Top départ pour Thomas Coville
Avec un vent de Sud-Sud Ouest de 15 à 20 nœuds et une forte houle à Ouessant, Thomas Coville a franchi la ligne de départ du record du tour du monde en solitaire en multicoque ce matin à 7h42’44’’ (heure française). Pour battre le record de 57 jours, 13 heures, 34 minutes et 6 secondes, détenu par Francis Joyon depuis 2008, le maxi-trimaran Sodebo doit être de retour avant le 15 mars à 21h15’50’’ (heure française).
Etre au bon endroit au bon moment. C’est tout l’enjeu de ce départ autour du monde aussi attendu que souhaité par le skipper solitaire qui guette depuis trois mois les conditions favorables pour sortir d’un Golfe de Gascogne balayé par des tempêtes successives. Le marin a d’ailleurs été contraint, hier soir, de décaler de quelques heures son départ du ponton pour laisser passer cette nuit un nouveau coup de vent qui rendait la manœuvre de port délicate.
Au-revoirs nocturnes
C’est à 3 heures du matin, sous la lueur de la Lune presque pleine, que le trimaran a quitté le port du Château. Sur le ponton brestois plongé dans l’obscurité, on pouvait distinguer les ombres de quelques irréductibles parmi lesquels la femme de Thomas et leurs deux enfants mais aussi les dirigeants de Sodebo qui accompagnent le marin depuis déjà 15 ans. Malgré la pluie et le vent, tous tenaient à saluer un skipper plus déterminé que jamais et très concentré sur son objectif. Thomas n’a pas trainé pour mettre le cap sur Ouessant. Trois de ses équipiers l’ont aidé à hisser la grand voile avant de débarquer à bord d’un semi-rigide devant le port de Camaret, situé à la sortie de la rade de Brest.
Sans transition
Le premier objectif du skipper consistait à couper la ligne avant que le vent ne faiblisse de trop sur la pointe Bretagne. Le maxi-trimaran s’est élancé au près face à un flux de 15-20 nœuds ce qui n’est jamais simple à proximité des côtes. Après un bord de dégagement pour s’écarter de Ouessant, Thomas mettra cap au Sud en tribord afin de traverser le thalweg (zone de vent faible) le plus bas possible dans le Golfe. Il attrapera alors enfin du vent portant de Ouest-Nord-Ouest. Il pourra accélérer et devra rester vigilant en raison des grains orageux prévus sur sa route.
Un tour du monde par les trois caps
Après la descente de l’Atlantique, le chasseur de record doit franchir le Cap de Bonne Espérance (pointe Sud de l’Afrique) puis le Cap Leeuwin (pointe Sud-Ouest de l’Australie) et enfin le mythique Cap Horn (Amérique du Sud) avant de remonter l’Atlantique pour revenir couper la ligne à Ouessant. Un contre la montre de 40 000 kilomètres (21 600 milles) considéré comme le plus engagé de la voile en solitaire. Seuls Ellen MacArthur, Francis Joyon et Thomas Coville l’ont déjà terminé sans escale.
Les mots de Thomas Coville avant le départ :
[quote]La fenêtre est tentante même si les 36 premières heures seront compliquées à gérer avec 12 à 14 heures contre du vent fort avant de traverser le front et de récupérer du vent d’Ouest-Nord-Ouest portant. Ensuite, ce sera une descente sportive dans du vent et de la mer.
Ce ne sont pas franchement les conditions rêvées. Partir de nuit au près dans de la mer formée et des creux de 5 à 7 mètres soit environ deux étages d’un immeuble, devient vite compliqué en solitaire sur un bateau de 30 mètres. Il fallait simplement choisir le bon moment pour éviter de se retrouver coincé dans la matinée à Brest où on annonce moins de 7 nœuds de vent.
Cela va être copieux mais je me dis que, dans quelques heures, le jour se lève et que je serai déjà en tribord dans le Golfe de Gascogne et ça sera parti. Là, il est tant qu’on y aille.
La situation est différente pour Lionel Lemonchois, skipper du Maxi80 Prince de Bretagne qui doit s’attaquer ce matin au record entre Port-Louis en France et Port Louis à l’Ile Maurice. En partant de Lorient (80 milles – 150 km au sud de Brest), Lionel devrait échapper à ce coup de mou attendu plus au Nord. [/quote]