Tonique et sélectif d’entrée
Ce n’est jamais évident de faire partir 84 Minis dans la brise avec une houle encore formée. Ça l’est d’autant moins quand les prévisions météorologiques imposent un timing serré à une flotte qui est restée bridée dans le port de Douarnenez pendant plus de deux semaines. Le départ de cette Mini Transat n’a pas failli à la tradition avec son lot de rebondissements et d’espoirs déçus.
Ce fut un départ comme on les aime, avec ce qu’il faut pour pimenter l’action : un peu de houle du large, quelques grains suffisamment puissants pour rappeler que c’est au final toujours la mer qui corrige les devoirs, un paysage somptueux, et une sortie de la mer d’Iroise en fanfare. A l’entrée du raz de Sein, les Minis pouvaient commencer à débrider. Les gennaker fleurissaient rapidement et c’est à plus de dix nœuds que les premiers franchissaient ce seuil symbolique et pénétraient dans le golfe de Gascogne.
Logiquement, on retrouvait les habitués des places d’honneurs aux avant-postes : en prototype Giancarlo Pedote (Prysmian) faisait parler la puissance de son prototype, seulement accroché par Nicolas Boidevezi (Nature Addict) sur une route nettement plus abattue que la route directe. A leur vent, Gwénolé Gahinet (Watever-Logways) en profite pour prendre la tête du peloton. Mais tout ce petit monde se tient en quelques milles et des hommes de tête à Sébastien Picault (Kickers) onzième, il y a moins de cinq milles de différence en distance au but.
En série, les ténors n’ont pas laissé planer le suspense très longtemps. Après Renaud Mary (www.runo.fr), c’est Justine Mettraux (TeamWork) qui passait en tête au raz de Sein avant que Ian Lipinski (Pas de futur sans Numérique) ne prenne les commandes pour respectivement 0,2 milles et 0,3 milles devant Renaud Mary et Aymeric Belloir (Tout le Monde chante contre le Cancer). Ici aussi, les écarts sont très faibles puisque Damien Cloarec (Lomig), septième ne pointe qu’à 1,4 milles de la tête de course.
Infortunes de mer
Pour d’autres, cette Mini Transat s’apparente plutôt à un long chemin de croix. Pour certains, il s’agit avant tout de parvenir à prendre le rythme d’une course lancée sur un tempo débridé. C’est le cas de l’Australienne Katrina Ham (Seanergy) ou de l’Italien Federico Cuciuc (Your Sail) qui comptent déjà plus de 12 milles de retard après moins de sept heures de course. D’autres n’auront pas la bonne fortune de pouvoir rivaliser avec leurs compagnons de route. Ainsi Craig Horsfield (Naked Retreat) a dû abandonner suite à un abordage avec Annabelle Boudinot. La jeune skippeur de Agro 650 a finalement pu repartir après un arrêt express à Douarnenez, ce qui a mis un peu de baume au cœur à Craig qui avait été à l’origine de l’incident. Arnaud Etchandy (Ipar Hego) victime de divers problèmes techniques a, comme Craig Horsfield, estimé que le temps nécessaire pour réparer ne lui permettait pas de repartir dans de bonnes conditions de sécurité. C’est la même analyse qu’a faite Bert Bossyns (Netwerk) revenu à Douarnenez vers 17h00, solent entièrement déchiré. Le navigateur belge, dans un creux de vague, a eu la malchance de voir sa voile d’avant se faire transpercer par un branchage entre deux eaux. Enfin, Bruno Simonnet (El Nono) était contraint d’abandonner pour raisons médicales, un de ses deux bras tétanisé.
Deux autres navigateurs faisait actuellement route de nouveau vers Douarnenez. L’Espagnol Carlos Lysancos (Reyno de Navarra) est confronté à de sérieux problèmes de pilote, suite à une collision après le départ. Stan Maslard (Groupe Sefico), quant à lui, semble jouer de malchance : après avoir cassé son support de vérin de pilote juste avant le départ, le navigateur sablais était reparti le mors aux dents. Après deux heures de course, Stan est contraint de nouveau de faire demi-tour, suite à un problème de gréement. D’avoir investi autant de son temps pour se voir contraindre de revenir au stand par deux fois… il y a des jours où la chance semble avoir déserté les rangs.
Dernière minute : démâtage de Delcroix – Mécénat Chirurgie Cardiaque
A 17h47 Arthur Léopold-Léger demandait assistance auprès de l’organisation de la Mini Transat. A 17h57, il déclenchait sa balise de détresse. Le PSP Cormoran se déroutait immédiatement sur la position du navigateur pour constater que Delcroix – Mécénat Chirurgie Cardiaque avait démâté et présentait une voie d’eau. Arthur Léopold-Léger a été récupéré par le PSP Cormoran. Il est en bonne santé.