A moins de 500 milles de l’arrivée à Itajaí, PRB est toujours bien installé en tête de la flotte des monocoques Imoca mais ces derniers milles dans le golfe de Rio de Janeiro ne vont pas être faciles à négocier avec le passage d’un front orageux. 1 500 milles derrière, les premiers Class40’ sont sortis du Pot au Noir et le leader a même déjà franchi l’équateur !

En cette fin de semaine marquée par l’arrivée des deux premiers Multi-50, FenêtréA Cardinal (Le Roux-Eliès) à 6h 30’ 15’’ ce vendredi (après 14j 17h 40min 15s de mer) suivi cinq heures plus tard par Actual (Le Blévec-de Pavant), les regards se tournent désormais vers les premiers Imoca qui abordent le dernier virage avant Itajaí à l’approche du cap Frio. Un virage à 60° pour entrer dans le golfe de Rio de Janeiro avec des conditions météorologiques nettement plus instables et variables. Un tournant aussi pour la course puisque depuis que Macif (Gabart-Desjoyeaux) a déclaré son abandon et a fait route vers Salvador de Bahia (arrivé à 15h15), PRB (Riou-Le Cam) est en tête sans pour autant conforter sa marge de manœuvre…

Une chère place de dauphin

Dans cette descente entre Salvador de Bahia et le cap Frio (qui marque le décroché du Brésil sur le tropique du Capricorne), le leader n’a pas franchement augmenté son avance puisque son dauphin du moment Maître CoQ (Beyou-Pratt) était à 70 milles derrière alors que deux jours plus tard, il est toujours à 73 milles. Mais il n’est plus deuxième : Safran (Guillemot-Bidégorry) a réussi un joli coup en piquant à la côte vendredi matin pour mieux revenir au large dans l’après-midi mais avec un gain global de 30 milles !

Rien n’est donc encore acquis car le front orageux qui est en cours de passer sur la tête de flotte, devrait provoquer un gros chambardement : devant lui, c’est-à-dire dans l’Ouest où se trouvaient les premiers Imoca cet après-midi, la brise souffle de secteur Nord à Nord-Est à une quinzaine de nœuds alors que de l’autre côté (dans l’Est, sur la route future des Imoca) le vent est de secteur Est à Sud-Est 18 nœuds ! Entre les deux, les cumulonimbus sont pléthoriques, les souffles erratiques, les grains pluviométriques, les ciels électriques et les vagues chaotiques…

Le rendez-vous du lever du jour va ainsi être significatif d’une nuit plutôt agitée et il est possible que la hiérarchie change ou en tous cas, que les écarts entre les quatre premiers aient joué à l’accordéon. Car pour se démarquer et parce qu’il a 200 milles de retard sur le leader, Cheminées Poujoulat (Stamm-Legros) tente le tout pour le tout en s’écartant très fortement du cap Frio : une option qui pourrait porter ses fruits car les fichiers indiquent que le front est moins tordu au large… Le bilan de la nuit s’annonce capital car après ce front orageux, il semble que la brise s’installe durablement et plus régulièrement à une quinzaine de nœuds d’Est jusqu’à l’arrivée à Itajaí.

De l’équateur au Cap-Vert

Entre GDF SUEZ (Rogues-Delahaye) et 11th Hour Racing (Jenner-Windsor), il y a désormais 1 100 milles : le premier a passé l’équateur vers 19h00, l’autre rasait l’île de Sal à la même heure… Tous les deux dans des alizés mais pas de la même direction : Sud-Est sur la ligne de changement d’hémisphère, Nord-Est au milieu de l’archipel du Cap-Vert. C’est dire si au milieu les conditions sont très différentes : ce samedi matin, seuls les cinq premiers Class40’ semblaient en avoir fini avec le Pot au Noir ! Car derrière SCNF Geodis (Amedeo-Tripon), la brise n’apparaissait pas encore très bien établie !

Cette Zone de Convergence Inter Tropicale (ZCIT) a donc favorisé le leader qui a conforté sa position en semant Mare (Riechers-Brasseur) qui a perdu au moins trente milles dans ce passage tropical et qui a ainsi vu Tales Santander 2014 (Pella-Santurde) devenir nettement plus pressant à moins de vingt milles de son tableau arrière. C’est une bonne opération aussi pour Groupe Picoty (Caso-Chappellier) qui, même s’il n’a pas diminué son delta par rapport au leader, a pu dépasser cinq duos depuis le Cap-Vert ! Celui qui a le plus « reçu » dans l’affaire est Vaquita (Petter-Hanakamp) qui n’a pas pu construire une trajectoire constante.

