MACIF, sous gréement de fortune en direction de Salvador de Bahia
Alors qu’il naviguait en tête de flotte des monocoques IMOCA au 14ème jour de course de la Transat Jacques Vabre, MACIF a démâté ce jeudi vers 1h du matin heure française, à 140 milles au large de Salvador de Bahia (Brésil). Sains et saufs, François Gabart et Michel Desjoyeaux ont alors immédiatement prévenu la direction de course pour avertir les bateaux qui les suivaient de manière rapprochée et éviter tout risque de collision. Les deux hommes vont bien. Ils ont sécurisé le bateau en libérant l’espar qui s’est cassé à 10 mètres environ au-dessus du pont. Ils ont ensuite gréé le tourmentin (foc de tempête) entre les dérives, et progressent actuellement sous gréement de fortune à 4 nœuds vers Salvador de Bahia, qu’ils devraient atteindre la nuit prochaine, ou demain matin.
Cette avarie est survenue alors que MACIF faisait la course en tête de la flotte des monocoques IMOCA. Depuis le départ, le jeudi 7 novembre, le duo Gabart-Desjoyeaux figurait parmi les grands animateurs de cette transat en double entre Le Havre et Itajaí au Brésil. Après un début de course musclé, MACIF s’est rapidement emparé des commandes de la flotte, jusqu’à ce que les deux skippers soient contraints, le 10 novembre, de se dérouter pour faire une courte escale à Peniche au Portugal afin de remplacer leur safran endommagé. Trois heures plus tard, ils repartaient en 5ème position. Plus motivés que jamais, ils ont dès lors tout donné pour remonter la flotte et reprendre la tête, le 15 novembre, au passage des îles du Cap Vert, bénéficiant du pit-stop de PRB (Vincent Riou – Jean Le Cam). Après la traversée du pot au noir, zone de transition aux abords de l’équateur qui a beaucoup freiné le monocoque vert et bleu, la course repartait de plus belle. Au coude à coude avec le tandem de PRB, François Gabart et Michel Desjoyeaux livraient un duel dans les règles de l’art du match-racing. Dans cette régate d’une intensité rare, ils avaient pris un léger avantage dans la perspective de l’arrivée estimée dans la journée de dimanche prochain.
Joints par téléphone ce matin, François Gabart et Michel Desjoyeaux font le point sur ce dématâge.
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Dans quelles circonstances est survenu ce démâtage ?
François Gabart : « On naviguait bâbord amures, dans 15-20 nœuds d’Est, Sud-Est. Les conditions n’avaient rien d’exceptionnel. Il y avait un peu de mer, mais elle n’était pas de face, elle venait de l’arrière. Le bateau était sous pilote, j’étais dans le cockpit et Michel à la bannette. Le mât s’est cassé à 10 mètres au-dessus du pont. Il est parti sur l’arrière. Même s’il est trop tôt pour avoir un début d’explication, tous les câbles qui retiennent le gréement étaient en place. Visiblement, c’est donc le tube qui s’est brisé. Nous avons aussitôt averti l’équipage de PRB afin d’éviter les risques de collision. Nous avons eu un peu de mal à libérer la partie haute du mât, cela nous a demandé près d’une heure et demie d’effort, en faisant bien attention de ne pas abîmer le bateau et de récupérer ce que l’on pouvait. »
Avez-vous pu installer un gréement de fortune ?
F.G : « Nous avons gréé le tourmentin que nous avons fixé sur les dérives (voir photo-ci jointe). Nous progressons actuellement plein Ouest pour rallier la ville de Salvador de Bahia, distante d’environ 140 milles. Nous n’avons pas suffisamment de gasoil pour faire toute la route au moteur, nous progressons donc autant de possible sous ce gréement de fortune, à 4 nœuds de moyenne environ. Nous espérons arriver au plus tard demain dans la journée. »
Dans quel état d’esprit êtes-vous à bord du bateau ?
F.G : « C’est un coup dur, même si depuis que ce démâtage est survenu, nous avons pas eu le temps de tergiverser. Nous avons été dans l’action pour libérer le gréement. Nous allons essayer de regarder devant. Si l’on regarde derrière, nous n’avons pas à rougir. Même si nous avons fait quelques erreurs, nous avions bien progressé. Malgré notre escale, nous avions de bons arguments pour jouer la gagne jusqu’au bout face à PRB. Cela fait mal, c’est blessant, c’est triste, mais malheureusement ce type d’avarie fait partie des aléas d’un sport mécanique comme la voile. MACIF reste un très bon bateau, l’un des leaders de la classe IMOCA. Je garde une totale confiance en lui. Nous allons l’équiper d’un nouveau mât pour la saison prochaine dans la perspective de la Route du Rhum. »
Gérard Andreck, Président du groupe Macif
« Nous sommes tout d’abord rassurés de savoir que les marins vont bien et que le bateau est sécurisé. François et Michel ont su montrer lors de cette course leur grande combativité en animant la tête de la flotte IMOCA. Nous avons eu la chance de savourer avec François de belles victoires, mais également un superbe début de course. Nous sommes solidaires également dans les difficultés et assurons à nos marins tous nos encouragements pour rebondir suite à cette avarie »
Jean-Marc Raby, Directeur général du groupe Macif
» Tout le groupe Macif apporte son soutien à François et Michel dans cette épreuve. La course au large demeure un sport mécanique comportant des risques que nous connaissions. Malheureusement, la course s’arrête ici pour nos marins et pour nous, mais l’histoire ne s’arrête pas là. La solidarité de tous nous permettra de repartir rapidement sur de nouvelles aventures. »