Toute la flotte est sous l’influence de l’anticyclone des Açores qui génère un bon flux de Nord du côté du cap Finisterre, tournant au Nord-Est au fur et à mesure que les voiliers se rapprochent du Cap-Vert. Plutôt soutenue, cette brise a sensiblement accéléré le rythme et n’est pas prête de mollir si ce n’est à l’orée du Pot au Noir, que les MOD70 s’apprêtent déjà à traverser ce mercredi…

A l’exception de 11th Hour Racing (Jenner-Windsor) qui est reparti de Lorient avant minuit après avoir réparé son étai, et de EcoElec (Darni-Bernard) qui n’arrive pas à suivre le rythme des autres Class40’, tous les voiliers sont sortis du golfe de Gascogne et bénéficient de vents portants entre 15 et 30 nœuds.

De fait, quand les premiers monocoques de 40 pieds emmenés par GDF SUEZ (Rogues-Delahaye) et Mare (Riechers-Brasseur) filent à plus de treize nœuds au large du Portugal, les Imoca pointent à plus de seize nœuds dans l’Ouest de Madère, les Multi 50 à plus de vingt nœuds par le travers des Canaries et les MOD70 à près de trente nœuds à la latitude du Cap-Vert !

L’équateur en une semaine

A ce rythme, les deux multicoques monotypes vont franchir l’équateur en une semaine… Ce qui correspondrait tout de même au temps de référence du Trophée Jules Verne d’Orange II en 2005 (7j 02h 56’), un catamaran de 36 mètres mené par quatorze hommes ! A comparer avec un trimaran de 70 pieds (22 mètres) avec un duo à bord… Et d’ors et déjà, Edmond de Rothschild (Josse-Caudrelier) et Oman Air-Musandam (Gavignet-Foxall) ont franchi la mi parcours (2 700 milles) la nuit dernière au large du Cap-Vert.

Un archipel qui a incité les deux MOD70 à enchaîner deux empannages pour se recaler plus dans l’Ouest afin d’entrer dans le Pot au Noir ce mercredi après-midi vers le 30° Ouest. La Zone de Convergence Inter tropicale (ZCIT) semble débuter dès le 9° Nord pour s’achever vers le 4° Nord, soit plus de 300 milles de large.

Des grains et des bascules

En Multi 50, FenétréA Cardinal (Le Roux-Eliès) mène toujours le bal avec une bonne marge de cent milles sur Actual (Le Blévec-de Pavant) mais le vent est loin d’être aussi stable que prévu : sous un nuage cette nuit, les leaders ont dû faire du près au large des Canaries ! Cette brise irrégulière rend les fins de nuit assez délicates car la demie lune est alors couchée et le soleil pas encore levé : comme la houle n’est pas totalement organisée et que les rafales alternent avec les molles, il faut être en permanence sur le pont pour régler les voiles, le pilote ou la barre.

Et pour les monocoques Imoca, désormais emmenés par Cheminées Poujoulat (Stamm-Legros), le passage au large de Madère à l’approche de la nuit a incité MACIF (Gabart-Desjoyeaux) à empanner deux fois quand PRB (Riou-Le Cam) perdait du terrain dans le dévent des îles. Pour autant, les deux duos les plus à l’extérieur, Safran (Guillemot-Bidégorry) et Maître CoQ (Beyou-Pratt) n’ont pas bénéficié de leur trajectoire plus à l’Ouest cette nuit. Comme quoi, les alizés ne sont pas simples à gérer et il y en a encore pour 1 200 milles avant d’aborder le Pot au Noir… Si ça glisse tout schuss vers l’équateur, il y a tout de même des bosses sur la piste !

Ils ont dit :

Philippe Legros (Imoca Cheminées Poujoulat)

[quote]Je viens de voir le classement : on est très content. Vu les vitesses de chacun, tout le monde a dû mettre dessus : je ne suis pas sûr qu’on soit plus toilés que les autres. On est en tête par rapport à la ligne d’arrivée, mais ça ne tient pas compte du décalage de Maitre CoQ et Safran dans l’Ouest. Là où on a gagné un peu, c’est par rapport à PRB et MACIF qui sont passés trop près du dévent de Madère. Le vent bascule de 30 à 40 degrés et varie entre 12 et 20 nœuds, ce n’est pas agréable du tout. On a toujours soit trop de toile, soit pas assez. Donc on règle constamment à la télécommande de pilote… L’alizé est un peu mollissant, moins établi, avec plus de grains, variable et instable pendant un moment. Ça ne parait pas clair même si les routages donnent une route limpide, je ne suis pas sûr que ça se passe comme sur l’ordinateur.
Est-ce qu’on va aller vers les îles, est-ce qu’on passera à l’intérieur, à l’extérieur… Il y a de l’incertitude par rapport à l’alizé et au Pot au Noir. A bord ça se passe très bien, on essaye de se croiser, de manger ensemble, de prendre le temps de discuter un peu. Au niveau du bateau : zéro bricole !
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Fabien Delahaye (Class40’ GDF SUEZ)

