Equilibre précaire
Cinquième jour de course pour le maxi-trimaran Sodebo qui poursuit sa descente vers l’équateur dans des alizés bien établis. Un placement très à l’Ouest a permis cette nuit d’éviter les dévents des îles du Cap Vert et de conserver des vitesses moyennes de plus de 25 nœuds. Peu enclin aux bavardages nocturnes, Thomas a-t-il profité de ces conditions de glisse pour se reposer un peu ou au contraire faire avancer sa machine ? Une chose est sûre, si le marin vit sur le fil du rasoir, ses routeurs, eux, marchent sur des œufs face au scénario qui se joue dans l’hémisphère Sud.
Avec près de 520 milles parcourus sur les dernières 24 heures, Thomas Coville progresse sur son tableau de marche. « Cela ne se traduit pas encore sur l’écart avec son adversaire car la route de Francis Joyon était très proche de la route directe, or, notre positionnement à l’Ouest ne permet pas de gagner de milles sur Idec mais bel et bien de progresser vers l’équateur qui est notre premier objectif, » précise Thierry Briend.
Haute voltige sous les tropiques
Actuellement par 12° Nord, Thomas bénéficie d’alizés stables de 25 à 28 nœuds qui se maintiennent jusqu’à l’entrée du Pot-au-Noir situé par 5° Nord, soit à un peu plus de 400 milles devant l’étrave du maxi-trimaran. Du vent portant, des températures estivales (25C°), si la carte postale est idéale vue depuis la terre ferme, la conduite d’un trimaran de 31 mètres demeure sportive. La navigation au-delà de 25 nœuds nécessite une vigilance de tous les instants d’autant plus de nuit, lorsque, bien calé sur un flotteur, l’oiseau décolle à plus de 35 nœuds en pointe ! Une vie à plus de 60 km (faites l’expérience et passez la tête par la fenêtre de votre voiture) où la pression ne retombe jamais, où le moindre petit geste du quotidien prend de l’importance.
Vendredi à l’équateur
Si le skipper enquille les milles à la vitesse grand V, la cellule routage observe avec prudence le déroulé des jours à venir. En effet, le Pot-au-Noir ne subit pas l’effet d’écrasement habituel entre l’anticyclone des Açores et celui de Sainte-Hélène particulièrement peu actif pour le moment. La zone de convergence intertropicale, tant redoutée des marins, est donc positionnée très au Sud ce qui permet à Thomas de naviguer aujourd’hui dans des alizés encore établis. « Thomas commence à incurver sa route au Sud et s’attaque dès demain à un Pot-au-Noir où l’activité semble, pour l’instant, modérée. Les alizés devraient aussi l’accompagner assez bas, Thomas pourrait donc avoir moins de distance à parcourir dans cette zone imprévisible, » explique Thierry Briend. Un scénario qui devrait conduire le skipper de Sodebo à l’équateur vendredi avec un temps de course de 7 jours environ depuis la ligne de départ à Ouessant.
Interrogations autour de Sainte-Hélène…
En revanche, le fameux anticyclone s’étend très à l’Ouest. Le skipper de Sodebo va donc devoir faire le grand tour pour le contourner en conservant de la pression. Un passage à l’Est étant inenvisageable faute de vent. « Nous sommes dans l’incertitude car nos modèles météo divergent. Pour l’heure, les routages nous font longer les côtes brésiliennes de Recife à Rio ce qui allonge significativement la route, » ajoute le routeur qui demeure néanmoins optimiste quant à la possibilité de voir des évolutions dans les prochains jours.
Tableau de marche depuis le départ : pointage tous les jours à 6h45 UTC
Jour : Milles parcourus en 24h, vitesse moyenne, avance/retard avec le détenteur
- Jour 1 : 296 milles/24h, 13 nds, – 134 milles
- Jour 2 : 511 milles/24h, 21,4 nds, – 26 milles
- Jour 3 : 454 milles/24h, 19,5 nds, – 77 milles
- Jour 4 : 429 milles/24h, 21 nds, – 151 milles
- Jour 5 : 521,6 milles/24h, 24,9 nds, -147,46 milles
Situation le 22/01 (jour 5) à 13h UTC (14 heures françaises) :
- Distance parcourue depuis le départ : 2 812,90 milles (4 074 km)
- Distance parcourue en 24 heures : 518 ,9 milles
- Vitesse moyenne sur 24 heures : 25 nds
- Écart avec le détenteur : 155 milles de retard