Le constat est terrible. Alors qu’en tête de flotte Giancarlo Pedote (Prysmian) et Benoît Marie (benoitmarie.com) retrouvent des vitesses supérieures à 10 nœuds, plus l’on descend vers le milieu de flotte, plus les vitesses chutent. Pour certains c’est la pétole blanche. A ce rythme, bien des bouleversements peuvent encore affecter le classement.

En course au large, la messe n’est jamais dite avant la ligne d’arrivée. Mais les hommes (et femme) de tête, sont en train de prendre un sacré avantage sur le reste de la flotte. En proto, Giancarlo Pedote et Benoît Marie jouent les frères ennemis au coude à coude. Derrière eux, Rémi Fermin (Boréal) n’avance qu’à 6 nœuds tandis que ses plus proches concurrents Bruno Garcia (Sampaquita) et Bertrand Delesne (TeamWork) avoisinent les 9 nœuds et n’ont plus qu’une vingtaine de milles à combler pour grimper sur le podium. En série Justine Mettraux (TeamWork) consolide sa place de dauphine d’Aymeric Belloir (Tout le Monde Chante contre le Cancer). Et si Jean-Baptiste Lemaire (L’œuvre du Marin Breton) possède encore un peu moins de cent milles d’avance sur Tanguy Le Turquais (Terréal Rêve d’Enfance), son déficit de vitesse est de près de 4 nœuds. Pour peu que le déséquilibre entre nord et sud perdure, il faut moins de vingt-quatre heures pour combler un tel écart. D’autres concurrents sont menacés : ainsi Eric Cochet (Abers & Co) longtemps sixième, risque de voir coup sur coup Damien Audrain (Gerinter) et Alberto Bona (Onelinesim.it) lui passer sous l’étrave.

Feu aux fesses et douche froide

Cette zone de basse pression qui s’est installée sur la route des alizés sème une sacrée pagaille dans la flotte. A l’avant et au nord, ceux qui arrivent à accrocher des vitesses correctes sont partagés entre l’excitation d’échapper au piège et la crainte d’une euphorie prématurée. Pour l’heure, il s’agit avant tout de faire marcher le bateau, ne pas croire qu’on est tiré d’affaire. Certaines heures comptent plus que d’autres. En prototype, Julien Pulvé (MEXT-ICA) de même qu’Annabelle Boudinot (Agro 650) peuvent y croire même s’ils sont encore sur le fil du rasoir. Ce sera plus difficile en revanche pour Nicolas Boidevezi (Nature Addicts) et Louis Segré (Roll my Chicken) qui peuvent craindre un retour d’Alan Roura (Navman).Pour ces navigateurs, c’est le genre de moment où il ne faut pas céder à la gamberge, veiller à faire marcher le bateau avant tout, entrer dans sa bulle… Plusieurs solitaires jouent ainsi leur va-tout en bateaux de série comme Arnaud Chaigne (LMS), Arnaud Daval (Techneau) ou bien encore Florian Mausy (Foksaglisse).
Plus à l’arrière, de Federico Fornaro (Raw News Jolie Rouge) au nord, à Raphaël Marchant (Soréal Ilou) au sud, le piège semble s’être refermé. Dans ce cas, pas d’autre solution que d’être fataliste, de se raccrocher à des choses simples sur la marche du bateau, voire même d’oublier le classement pour essayer de tirer le meilleur de la marche du voilier. C’est aussi dans ce genre de moments que les mots tendres cachés par les proches, la petite sucrerie douce que l’on a su garder intacte s’avèrent précieux. Il suffit parfois de quelques heures de sommeil, d’un repas roboratif qu’on avait gardé pour les occasions exceptionnelles, d’un air de musique pour que les priorités se remettent dans le bon ordre. Après tout, plus cette aventure-là se sera méritée, plus forts seront les souvenirs, une fois vaincues les difficultés du moment.

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