Il y a des grands noms de la voile, mais aussi des amateurs. Ceux qui ne viennent pas pour gagner, mais pour arriver de l’autre côté et réaliser un rêve de gosse. Petit budget, expérience de la course au large minime, mais grande envie de régater aux côtés des meilleurs, les amateurs en Class40 mènent leur projet comme s’ils partaient gravir l’Everest. Rencontres.

Ils sont tous passionnés de mer et de bateaux, mais ont un gagne-pain qui ne leur permet pas de naviguer autant que les pros. Ostéopathe, project manager, médecin urgentiste… ces hommes et femmes se sont lancés dans l’aventure de la Transat Jacques Vabre, animés par le seul désir d’atteindre Itajaí au Brésil. Peu importe le classement, être au départ du Havre demeure déjà une victoire : « Ce n’est vraiment pas simple de trouver du temps pour se préparer. J’ai convoyé le bateau depuis Marie Galante avec un copain qui savait à peine naviguer. Ce fut un vrai baptême de feu ! » raconte Dominique Rivard (Marie-Galante). Michelle Zwagerman et Pat Conway (Croix du Sud), en couple à la ville comme sur leur Class40, se sont offert leur rêve : « Ça a démarré l’année dernière en avril. Nous avons acheté le bateau et l’avons réparé nous-mêmes. Pour nous, c’est un énorme challenge. » Christoph Petter (co-skipper sur Vaquita), entrepreneur autrichien, s’est mis à la voile il y a cinq ans et ne pense aujourd’hui qu’à courir les océans. La Transat Jacques Vabre sera pour lui aussi une grande première au large.

La Transat Jacques Vabre : un défi personnel
« Nous ressentons à la fois de l’excitation et de la peur », confie Michelle Zwagerman. « Il va falloir contrôler notre angoisse pendant les coups de vent, mais la plupart du temps, ce sera fantastique. Les dauphins, la lune, les étoiles : je m’attends à de beaux moments ». Pour des amateurs, même éclairés, une course d’une telle envergue demeure une opportunité de partager une ligne de départ avec la crème de la course au large. Andreas Hanakamp : « Je navigue beaucoup, je vis pour ça depuis 35 ans. Toute mon existence est dominée par la mer. Pour moi, cette transatlantique est l’Everest de la navigation en double ». C’est d’autant plus vrai que le parcours de cette 11e édition est particulièrement long et corsé.

Pour beaucoup, « la main au porte-monnaie »
S’aligner au départ de la Transat Jacques Vabre nécessite une bonne dose d’envie et de persévérance. Damien Rousseau : « Je me suis lancé sans avoir de budget en me disant que je réalisais un rêve de gosse. J’ai pris des risques, j’étais prêt à m’endetter. Je me disais que cela n’était pas pire que d’acheter une belle voiture ! J’ai finalement trouvé mon sponsor qui m’alloue un budget confortable ». Damien Rousseau a ainsi pu participer à différentes épreuves de préparation avec à la clé une jolie 9e place dans Les Sables-Horta-Les Sables. Faute de sponsor, Dominique Rivard, quant à lui, investit ses propres deniers : « J’ai contracté un prêt à la banque pour acheter un bateau à 250 000 euros. Tout coûte très cher, j’ai remis 80 000 euros dans la cagnotte depuis, et j’ai travaillé 70 heures par semaine. » Tous s’offrent une parenthèse dans leur vie quotidienne : certains y voient une grande étape vers de nouvelles aventures, d’autres une expérience unique, à l’instar de Pat Conway : « Notre bateau est déjà en vente, et une fois que nous aurons terminé la Transat Jacques Vabre, nous retournerons à une vie normale en Australie ».

La vie du village
Fermé depuis hier soir 20 heures pour cause de fortes rafales, le village de la Transat Jacques Vabre rouvrira ses portes demain matin à 10 heures.

Dominique Rivard (Marie-Galante) : [quote]Je suis kinésithérapeute aux Antilles et je n’ai pas de financement de partenaires. On a fait une transat dans l’autre sens pour amener le bateau en Europe !

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