce rendez-vous a ensuite très vite pris le virage de l’olympisme pour augmenter progressivement sa surface de jeu et accueillir un plus grand nombre de séries et de concurrents. Cette année, le plan d’eau se divise en six zones*. Autant de ronds où œuvrent des comités de course autonomes pour une semaine de compétition animée et rythmée par un programme initial qui prévoit entre deux ou trois manches quotidiennes selon les supports. Preuve s’il est en est que cette grande dame de la voile internationale n’a jamais été aussi jeune, et c’est avec fierté qu’elle porte quelques rides, laissées par les risées qui creusent son plan d’eau au fil des ans et des éditions.

Du mistral pour jeudi ?
Au chapitre de la météo, les prévisions s’accordent pour dire que les premiers jours doivent connaître des conditions propices à la régate au contact. Pas de gros coup de vent prévu à l’horizon de cette semaine, même si, incertitudes méditerranéennes obligent, il faudra peut-être composer avec du mistral à partir de jeudi. Météorologue de l’Equipe de France, David Lanier explique la situation qui domine ce dimanche, à la veille du début de la compétition. « Aujourd’hui, une perturbation arrive du Sud, elle a apporté un peu de pluie ce matin avant que le ciel ne se dégage et favorise l’installation progressive d’un vent synoptique de secteur « .

Une semaine de régates en trois temps
Voilà pour les grandes lignes. Mais au-delà de ces tendances, difficile d’oublier que la particularité du plan d’eau hyérois reste d’être entouré de terres. La presqu’île et les îles de Porquerolles, Port Cros et du Levant constituent autant de reliefs qui génèrent des effets de site, et caractérisent cette zone où les conditions peuvent changer du tout au tout d’un rond à l’autre. Associés aux légendaires caprices de la Méditerranée, ces phénomènes locaux n’ont pas leur pareil pour réserver leurs lots de surprises. De quoi pimenter le cours de cette compétition en trois temps avec d’abord la phase qualificative lundi et mardi, puis la phase finale avec la constitution de deux ou trois flottes (or, argent et bronze), et enfin l’incontournable Medal Race du samedi ouverte aux dix meilleurs de chaque série. C’est dire si l’intensité promet de monter crescendo toute au long de cette semaine.

L’Equipe de France en confiance
Un programme qui n’est pas pour déplaire aux membres de l’Equipe de France réunis dans la perspective de ce rendez-vous incontournable, qui occupe forcément une place à part dans leur calendrier de régates. « L’ambiance est sereine, et il tient à cœur à tout le monde de bien performer tout au long de cette compétition, c’est toujours sympa d’être à l’honneur », explique Guillaume Chiellino, directeur de l’Equipe de France. « Après les résultats obtenus récemment en Espagne, avec huit podiums dont trois médailles d’or, la plupart des athlètes sont en confiance. Pour la série des 470 en hommes, il s’agit de rebondir après le manque de résultats obtenus à Palma. Pour tous, l’objectif est de continuer à monter en puissance en vue des championnats du monde de Santander en septembre prochain. 50% des quotas olympiques s’y joueront, c’est un rendez-vous majeur qui ne laissera que trop peu le droit à l’erreur dans la perspective de Rio 2016 ». A noter qu’après leur performance en Espagne, les planchistes Charline Picon et Pierre Lecoq, qui ont beaucoup puisé dans leurs réserves physiques, ne viendront pas se mêler à la bataille sur le rond qui leur est réservé. Quant au tandem de filles engagé en 49er FX, il doit malheureusement déclarer forfait suite à une blessure sans gravité de la barreuse Sarah Steyaert. Julie Bossard, sa complice, n’en reste pas moins présente sur place pour jauger la concurrence et ne rien rater des régates toujours spectaculaires offertes par ce support aussi léger que toilé.

Les zones de courses et les séries représentées

  • Alpha : RS:X (hommes et femmes)
  • Bravo : 470 (hommes et femmes)
  • Charlie : Finn (hommes)
  • Delta : Laser (hommes) et Laser Radial (femmes)
  • Echo : 49er (hommes) et 49er FX (femmes)
  • Fox Trot : Nacra 17 (équipages mixtes), et les deux séries paralympiques 2.4 et Sonar

Les membres de l’Equipe de France présents à Hyères

FINN
Jonathan LOBERT (SNO Nantes/Equipe de France Militaire)
NACRA 17
Billy BESSON (SNO Nantes) / Marie RIOU (USAM Voile)
Moana VAIREAUX (YC Carnac) / Manon AUDINET (St Georges Voiles)
470 H
Pierre LEBOUCHER (ASPTT Nantes) / Nicolas LE BERRE (CN Plougerneau/ INSEP), Sofian BOUVET (SR Antibes) / Jérémie MION (SR Havre), Nicolas CHARBONNIER (YC Antibes – Equipe de France Douanes) / Achille NEBOUT (YC Mauguio Carnon)

49er
Emmanuel DYEN (CNV Aix les Bains – Equipe de France Douane) / Stéphane CHRISTIDIS (EV Cagnes sur Mer – Equipe de France Militaire)
Julien D’ORTOLI (YCPR Marseille) / Noé DELPECH (YCPR Marseille)
Mathieu FREI (SR Calédonienne) / Thibaut JULIEN (pas en EDF, mais remplace pour cette compétition Yann ROCHERIEUX)
470 F
Camille LECOINTRE (SR Brest / Equipe de France Militaire) / Hélène DEFRANCE (ASPTT Marseille)
Laser
Jean-Baptiste BERNAZ (CN Ste Maxime)
Laser radial
Mathilde DE KERANGAT (SR Rochelaises), Amélie RIOU (EV Locquirec)

Paroles de champions
Robert Scheidt, dit le « Roi » Scheidt, l’un des plus grands champions du dériveur solitaire. Ce brésilien de 41 ans cumule cinq médailles olympiques depuis le Jeux d’Atlanta en 1996 (deux d’or, deux d’argent et une de bronze), ainsi que neuf titres de Champion du Monde en Star et en Laser. Il participe à Hyères en Laser.
« C’est l’une des compétitions le plus importantes de l’année. Tout le monde est là, les meilleurs sont au rendez-vous et garantissent l’excellent niveau de la flotte, qui augmente de plus en plus. Sur chaque manche, la moindre petite erreur se paye cash et peut vous reléguer à la 15è place. Nous avons souvent des bonnes de conditions de navigation ici à Hyères. J’ai eu le temps de récupérer depuis la semaine de Palma. Je ne suis pas sûr que le vent soit au rendez-vous tout au long de la semaine, mais quoi qu’il en soit je donnerai le meilleur. »

Le Néo-Zélandais Peter Burling, 21 ans, médaillé d’argent à Londres et champion d’Europe de 49er en 2013 avec son équipier Blair Tuke : « Nous avons hâte que la compétition commence. Nous ne savons pas encore très bien quelles seront les conditions météo, mais c’est vraiment bien d’être présents ici. Nous avons bien marché à Palma, et nous allons essayer de faire pareil ici. Sur ce second rendez-vous européen, il s’agit de bien débuter les phases qualificatives pour continuer de progresser jusqu’à la Medal Race qui sera forcément très disputée. »

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