Le naufrage avait eu lieu dans la nuit du 23 au 24 décembre dernier, après que Cheminées Poujoulat s’est cassé en deux, dans une vague, à l’avant des dérives. Bernard Stamm et son équipier Damien Guillou, qui ramenaient le 60 pieds à Brest après la Transat Jacques Vabre, avaient dû abandonner le bateau avant d’être récupérés par un cargo norvégien au coeur de la tempête Dirk. Le suisse avait vu sa monture s’enfoncer sous ses yeux et pensait, de fait, son 60 pieds perdu à jamais, gisant sur le fond à 200 milles de la pointe de Cornouaille et à 180 milles de son port d’attache. Puis voilà qu’avant-hier, un avion des douanes a repéré l’épave, dérivant entre deux eaux, à 14 milles dans le nord de l’île Vierge. Cheminées Poujoulat a donc refait surface. Le récit de Bernard Stamm.

Quelle a été votre réaction, lorsque vous avez appris que Cheminées Poujoulat avait été repéré ?

Je dois avouer que j’ai été un peu surpris. Au moment où Damien et moi nous sommes fait récupérer, il ne dépassait plus grand-chose du bateau à la surface. A ce moment-là, c’était curieux de l’avoir vu couler, mais c’est aussi très étonnant de le voir réapparaitre maintenant. Peut-être qu’il a perdu sa quille et que du coup il s’est retrouvé beaucoup plus léger… Je ne sais pas. Je le découvrirai demain en plongeant.

Comment s’est déroulée l’opération de remorquage ce samedi ?

Vers 7h – 7h15 ce matin, Philippe Legros, Ewen Le Clech et moi avons appareillé de l’Aber-Wrac’h à bord de la vedette de la SNSM « Présidents Joseph Oulhen ». Notre objectif était d’arriver au lever du jour aux abords de l’épave que nous savions à 20 milles au nord de l’Aber Wrac’h puisqu’hier, un plongeur de la Marine National avait été dépêché sur zone afin d’y déposer un marqueur (une balise GPS). Dans un premier temps, nous avons un peu tourné autour pour nous rendre compte de ce qui trainait dans l’eau, de son l’état… En clair, nous avons analysé tous les éléments nous permettant de déterminer la façon dont nous allions l’accrocher. Nous avons ensuite mis un zodiac à l’eau dans le but d’y débarquer Philippe et Ewen pour qu’ils y crochent des sangles. Après ça, nous l’avons remorquée par l’arrière, à 3 nœuds jusqu’à l’Aber Wrac’h. Au total, l’opération a duré une douzaine d’heures.

Où se trouve Cheminées Poujoulat ce soir ?

Il est amarré sur le coffre de la SNSM et est balisé par des flash lights. Ainsi, il est sécurisé. A présent, nous avons un peu de préparation. Pas mal de boulot en perspective.

Quel est donc le programme des prochains jours ?

Avant toute chose, comme je l’ai dit, il faut plonger. Je vais donc le faire demain au moment de l’étale – moment entre deux marées où le courant est nul -, c’est-à-dire en milieu d’après-midi. Cela va me permettre d’inspecter le bateau et de faire un état des lieux de la bête. En fonction de ça, je pourrais préparer l’enlèvement et le transfert de l’épave jusqu’à notre base à Brest. Pour l’heure, ce sont les mortes-eaux. Ce ne sera donc pas facile de parvenir à la mettre sur une cale. Voilà pourquoi il est important de bien étudier les choses si nous voulons faire tout cela proprement.

Espérez-vous trouver une explication à l’avarie grâce à l’épave ?

C’est trop tôt pour le dire. Je l’espère mais j’avoue que si nous y parvenons, je serai un peu surpris. Nous en saurons un peu plus une fois qu’il sera sorti de l’eau mais n’oublions pas qu’il manque une grande partie de l’étrave. Là, il ne reste que deux mètres…

Dans quel état se trouve le bateau actuellement ?

Il est mâché, il n’a plus de roof. La mer a fait son travail ces quinze derniers jours. L’arrière, plongé à 45°, sort de l’eau et l’étrave flotte devant, sans doute tenue par des restes de gréements. C’est pour le moins étonnant.

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