Passer à autre chose
La fête est terminée à la Marina du Bas-du-Fort et la routine quotidienne de la course a repris. Benoît Marie et Giancarlo Pedote se partagent le privilège des médias et n’en finissent pas de raconter de nouveau leur course. Pour Benoît, c’est la délivrance absolue : gagner de belle manière pour sa première participation et surtout pouvoir enfin rompre le mur de la solitude. Giancarlo quant à lui, n’était pas venu pour faire deuxième, le retour sur sa course est forcément plus difficile à vivre.
Entre le premier et le deuxième de cette Mini Transat, il n’y a que trois heures de décalage mais ces trois heures sont un gouffre. Pour le vainqueur, c’est une douce euphorie qui domine et son cortège d’émotions. En remportant la Mini Transat, Benoît Marie est entré dans un autre monde. Premier bizut à remporter la course depuis 1995, Benoît ne cesse de répondre aux sollicitations, de recevoir des marques d’affection ou d’admiration. Quoi qu’il advienne, son nom fera maintenant partie de l’histoire de la course. Giancarlo Pedote doit quant à lui, digérer la déception de n’avoir pu aller au bout de son rêve. Ni le fait d’avoir été en tête plus de 90% du temps, d’avoir su apprivoiser son Magnum pour en tirer le meilleur parti, d’avoir batailler pour réparer son bout dehors ou sa tête de quille n’effaceront ce sentiment terrible qui aboutit à cette équation improbable : combien de petits détails font la somme de ces trois heures perdues. Pour les deux marins, il va être temps de passer à autre chose : de poursuivre sur sa lancée pour Benoît, de rebondir pour Giancarlo pour construire de nouvelles histoires.
Rémi Fermin, l’éloge de la simplicité
Il y a fort à parier que Rémi Fermin (Boréal) sera plus que satisfait de sa troisième place à l’arrivée. Déjà présent en 2011, il n’avait pu défendre ses chances suite à la rupture de son mât et s’était juré de revenir. Sur le bateau qu’il a dessiné puis construit, avec une économie de moyens qui frise l’indécence (bateau en fibre de verre, quille fixe), Rémi est en train de démontrer que l’on peut réussir de belles choses. D’une certaine manière, son périple s’inscrit en plein dans la lignée des premiers aventuriers de la Mini Transat, quand on savait pourquoi l’on partait mais qu’on ignorait quand et comment on arriverait. Derrière Rémi, Bertrand Delesne (TeamWork Proto) et Bruno Garcia (Sampaquita) sont toujours à la lutte pour la quatrième place. Ils devraient en terminer au cœur de la nuit guadeloupéenne.
Justine et les garçons
Toujours deuxième derrière Aymeric Belloir (Tout le Monde Chante contre le Cancer), Justine Mettraux (TeamWork) résiste actuellement au retour de Simon Koster (Go 4 It). Si elle parvenait à conserver sa place, elle signerait la meilleure performance féminine de l’histoire de la Mini Transat. Elle en a le tempérament, reste à savoir si le souci technique qui semble lui avoir fait perdre hier une cinquantaine de milles est définitivement résolu. Derrière le trio de tête, c’est Renaud Mary (www.runo.fr) qui fait la bonne opération. Son option nord a payé et il pointe maintenant à une très belle quatrième place. On peut s’attendre encore à d’autres bouleversements en série. Damien Audrain (Gerinter) et Alberto Bona (Onelinesim.it) pourraient suivre le même chemin et menacer Jean-Baptiste Lemaire (L’œuvre du Marin Breton) qui s’est positionné dans le sud de la flotte. D’autres pourraient aussi faire des remontées spectaculaires au classement comme Pip Hare (The Potting Shed) ou François Lamy (Guadeloupe Espace Océan) dont le retour au pays est attendu comme celui de l’enfant prodigue. L’essentiel est que pour eux, l’alizé semble vouloir s’inviter de nouveau à la fête. Pour vivre une arrivée à l’antillaise, c’est bien le moins qu’on puisse demander.