C’est parti pour le Maxi80 Prince de Bretagne !
A 14 heures 52 minutes et 40 secondes, dans un vent de sud-ouest soufflant entre 13 et 15 noeuds, le Maxi80 Prince de Bretagne et Lionel Lemonchois ont franchi la ligne de départ du record de la Mauricienne, ralliant Port-Louis en rade de Lorient et Port-Louis dans l’archipel des Mascareignes. Pour faire tomber le chrono établi par Francis Joyon en 2009 (26 jours 04 heures 13 minutes et 29 secondes), ils devront donc arriver à l’île Maurice avant le mercredi 12 février à 19 heures, 05 minutes et 09 secondes. Le défi est lancé !
Après avoir retardé de quelques heures son départ afin de bénéficier d’un vent plus adonnant et donc d’un meilleur angle d’attaque, Lionel Lemonchois a quitté le ponton de sa base Lorientaise vers 14 heures pour rejoindre la ligne de départ de la Mauricienne matérialisée par la pointe de Gâvres et un way-point à deux milles dans son sud. « Au moment où on largue les amarres, il y a toujours un peu d’appréhension. C’est comme ça à chaque départ. Mais là, je ressens surtout une grosse envie de partir » lâchait le skipper normand en quittant le quai, pas mécontent de pouvoir exploiter une fenêtre météo favorable après un mois de stand-by. D’une part parce qu’elle est un peu celle de la « dernière chance » comme il dit, et d’autre part parce qu’elle offre la promesse de rejoindre l’équateur en moins de six jours. « C’est plutôt pas mal, surtout quand on sait que Francis Joyon avait mis une semaine pour passer dans l’hémisphère sud. Si je parviens à lui prendre un jour et demi dans le premier quart du parcours, c’est intéressant, c’est certain ».
Douze heures un peu complexes
C’est donc à 14 heures 52 minutes et 40 secondes qu’il s’est élancé à l’assaut ce record entre l’île de Groix et l’île Maurice, sous trinquette et grand-voile haute, dans une petite quinzaine de nœuds de sud-ouest et une mer relativement formée. Très vite, il devrait toutefois traverser une petite zone de molle avant de voir le vent tourner au nord-ouest en milieu de nuit. « Les douze premières heures s’annoncent un peu compliquées, au près à tirer des bords, avec des bascules de vents à négocier. Mais une fois que je serai dans le flux de nord-ouest, ça va filer » se réjouissait Lionel ce matin, se préparant, de fait, à une nuit délicate et ce, pour plusieurs raisons. « Les premières 24 heures sont toujours les plus difficiles car on n’est pas encore dans le rythme. On n’est pas suffisamment fatigué pour trouver le sommeil facilement. De plus, je vais devoir être attentif au trafic des cargos intense dans le golfe de Gascogne et je vais avoir un virement de bord important à effectuer entre minuit et deux heures du matin, lorsque le vent va basculer. Il sera important d’ouvrir les yeux, de voir s’il part à droite, s’il revient… Pour résumer, il va falloir être dans le bon timing pour manœuvrer. Ensuite, ce sera du tout schuss jusqu’aux Canaries, voire jusqu’au Cap Vert », a souligné le navigateur, ravi à la perspective de lâcher les chevaux au large du Portugal, et ainsi de tester sa monture.
Le record des 24 heures en bonus ?
« J’ai hâte de voir le comportement du bateau et de trouver une vraie cohésion avec lui » a, en effet, expliqué le marin qui souhaite, lors de cette tentative, fiabiliser sa machine et l’ensemble des systèmes du bord avant le coup d’envoi de la Route du Rhum le 2 novembre 2014. Et, pourquoi, s’offrir, en prime et pour commencer, le record des 24 heures (666,2 milles à la vitesse moyenne de 27,75 nœuds) dans le week-end. « C’est jouable s’il n’y a pas trop de mer. C’est une motivation supplémentaire mais pas un but en soi. On verra comment je sens le truc, mais le battre serait effectivement sympa » avouait le skipper de Prince de Bretagne qui espère avant tout passer sous la barre des 26 jours 04 heures 13 minutes et 29 secondes, le temps de référence de la Mauricienne. « Boucler les 8 000 milles du parcours en 23 jours me parait envisageable et raisonnable » a-t-il précisé.