Dimanche à 13h00, les 15 équipages engagés dans la Transat AG2R LA MONDIALE s’élanceront en baie de La Forêt pour 3 890 milles de course en direction de Saint-Barthélemy (Antilles), via une marque de parcours à La Palma (Canaries). Les 30 navigateurs et navigatrices vont d’abord devoir s’amariner pendant les premières heures de navigation qui s’annoncent agitées… Départ des pontons demain à 11 heures.

Ce samedi après-midi, alors que le public affluait dans le village de la course, la plupart des marins avaient déserté les cockpits de leur Figaro Bénéteau 2 et les pontons de Concarneau pour se réfugier au calme. Au planning de la journée en cette veille de départ : repos, repas copieux, météo et stratégie pour aborder, la tête claire et reposée les premières difficultés de cette 12e Transat AG2R LA MONDIALE.

Entame musclée mais de courte durée

20 heures remuantes au près serré, une première nuit sans visibilité dans des rafales à plus de 30 nœuds, la traversée d’un front froid… Le début de la Transat sera technique, humide et émaillé de manœuvres (virements, changements de voile d’avant), avant la « récompense » qui pourrait arriver dès lundi dans la journée, lorsque les bateaux auront parcouru un petit tiers du Golfe de Gascogne : l’envoi du spi, pour une durée indéterminée.

Un côtier-spectacle

Sur le terrain, la réalité sera plus fine et plus complexe. Il faudra d’abord s’affranchir sans bobo du parcours côtier en Baie de La Forêt : 10,5 milles en régate autour d’une dizaine de marques à contourner, le tout dans un vent de sud-sud ouest d’une vingtaine de nœuds et un joli clapot. L’enjeu de cette mise en bouche n’est pas seulement de faire transpirer les marins et d’assurer un beau spectacle au large de Concarneau. Les concurrents savent qu’il est important de prendre un bon départ pour se positionner d’emblée en leader de flotte.

S’amariner, faire des choix

Dès la sortie de la baie de La Forêt, les duos devront naviguer face aux éléments et parer les cailloux aux abords de l’archipel des Glénan. Leur objectif : gagner dans l’ouest pour aller chercher un front froid qui prodiguera des vents de sud-ouest de plus en plus forts (rafales à 30 nœuds dans la nuit de dimanche à lundi) et une mer de plus en plus creuse (3 à 4 mètres de houle). « Ce sera humide par en haut (pluie) et par en bas (paquets de mer) » prévient Michel Desjoyeaux.
En même temps que la nécessité de s’amariner, viendra bientôt l’heure du premier choix stratégique : quand virer et plonger dans le sud après le passage du front, lundi, sachant qu’un anticyclone bloque au large du Golfe de Gascogne et qu’il faudra, à moyen terme, parer une dépression le long des côtes de la péninsule ibérique. Il faudra donc ajuster sa trajectoire entre l’ouest et le sud.

20 heures de près + 20 jours de spi ?

La bonne nouvelle dans tout cela, c’est que les spis seront hissés dès lundi et ce, peut-être, pour un long, très long moment. Les premières glissades au portant sur le versant sud de l’anticyclone seront rapides, voire musclées, avec plus de 30 nœuds de nord-est attendus mardi au passage du cap Finisterre. Première « cible » pour les 15 duos : l’île de La Palma, aux Canaries, où ils franchiront, après une semaine de course environ, une marque virtuelle. Puis, direction Saint-Barthélemy, 2 600 milles plus loin où le vainqueur de cette 12e édition sera sacré fin avril, après 20 à 25 jours de régate océanique.

LE CHIFFRE DU JOUR

  • 45, c’est le nombre de pains longue conservation qui seront distribués demain aux équipages (3 pains par bateau). Réalisés par les élèves de la section boulangerie du lycée Saint-Joseph de Concarneau, ces pains ont été cuits deux fois pour pouvoir être conservés 26 jours.

REPERES

  • Parcours côtier en baie de La Forêt : 10,5 milles (environ 1h30 de course)
  • 1 290 milles de Concarneau à La Palma aux Canaries (ligne virtuelle à passer au nord de l’île)
  • 2 600 milles entre La Palma et Saint-Barthélemy.

ILS ONT DIT

Michel Desjoyeaux, Bretagne Crédit Mutuel Performance :

[quote]On va gagner dans l’ouest pendant à peu près 24 heures, jusqu’à l’arrivée d’un front froid. Jusqu’au virement de bord, on sera mouillé par en bas et pas en haut, on va avoir jusqu’à 30-35 nœuds de vent peut-être 40 dans les rafales, au près bon plein. Après on plonge au sud, ça nous fait passer à l’extérieur du DST (dispositif de séparation de trafic, ndlr) du cap Finisterre. On descend sur une route à droite de la route directe. En fait, il y a une dépression très basse au large du Portugal, on va être obligé de la contourner par l’ouest. 

Ce sera du près avec un peu de vent, mais ça restera maniable. Il faudra faire des choix quand même, virer au bon moment. Et puis on descendra sous spi avec des petites bascules de vent. Le golfe de Gascogne, c’est toujours la première difficulté d’une transat avec parfois de la grosse mer… Après, il y a le cap Finisterre et une trajectoire à négocier. Ce n’est pas fini, car les Canaries, ce n’est pas une mince affaire ! Il faut aussi en sortir au mieux pour aller chercher les alizés le plus rapidement possible. Y’a du boulot quoi ![/quote]

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