Magie des bulletins météo. Il a suffit d’observer la trajectoire des premiers au point de midi, soit juste à l’issue de la vacation officielle avec fourniture des prévisions pour voir que nombre de coureurs avaient choisi leur camp, celui de la route du sud. Néanmoins, dans les hommes de tête, quelques libres penseurs font de la résistance.

Ils sont encore douze à finir de réparer à Lanzarote avant de reprendre la mer. Pour deux d’entre eux, l’aventure de la Mini Transat s’arrête là. Stan Maslard (Groupe Sefico) et David Genest (Bingo) ne repartiront pas. Pour le premier, l’accumulation des petits pépins techniques a fini par avoir raison de sa volonté de reprendre la mer, d’autant que Stan venait avec des objectifs de podium affirmés. David, mât brisé, ne peut espérer repartir dans les délais. Si sa course s’arrête là, il a proposé à Jérôme Lecuna, en panne de sources d’énergie, son groupe électrogène. Dans le monde des Ministes, la solidarité continue de prendre le pas sur la compétition…

Pour les autres concurrents, il s’agit de remettre en état des montures qui ont souffert pendant la traversée. Pour beaucoup, ce sont des problèmes d’énergie, de pilotes automatiques et bien souvent des avaries de safran. Cette pièce semble être un des points faibles dès que les conditions deviennent fortes.

Les premiers choix stratégiques

En prototype, les trois premiers semblent avoir fait un choix identique : mettre rapidement du sud dans leur route. Giancarlo Pedote (Prysmian) et Benoît Marie (benoitmarie.com) ont à peine attendu la fin de la lecture du bulletin météo du jour, diffusé par BLU, pour infléchir leur route. Ils ont été suivis quelques heures pour tard par Rémi Fermin (Boréal). C’est moins clair pour Bruno Garcia (Sampaquita) qui pourrait temporiser un peu avant de prendre sa décision.
En revanche, Bertrand Delesne (TeamWork Proto) a semble-t-il décidé de jouer son va-tout sur une route proche de l’orthodromie, choix que semble avoir fait Jean-Baptiste Lemaire (L’œuvre du Marin Breton), solide quatrième des bateaux de série. Leur route, si elle se confirme, est audacieuse, mais peut se révéler payante à terme. En effet, l’arrivée d’un front froid vers le 40°W devrait provoquer une rupture des alizés et générer des vents faibles pendant plusieurs heures. Si les hommes du sud ont réussi à descendre suffisamment pour échapper à l’influence de ce front, ils garderont un alizé établi et compenseront largement l’écart de route. En revanche, si tout le monde est logé à la même enseigne, ceux qui auront choisi de faire la route la plus courte auront eu raison. Devant Jean-Baptiste, les trois premiers jouent clairement la route sud. C’est peut-être une carte à jouer pour un navigateur qui sait oser des options radicales. Il l’avait déjà prouvé l’an dernier sur Les Sables – Les Açores, en misant sur une option très nord pour revenir aux Sables d’Olonne, qui lui avait bien réussi. En tous les cas la bataille des compatriotes pour la deuxième place promet d’être acharnée entre Simon Koster (Go 4 it) et Justine Mettraux (TeamWork).

Pas d’états d’âme pour le peloton

Derrière les leaders, pour le gros des troupes, il s’agit avant tout d’échapper à la molle qui s’étend sur les Canaries. L’anticyclone pousse et l’objectif premier est d’éviter de se faire prendre dans ses filets. Eric Cochet (Abers & Co), Tanguy Le Turquais (Terréal Rêve d‘enfance), comme Damien Audrain (Gerinter) ou Jérôme d’Aboville (Bel) ont carrément infléchi leur route. Alberto Bona (onelinesim.it) ne pourra pas les suivre immédiatement, car victime d’un problème technique. Le skippeur italien a actionné plusieurs fois le bouton « présence à bord » qui signifie qu’il ne demande pas d’assistance et tente de résoudre le problème par ses propres moyens.
Au pointage de 16 heures, seuls deux concurrents, Louis Segré (Roll my Chicken) et Julien Pulvé (MEXT – ICA ) affichaient des vitesses supérieures à dix nœuds sur une route franchement sud. On n’en est encore qu’au tout début de la grande traversée, autant jouer sa carte à fond.

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