Après vingt-quatre heures de course dans un vent de nord-ouest à ouest encore soutenu et par une mer chaotique, les Minis commencent à retrouver des conditions de navigations plus agréables. Entre l’émotion du départ, le stress d’une situation météo et l’amarinage indispensable, nombre de concurrents ont été victimes du mal de mer durant ces premières heures de course. Le vent se calmant et refusant, c’est maintenant la bataille tactique qui commence.

Il fallait avoir le cœur bien accroché pour mener son bateau au bon rythme durant ces premières heures de course. Et ce n’est sûrement pas un hasard si, en proto comme en série, on a retrouvé les gros bras, les durs au mal, aux avant-postes. Juste avant le départ, Ian Lipinski (Pas de Futur sans Numérique) annonçait la couleur : « on va la jouer rustique, à la Glénanaise… » Produit exemplaire de la formation du célèbre centre nautique, Ian avoue que ces conditions limites en terme de confort sont plutôt un avantage pour lui qui est habitué à des navigations à la dure. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, en bateaux de série, on retrouve aux avant-postes ceux qui ont parcouru le plus de milles à bord depuis deux saisons, comme Jonas Gerkens (Netwerk 2), Renaud Mary (www.runo.fr) ou Aymeric Belloir (Tout le Monde chante contre le Cancer). Dans ces conditions sélectives, le tri est vite effectué. Même constat chez les prototypes, toujours emmenés par l’impeccable Giancarlo Pedote (Prysmian). Accroché à ses basques, on trouve un trio composé de Gwénolé Gahinet (Watever Longways), Nicolas Boidevezi (Nature Addicts) et Julien Pulvé (MEXT-ICA), trois navigateurs réputés pour leur caractère accrocheur. Ces premières vingt-quatre heures n’ont pas forcément été des plus techniques, mais elles ont consacré des teigneux, des costauds.

Des paramètres stratégiques complexes

La bataille qui s’ouvre maintenant va être d’une autre nature. Il s’agit dans le régime de sud-ouest qui s’installe de faire ses choix. Partir dans l’ouest pour aller chercher du gradient de pression, c’est aussi prendre le risque d’aller affronter des vents instables à l’approche du prochain front et de voir sa progression ralentie par une mer croisée difficile à négocier pour des 6,50m. Pointer au sud, c’est jouer la carte de la sécurité et l’espoir de trouver une mer moins formée à l’abri de la côte cantabrique. En revanche, c’est la certitude de subir des vents très instables en force comme en direction et devoir effectuer en fin de parcours un long bord vers l’ouest. Or, on le sait, les régatiers n’aiment que rarement ce qu’on appelle le bord du cadre, cette route qui ne laisse plus de choix tactique en cas de variation imprévue du vent. Face à ce dilemme, les solitaires vont choisir leur route en fonction de leurs arguments : capacité à lire et anticiper les prochaines variations météo, potentiel de la machine et du barreur aux allures de près, fatigue… Tous ces paramètres vont entrer en ligne de compte. Car c’est aussi le charme de la Mini Transat. Sur ces bateaux où l’espace de vie est réduit à sa plus simple expression, où les sources d’informations externes restent limitées, le vainqueur n’est que rarement celui qui aura eu la trajectoire la plus pure. C’est de la capacité des marins à composer avec l’ensemble des éléments techniques et humains que dépend le plus souvent la réussite.

Une course dans la course

A l’arrière de flotte, on n’est pas forcément concernés par ces contingences sportives. L’essentiel étant d’arriver à bon port – à Sada, puis Lanzarote – quitte à parfois ne pas être sur la trajectoire idéale. On a pu ainsi s’inquiéter un temps de la trajectoire d’Henrik Masekowitz (Merlin-soft-Sailing), mais renseignement pris par l’intermédiaire d’un des bateaux accompagnateurs, tout va bien à bord. C’est aussi le rôle de ces chiens de garde du troupeau des Ministes de veiller au grain, de se dérouter pour prendre des nouvelles d’un concurrent à la route erratique, de vérifier que les messages de l’organisation ont bien été pris en compte. Il arrive parfois que ce soit les concurrents eux-mêmes qui servent de relais. Après le démâtage d’Arthur Léopold Léger, Tanguy Le Turquais (Terréal Rêve d’Enfance) est resté à proximité en attendant la venue du PSP Cormoran. Ce faisant, il a décroché du groupe de tête des bateaux de série. Il devrait donc bénéficier d’une procédure de redressement pour avoir porté assistance à un concurrent en difficulté. Une règle d’or qui continue de prévaloir en mer et qui fait de la course au large un sport pas tout à fait comme les autres. Pendant ce temps à Douarnenez, Stan Maslard (Groupe Sefico) s’est lancé dans une course contre la montre pour vérifier la totalité de son gréement. Le temps d‘escale technique étant limité par le règlement à 48 heures, le compte à rebours est lancé.

Classement de 16 heures

Trophée Yslab (bateaux de série)

  1. Pas de Futur sans Numérique (Ian Lipinski) à 172,6 milles de l’arrivée à Sada
  2. Netwerk 2 (Jonas Gerkens) à 1,5 milles
  3. www.runo.fr (Renaud Mary) à 1,5 milles
  4. Tout le Monde chante contre le Cancer (Aymeric Belloir) à 4,3 milles
  5. Go4it (Simon Koster) à 4,5 milles

Trophée Eurovia Cegelec (prototypes)

  1. Prysmian (Giancarlo Pedote) à 144,1 milles de Sada
  2. Watever/Longways (Gwénolé Gahinet) à 5,7 milles
  3. Nature Addicts (Nicolas Boidevezi) à 7,5 milles
  4. MEXT-ICA (Julien Pulvé) à 11 milles
  5. Roll my Chicken (Louis Segré) à 12,4 milles

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