Tuer le (mauvais) temps
De Gijon à Sada, les Ministes sont entrés dans l’attente. La petite colonie s’organise avec un certain bonheur pour patienter tout en guettant la fenêtre météo favorable.
Entre les retours de cette première étape vécue parfois de façon fort différente suivant qu’on était plus ou moins à l’ouest dans le golfe de Gascogne et les trésors de débrouillardise que doivent développer les concurrents pour gérer une vie à terre inattendue, le temps passe finalement plus vite que prévu.
On n’imagine pas les petites contrariétés provoquées par une escale impromptue. Quand les Ministes sont partis pour cette première étape, ils avaient quelques affaires de rechange destinées à la vie en mer… Dans l’ensemble, du frugal, de l’étanche mais pas forcément toujours adapté à la vie à terre. L’escale à Gijon a bouleversé la donne, notamment pour tous ceux qui avaient confié à leur famille, le soin d’amener des affaires à Lanzarote, terme de cette première étape. Dès lors, il a fallu s’organiser. Partant du principe que l’on n’est jamais plus fort que quand on est capable de raisonner collectivement, les Ministes ont investi (avec l’accord du club) les locaux du Clube Naval de Gijon et ont déniché quelques perles. Une sorte de pension de famille avec dortoirs collectifs s’est vue quasiment réquisitionnée par la flotte, des concurrents se sont regroupés pour des achats communs de caleçons, chaussettes et autres éléments de langage vestimentaires indispensables. Cela forme des assemblages parfois curieux dans les rues du port asturien, mais au moins on est au sec. Les bars à tapas voient débouler une manne inattendue en ce début novembre.
Bientôt six à Sada
Les cinq solitaires qui avaient réussi à gagner Sada devraient être rejoints par Stan Maslard qui a convoyé par la route son prototype. Au terme des règles internationales en vigueur, la première étape ayant été annulée, rien n’empêche les navigateurs ayant abandonné dans cette course de reprendre le départ. L’étape Douarnenez – Sada n’existant plus, toutes les décisions concernant ce parcours doivent être considérées comme nulles et non avenues. Le retour de Stan et peut-être d’autres coureurs dans le même cas, crée un précédent dans l’organisation de la Mini Transat. Pour l’heure, les coureurs sont évidemment partagés entre le plaisir de voir un confrère qui avait investis des heures et des heures de travail pouvoir aller au bout de son rêve et de l’autre cette sensation bizarre de se retrouver placés sur un pied d’égalité alors que les uns ont traversé le golfe de Gascogne dans des conditions parfois rudes, mettant leur matériel à l’épreuve et d’autres pas. Dura lex, sed lex…