Les heures à venir risquent d’être déterminantes. Un axe de basses pressions légèrement dans le nord de la flotte, non content de provoquer la rupture des alizés, pourrait opérer une véritable fracture entre les hommes de tête et leurs poursuivants. Avec des stratégies de route bien différentes suivant que l’on se situe dans un camp ou dans l’autre.

Attention, thalweg ! Ce dos d’âne inversé dans le champ de pression sur la route des alizés est en train de semer un joyeux bazar sur la route de la Guadeloupe. C’est lui qui génère les vents faibles erratiques qui affectent la flotte, qui empêche le développement normal de l’alizé, alimenté d’habitude par les deux anticyclones des Açores et des Bermudes dans le nord de la route. Et ceux qui seraient tentés de descendre encore plus sud pour échapper à son influence en auraient pour leurs frais. Ce qui fait qu’aujourd’hui, la route la plus sûre, la plus évidente serait la plus proche de l’orthodromie. Pour les premiers, la règle est simple : il faut gagner dans l’ouest. Au delà du 44°W l’alizé semble se rétablir et devrait permettre de tenir enfin quelques jours durant des moyennes dignes d’un Mini aux allures portantes, c’est à dire à deux chiffres. Mais pour les autres, c’est la bouteille à l’encre : dans ce fameux thalweg, une petite dépression devrait se former avant de remonter vers le nord. Ce qui signifie, dans son sud immédiat, des vents d’ouest à nord-ouest faibles, des zones de calme, des orages… bref ! Tout ce qu’il faut pour venir à bout de la patience du solitaire le plus aguerri. Pour ceux qui ne parviendraient pas à être à temps du bon côté de cette zone de basses pressions, c’est à dire dans l’ouest, la solution pourrait être alors de plonger vers le sud. Nord ou sud, le casse-tête est de taille.

A quelques milles près
Pour donner une idée de l’instabilité des conditions, il suffit de considérer les positions et vitesses respectives des concurrents autour de Thomas Guichard (Carrefour Bretagne). Alors qu’il navigue à plus de 7 nœuds, Raphaëla Le Gouvello (Respectocean.com), Yoann Tricault (Schlüter Systems) et Jonas Gerkens (Netwerk 2), distants de moins de 15 milles dans le nord, dépassent péniblement les trois nœuds. Et dans son sud, Jean- Loup Chenard (Istuardo) et Raphaël Marchant (Soréal Ilou) tournent autour des deux nœuds.
A l’avant de la course, la bonne opération pourrait être au crédit de Justine Mettraux (TeamWork) qui possède maintenant plus de 50 milles d’avance sur Simon Koster (Go 4 It) et 120 sur Jean-Baptiste Lemaire (L’œuvre du Marin Breton). En prototype, plus de 200 milles séparent, en écart latéral, Rémi Fermin (Boréal) du tandem Bruno Garcia (Sampaquita) – Bertrand Delesne (TeamWork Proto). Il sera intéressant de voir si Rémi va pouvoir se sortir des griffes des basses pressions : s’il y parvient, il pourrait bénéficier d’un meilleur angle de vent et contenir les hommes du nord. Dans le cas inverse… Pendant ce temps, alors qu’Aymeric Belloir (Tout le Monde chante contre le Cancer) poursuit son cavalier seul, le plaçant à égalité avec Bruno Garcia en distance au but, c’est toujours aussi serré entre Giancarlo Pedote (Prysmian) et Benoît Marie (benoitmarie.com) qui parvient encore à tenir son adversaire à distance. Quoi qu’il en soit, si ces deux-là tiennent la route jusqu’au bout, on aura la garantie d’avoir, après Karen Liquid vainqueur en 1997 et 1999, un nouveau prototype double vainqueur de la Mini Transat. Le 667 a franchi la ligne en vainqueur en 2009, quand le 747 s’est imposé en 2011. Mais de Rémi Fermin à Bertrand Delesne, ils sont trois qui vont tout faire pour que s’inscrive un nouveau numéro au palmarès de la Mini.

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