La cadence s’accélère
Après 48 premières heures de mer délicates et stressantes, la faute à une houle de face et des vents relativement instables, le Maxi80 Prince de Bretagne et Lionel Lemonchois entament leur quatrième jour de navigation ce lundi après-midi, et profitent de belles conditions entre Madère et les îles Canaries pour cavaler à 25 nœuds de moyenne, engranger des milles et ainsi continuer d’augmenter leur avance (115 milles) sur leur adversaire virtuel, Francis Joyon, le détenteur du record de la Mauricienne depuis 2009.
Le rythme se prend, la cadence s’accélère
Si l’entame de ce record entre Port-Louis en rade de Lorient et Port-Louis dans l’archipel des Mascareignes a été un peu difficile à cause d’une grosse mer résiduelle de sud-ouest et des vents instables qui ont fortement sollicité le bateau et le bonhomme, depuis hier, la situation s’est nettement améliorée pour le Maxi80 Prince de Bretagne et Lionel Lemonchois. Joint par son équipe en fin de matinée, ce dernier ne cachait pas son soulagement et sa satisfaction de retrouver enfin des conditions plus maniables et davantage de confort. « Les deux premiers jours de mer n’ont pas été faciles. La machine souffrait beaucoup. C’était désagréable, voire dangereux parce qu’elle faisait de nombreuses envolées. A présent, ça va de mieux en mieux. Je commence à rentrer dans les alizés. Les températures augmentent, je peux donc enlever quelques épaisseurs et surtout mettre des vêtements secs. De plus, le bateau va vite. C’est super ».
A vitesse grand V
De fait, depuis hier, il a passé la surmultipliée. La preuve : le speedomètre de sa monture n’est pas descendu en dessous de 20 nœuds depuis 18 heures hier soir. Mieux, il flirte régulièrement avec les 30-32 nœuds dans les pointes. « Ca file bien et c’est tant mieux. Pour l’instant, je suis en train de contourner l’anticyclone des Açores par le sud. J’ai donc un vent qui ne fait qu’adonner et tourner. En conséquence, je vais devoir effectuer un empannage (NDLR: déclenché à 16h). Après, je mettrai cap au sud, directement vers l’ouest des îles du Cap Vert, avec un flux de plus en plus soutenu » a expliqué le marin qui a d’ores et déjà laissé dans son sillage l’archipel de Madère (aux alentours de deux heures ce matin) et les Canaries (cet après-midi) mais qui affiche, aussi et surtout, un matelas d’avance de 115 milles sur le tableau de marche de Francis Joyon réalisé en 2009.
En avance sur le temps de référence
« J’ai de l’avance et c’est tant mieux. C’est toujours plus intéressant d’être devant. Maintenant, il faut réussir à faire en sorte que ça dure mais je ne suis pas trop inquiet. Le bateau va bien. Je commence à bien récupérer. Je rentre doucement dans le rythme » a ajouté Lionel, spécifiant par ailleurs que si jusqu’ici il n’a rencontré aucun souci technique, il déplore toutefois le fait d’avoir traversé une nappe d’hydrocarbures dans le golfe de Gascogne. « La plage avant du Maxi80 Prince de Bretagne est pleine de pétrole. J’ai vraiment la haine contre ceux qui dégazent en pleine mer. C’est vraiment lamentable » a-t-il pesté. Et pour cause, choqué par le manque de civisme et l’impact désastreux sur le plan écologique d’un tel geste, Lionel Lemonchois, qui n’est pas équipé pour nettoyer sa monture d’une telle substance, n’a d’autre choix que de composer avec un pont particulièrement glissant. Reste que cela ne nuit pas à la performance de son bateau, ni à la sienne. Il se concentre donc pleinement sur le passage du Cap Vert prévu dans un peu moins de deux jours mais aussi sur celui du Pot-au-Noir programmé en fin de semaine.