Eparpillés façon puzzle
Les solitaires de la Mini Transat n’en ont pas fini avec cet alizé instable et ne savent plus à quel saint se vouer. Entre grains orageux et zones sans vents, tous doivent se préparer encore à quelques migraines, quelques nervous breakdowns. Si le salut semble venir par le sud-ouest, il faut encore trouver le juste compromis entre faire du sud pour espérer des alizés plus conséquents et gagner dans l’ouest sur la route des Antilles.
Bonne nouvelle pour Arnaud Gentien (www.diffuselec.com) : ce matin, CLS, l’entreprise de fabrication des balises de positionnement a pu donner une première position approximative de son bateau. La balise est en effet équipée d’un GPS et d’un émetteur iridium. Après enquête, il s’est avéré que l’iridium continuait d’émettre, alors qu’en revanche le GPS ne fonctionnait plus. Par recoupements successifs, il a été possible de déterminer une position d’Arnaud à 14h30 TU (soit 15h30, heure française), par 22°05’ N et 22° 23’ W, soit environ une trentaine de milles dans l’ouest immédiat de Pierre-François Dargnies (We-van.com).
Protos : Benoit Marie, la menace
5,2 milles, c’est l’écart qui sépare au classement de 16 heures, Giancarlo Pedote (Prysmian) d’un Benoît
Marie (www.benoitmarie.com), bien décidé à travailler son adversaire en férocité. Les deux hommes sont sur la même route et il y a de fortes chances que les deux naviguent à vue. Pour le navigateur italien qui semblait écrire progressivement la chronique d’une victoire annoncée, c’est un réveil pénible. Reste à savoir si le différentiel de vitesse observé ces dernières heures est dû aux conditions météorologiques très aléatoires ou à un souci technique qui ne permettrait pas à Giancarlo d’exploiter tout le potentiel de son bateau. Quoi qu’il en soit, Benoît Marie fait jusqu’ici une course remarquable et démontre que sur le parcours d’origine de la Mini Transat, les plans Finot ont encore leur mot à dire. Le bateau vainqueur de la Transat 650 en 2009 retrouve ici une seconde jeunesse. Derrière, Bruno Garcia (Sampaquita), quatrième et, dans une moindre mesure Rémi Fermin (Boréal), sentent le retour de plus en plus appuyé de Bertrand Delesne (TeamWork Proto). A noter aussi la remontée de Julien Pulvé (MEXT – ICA) qui, malgré son escale à Puerto Calero, revient progressivement dans la partie. De même Annabelle Boudinot (Agro 650) est en passe de réussir son pari : démontrer qu’un proto construit partiellement à partir de fibres de lin peut être compétitif.
Séries : le cavalier seul d’Aymeric Belloir
Aymeric Belloir (Tout le Monde Chante contre le Cancer) quant à lui affiche une santé de fer. Il n’est pas, compétition oblige, couché avec le soleil, levé avec les poules, mais le marin d’Etel donne le sentiment d’avoir pris la mesure de la course et d’imposer son rythme à ses adversaires qui ne peuvent, pour l’instant, qu’attendre un éventuel faux pas. D’autant que Justine Mettraux (TeamWork) et Simon Koster (Go 4 It) ont déjà fort à faire avec la lutte pour la deuxième place. Jean-Baptiste Lemaire (L’œuvre du Marin Breton) est dans une situation qui, sur le plan de la course pure, est plus confortable. Calé en quatrième position, il dispose de 150 milles d’avance sur le tandem Tanguy Le Turquais (Terréal Rêve d’enfance) – Eric Cochet (Abers & Co). De quoi voir venir… Les deux devront peut-être se méfier d’un éventuel retour d’un trio composé d’Alberto Bona (Onelinesim.it), Jérôme d’Aboville (Bel) et Damien Audrain (Gerinter) partis sur une route franchement plus sud. Craig Horsfield (Naked Retreats) a demandé une assistance médicale. Souffrant d’une entorse à la main, il a pu consulter et prendre les médicaments adaptés. Craig va pouvoir continuer sans encombre après cette consultation relayée par un bateau accompagnateur. A mesure qu’ils s’enfoncent dans l’océan Atlantique, les signaux AIS des solitaires disparaissent des écrans, relayés qu’ils étaient par des antennes VHF à terre. A Lanzarote, Ludovic Méchin (Paris Texas) fait une escale express de douze heures, afin de vérifier que les réparations de fortune effectuées à Rabat tiennent bien et pour refaire de l’avitaillement. Le navigateur a rencontré sur place une aide incroyable d’amis venus en renfort, des populations locales qui se sont démenées pour trouver les matériaux adéquats. Tellement heureux de voir que son aventure pouvait se poursuivre, Ludovic Méchin a repris la mer au plus vite, avant de réaliser que ses stocks de nourriture avaient fondu durant ce gros détour. On ne devrait jamais quitter Rabat.