S’il avait déjà éprouvé un immense sentiment de soulagement, jeudi soir, lorsque son équipe technique est arrivée à ses côtés à bord d’un remorqueur de 24 mètres, c’est la même émotion mais en encore plus grand qu’il a ressenti hier, au moment du coucher du soleil, lorsque son Maxi80 Prince de Bretagne s’est de nouveau retrouvé à l’endroit. Lionel Lemonchois, qui a passé, rappelons-le, pas moins de dix jours seul sur son trimaran retourné à la suite de son chavirage survenu le 27 janvier dernier à 800 milles au large des côtes brésiliennes par le travers de l’île Trinidad, peut donc se satisfaire d’avoir mené à bien une intervention pourtant délicate mais parfaitement orchestrée par l’ensemble de son team. A présent, il fait route vers Rio de Janeiro qu’il devrait atteindre d’ici à cinq jours. L’occasion de revenir avec lui sur ces 24 dernières heures pour le moins intenses.

Percer un des deux flotteurs (le tribord) ainsi que toutes les cloisons étanches afin de le remplir d’eau et de le couler puis installer des sangles et un poids de plusieurs tonnes sur le côté opposé afin de faire contrepoids pour retourner le bateau : voilà, pour résumer, comment Lionel Lemonchois et son équipe technique devaient procéder pour le retournement du Maxi80. Sur le papier, l’opération pouvait avoir l’air simple, pourtant dans les faits, elle pouvait se révéler particulièrement délicate. Reste que le team Prince de Bretagne l’avait parfaitement anticipée et préparée. En conséquence, il n’aura fallu qu’une dizaine d’heures à la petite bande pour boucler l’intervention. « Nous avons commencé dès le lever du jour. Nous avons réalisé une première tentative dans la matinée qui a avorté après que le bout sur lequel nous avions fixé les cinq tonnes de chaînes cède, mais dans l’après-midi, l’opération s’est déroulée exactement comme nous l’avions prévue. Le flotteur vide a tourné très lentement autour de la coque centrale avant de basculer et de se retrouver à l’endroit. Le tout en douceur et sans brutalité » a expliqué le skipper normand.

Une opération rondement menée
Résultat, à 17h30, heure française, le trimaran rouge et gris était de nouveau dans le bon sens. Dans la foulée, Lionel et ses hommes se sont attelés à vider toute l’eau contenue dans le flotteur tribord, le bras de liaison et la coque centrale. « Nous avons fini au sceau. C’a été très physique d’autant qu’avec la chaleur, être en action à l’intérieur du bateau avait un tout d’un véritable sauna ! Mais tout le monde s’est bien donné » a détaillé pour sa part Fred Le Peutrec. Après ça, lui et les autres ont procédé à un check-up complet de la plateforme avant d’entamer le remorquage et c’est au moment où le soleil a disparu sous la ligne d’horizon que l’embarcation brésilienne à mis les gazes pour débuter sa route retour vers Rio avec derrière elle, accroché à un long bout de 200 mètres de long, le Maxi80 Prince de Bretagne. « Actuellement, nous avançons à la vitesse de 6 nœuds. Le commandant de bord estime qu’il ne peut pas aller plus vite. La météo est plutôt bonne : entre 15 et 20 nœuds de vent et une mer d’alizé. Nous devrions donc arriver à terre dans cinq jours » a précisé Lionel avant de relater la drôle de mésaventure que lui et ses acolytes ont vécu tôt hier matin.

Une rencontre plutôt désagréable
Une histoire aussi incroyable qu’étonnante dont il ne préfère pas imaginer l’issue s’il avait été encore tout seul sur sa monture à l’envers. « Deux heures avant le lever du soleil, un cargo battant pavillon russe s’est approché de mon bateau. Il s’est arrêté à environ ¼ de milles. A bord du remorqueur, nous avons tenté de prendre contact avec lui par VHF afin de connaitre ses intentions mais il n’a pas répondu. A mon sens, il n’y avait aucune ambiguïté possible, il s’agissait d’un bateau pirate. Il est resté un long moment à observer, tentant visiblement de se positionner entre nous et le Maxi80. Il a fini par partir mais je ne veux pas penser au déroulement de la situation si j’avais été encore tout seul sur zone » a commenté Lemonchois, aujourd’hui doublement soulagé de l’issue de chavirage.

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