[quote]Le vent est bien rentré : on a eu une pointe à 38 nœuds, et en moyenne, on a entre 28 et 32 nœuds. La mer est très forte : on adapte la voilure en conséquence. On avait prévu depuis la première nuit du départ de Roscoff de s’arrêter pour réparer parce qu’on aurait été handicapé sans aériens. On a réfléchi au niveau de la météo, au bon endroit pour le faire pour ne rien perdre par rapport aux autres. En ¾ h, on était reparti et on est toujours devant nos petits camarades ! On ne sait pas trop où est Mare, et c’est vrai qu’ils vont vite, mais ce n’est parce qu’on a un bateau à côté de nous qu’il faut se mettre la pression, on sait qu’il est là mais on fait notre route. La stratégie est relativement simple par rapport aux fichiers : on verra vers le Cap-Vert. Je pense qu’on a claqué le record de vitesse du bateau tout à l’heure avec une pointe à 24 nœuds !
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Sébastien Josse (MOD70 Edmond de Rothschild)

[quote]On approche du Pot au Noir, à peu près à 200 milles des étraves. C’est rapide quand on voit les milles qui défilent : c’est plutôt pas mal ! On a fait un empannage par prévention cette nuit et pour se positionner par rapport au Pot au Noir. On est vite à 25 nœuds, ce qui demande une certaine vigilance, on ne peut pas lâcher les écrans du regard sinon le bateau se met à voler. On devrait rentrer dans le Pot au Noir dans la journée, dans moins d’une dizaine d’heures. Et en ressortir, on verra quand … On espère assez vite ! Parfois ça passe comme une lettre à la poste et parfois il y a un grain qui nous bloque pendant des heures.
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Erwan Le Roux (Multi 50 FenêtréA Cardinal)

[quote]Ça fait une heure qu’on est aux prises avec un grain, on a même fait du près avec un vent au 280°, c’est incroyable ! Il y a de grosses masses nuageuses, le vent tourne dans tous les sens sous les nuages. Ce n’est pas facile, on est reparti là, on a regardé le classement : on est content de ne pas avoir trop perdu parce que ça fait un moment qu’on galère avec le nuage ! Pourtant, il n’y a pas trop de coups stratégiques d’ici le Pot au Noir. On a parlé éventuellement d’un recalage par le travers du Cap Vert. C’est vraiment sympa : on prend beaucoup de plaisir à barrer, avec des vitesses de 28 nœuds sous gennaker. Il y a toujours quelqu’un sur le pont, on barre beaucoup, on arrive à communiquer facilement, à se raconter quelques blagues, on se marre bien ![/quote]

Alberto Monaco (Imoca Team Plastique)

[quote]Nous avons un problème avec le pilote donc c’est très fatiguant, car il faut alterner tout le temps à la barre. Je suis très fatigué, à force de barrer toute la journée et la nuit, il y a beaucoup de houle donc le pilote ne marche pas bien. On a essayé de le réparer mais ça ne marche pas bien. A part ça, nous sommes contents, ça va vite ! Mais pas assez de temps pour dormir et se reposer. Il faut manger quand l’autre est à la barre, on vit dans le même bateau mais on ne peut rien faire ensemble !
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Positions du 12/11 à 05h00

Class40

1 – GDF SUEZ à 4529,13 milles de l’arrivée
2 – Mare à 19,33 milles du premier
3 – ERDF-des Pieds et des Mains à 112,23 milles du premier

Multi 50

1 – Fenêtréa Cardinal à 3563,81 milles de l’arrivée
2 – Actual à 105,06 milles du premier
3 – Rennes Métropole / Saint-Malo Agglomération à 522,78 milles du premier

IMOCA

1 – Cheminées Poujoulat à 3727,74 milles de l’arrivée
2 – PRB à 07,26 milles du premier
3 – MACIF à 23,42 milles du premier

MOD70

1 – Edmond de Rothschild à 2674,84 milles de l’arrivée
2 – Oman Air – Musandam à 63,72 milles du premier