Il va devenir difficile d’inquiéter le leader car Sébastien Rogues et Fabien Delahaye vont profiter de leur avance pour creuser l’écart puisque les conditions météorologiques leur seront plus favorables d’abord : lente rotation du vent de Sud-Est vers l’Est. Mais ce qui va être intéressant à l’issue de cette nuit, c’est de savoir comment vont s’en sortir les partisans de l’Est, de la route sur le 26° Ouest pour traverser le Pot au Noir : Fantastica (Raspadori-D’Ali), Eärwen (Pourre-Royer), Solidaires en Peloton (Erussard-Vauchel Camus) et surtout Mr Bricolage (Rousseau-Aluin) qui flirtait avec le 23°30 Ouest !

Ils ont dit

Jean Le Cam (Imoca PRB)

« On est au large de Rio de Janeiro dans des zones perturbées : c’est une formation de dépression qui est assez commune sur la zone. Le temps est donc assez variable mais ça devrait j’espère, s’améliorer dans les heures qui viennent. On arrive dimanche… normalement ! »

François Damiens (Imoca Initiatives Cœur)

« Ici pour le moment, on barre parce qu’il y a 20 nœuds de vent et le pilote n’est pas assez intelligent : il ne va pas assez vite donc on fait confiance au cerveau humain. C’est Tanguy qui barre, on est plus ou moins au vent arrière. On est par le travers de Recife. Le vent a commencé à tourner un peu : c’est plus agréable. On est sous spi avec grand voile sans ris parce qu’on est un peu talonné par Alessandro (Team Plastique) et on n’a pas beaucoup d’avance. On espère arriver dans la nuit de mercredi à jeudi. On a vraiment envie d’être là ! »

Thibaut Vauchel-Camus (Class40’ Solidaires en Peloton)

« On est plutôt sur une bonne fin de course malgré un arrêt à Cascais. On a un peu réussi à recoller devant, on n’a quasiment pas ralenti depuis qu’on est dedans. On est assez content de voir fondre les distances avec nos concurrents. C’est un Pot au Noir assez clément. On a eu un grain de 35 nœuds puis des nuages mais 15 nœuds de vent minimum à chaque fois. Donc on est assez content. On n’a jamais été arrêté avec les voiles qui faseillaient. »

Aymeric Chappellier (Class40’ Groupe Picoty)

« Ça va : on a réussi à se faufiler dans le Pot au Noir un peu mieux que le paquet qui est devant nous. Les 48 dernières heures, on a bien travaillé sur le pont, on est sorti du Pot, on a récupéré les alizés de Sud-Est. Ce n’est pas encore très fort, on a une dizaine de nœuds, mais c’est assez sympa. Ça n’a pas été de tout repos : le vent évoluait entre 20-25 nœuds dans les grains et 0 nœud. On n’a pas arrêté de matosser vers l’avant, vers l’arrière. On a fait pas mal de près et de virements. Donc on remettait tous le matos d’un côté puis de l’autre. On n’a pas beaucoup dormi mais on s’était bien reposé en amont : on était frais et dispo pour affronter ça. Ça fait du bien de voir les étoiles et on a eu de la chance depuis le début de la course de naviguer avec la lune. Et c’est agréable de se lever avec un ciel sans trop de nuages, quasi vierge, on en profite en short et au chaud ! »

Positions du 22/11 à 23h00

CLASS40

1 – GDF SUEZ à 1937,95 milles de l’arrivée
2 – Mare à 84 milles du premier
3 – Tales Santander 2014 à 104,47 milles du premier

MULTI 50

1 – FenêtréA Cardinal arrivé le 22/11/13 à 6h40mn 15s HF
2 – Actual arrivé le 22/11/13 à 11h47mn 30s HF
3 – Rennes Métropole / Saint-Malo agglomération à 978,07 de l’arrivée

IMOCA

1 – PRB à 557,58 milles de l’arrivée
2 – SAFRAN à 45,92 milles du premier
3 – Maitre CoQ à 73,38 milles du premier

MOD70

1 – Edmond de Rothschild arrivé le 18/11/13 à 18h03mn 54s HF
2 – Oman Air-Musandam arrivé le 18/11/13 à 23h 04mn 09s HF

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