A quinze jours du rendez-vous havrais
L’heure du départ approche à grand pas pour les quatre-vingt-dix duettistes inscrits dans la Transat Jacques Vabre ! Le chavirage de Virbac Paprec 70, survenu hier au large de Lorient, est naturellement dans tous les esprits mais cet incident ne vient pas remettre pas en cause la participation du trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild. Ainsi, dans une quinzaine de jours, Sébastien Josse et Charles Caudrelier auront dit au-revoir à leur port d’attache lorientais pour prendre la direction du Havre, d’où sera donné quelques jours plus tard le départ de la 11ème édition. C’est, en effet, le dimanche 3 novembre que s’élancera officiellement la flotte de la célèbre transatlantique à destination du Brésil. A ce stade du calendrier, le MOD70 Edmond de Rothschild, tout comme le duo qui le mènera sur les 5 400 milles du parcours, est évidemment prêt à en découdre. Mais Sébastien Josse et Charles Caudrelier n’entendent pas rester les bras croisés jusqu’au jour J. Ainsi, les deux marins s’offrent des navigations journalières pour garder le rythme mais profitent également de leurs derniers jours de terriens pour parfaire leur préparation physique ; un point qui devrait s’avérer ô combien crucial à bord de ces grands multicoques.
A seulement quatre semaines du départ de la Transat Jacques Vabre, la classe des MOD70 a connu un nouveau coup dur. Hier, tandis qu’il réalisait une sortie au large de Belle-Ile-en-Mer, Virbac Paprec 70 – l’un des deux adversaires d’Edmond de Rothschild sur la course – a chaviré. L’incident est survenu dans des conditions de vent maniables mais irrégulières. Selon les éléments communiqués par l’équipe de Jean-Pierre Dick, le duo se serait laissé surprendre par une rafale. A cette heure, l’écurie d’Absolute Dreamer n’a pas encore indiqué si le trimaran de 70 pieds pourrait ou non s’aligner au départ du Havre. Mais compte tenu du temps restant et des dégâts occasionnés lors du chavirage, cette hypothèse semble vraiment mince. Sébastien Josse nous livrait son sentiment, et ses premiers mots allaient à Jean-Pierre Dick et ses hommes : « Nous sommes désolés et très tristes pour l’équipe de Virbac Paprec car nous savons combien c’est difficile et exigeant de s’aligner au dépa rt d’une course ; le travail que cela représente tant pour l’équipe technique que pour l’équipage. Ce chavirage est également une mauvaise nouvelle pour nous car nous ne serons plus que deux (avec Oman Sail, ndlr) dans notre catégorie à participer à la Transat » déplorait le skipper avant de poursuivre sur la sécurité : « En multicoque le risque de chavirage est présent à chaque sortie, à chaque instant. Ce sont des bateaux très exigeants. Nous savons que la moindre faute d’inattention peut conduire à la sortie de route. C’est arrivé hier à Jean-Pierre et Roland, mais personne n’est à l’abri et il faut toujours garder cela à l’esprit quand on part naviguer sur ces bateaux. Edmond de Rothschild sera bien au départ du Havre. Nous avons préparé cette course avec beaucoup d’attention ; cela fait presque 1 an que l’équipe est tournée vers cet objectif. Nous avons modifié le MOD en conséquence avec l’ajout d’un ballast à l’arrière ou encore la mise en place d’un système anti-chav irage. A pparemment Virbac ne possédait pas ce système. Nous avons mis en place tous les points de sécurité connus à ce jour et c’est pourquoi avec Charles nous partons en toute confiance. Nous connaissons nos limites à bord et nous gardons bien à l’esprit que ces bateaux peuvent se mettre à l’envers. Cela fait partie du jeu ! » confiait le skipper d’Edmond de Rothschild.
Vendredi 25 octobre 12h : le rendez-vous est donné ! Il s’agit de l’heure limite d’arrivée au Havre fixée par les organisateurs pour l’ensemble des concurrents de la Transat Jacques Vabre 2013. La semaine du 21 octobre sera donc synonyme d’une grande « transhumance » en direction de la Haute-Normandie pour les unités basées sur les rivages atlantiques. Ce sera le cas pour le trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild, dont le départ de Lorient est programmé, selon les conditions météorologiques, entre le 21 et le 23 octobre. Car si les 320 milles qui séparent les deux villes devraient être vite avalés par le MOD Edmond de Rothschild, encore faudra-il qu’Eole se montre coopératif.
En s’alignant sur le départ de la Transat Jacques Vabre, Sébastien Josse et Charles Caudrelier s’apprêtent à réaliser leur première transatlantique en double en multicoque. Et pourtant les deux marins sont loin du profil de bizuth en matière de course au large : Solitaire du Figaro, Vendée Globe, Trophée Jules Verne, Transat Jacques Vabre ou encore Volvo Ocean Race . le palmarès des hommes d’Edmond de Rothschild parle pour eux. Profitant d’un début de saison en équipage à bord du trimaran de 70 pieds, Sébastien Josse et Charles Caudrelier ont doucement pris la mesure de l’exercice qui les attendait. Vainqueurs de l’ArMen Race en mai puis de la Route des Princes (Tour de l’Europe des multicoques) en juin dernier, le duo a depuis multiplié les navigations en double et n’a pas hésité à se présenter dans cette configuration au départ la mythique Rolex Fastnet Race en août dernier. Outre la qualification obtenue à l’issue de cette course, les 600 milles du parcours entre l’île de Wight et Plymouth (après un aller-retour vers le fameux phare irlandais qui donne son nom à l’épreuve) ont été riches en enseignements et ont définitivement fait basculer les marins d’Edmond de Rothschild dans la dimension du double. C’est un équipage affûté et bien décidé à briller qui se présentera au Havre dans les prochains jours.
Ne pas perdre le rythme d’ici le départ
« A un mois du départ, nous effectuons encore quelques navigations à la journée mais bien plus pour garder le rythme et ne pas perdre nos automatismes. Après quelques jours sans navigation, nous retrouvons assez vite nos marques à bord mais nous sentons bien que ce n’est pas aussi fluide que lorsque nous naviguons de façon intensive. C’est très important de rester « amariné » et de garder le contact avec le bateau, d’autant qu’une fois arrivés au Havre il ne nous sera plus possible de quitter le bassin Vauban avant le 3 novembre. Notre départ en convoyage est prévu d’ici une quinzaine de jours. Comme je le disais, ces quelques milles en direction du Havre seront notre dernière opportunité de naviguer avant le prologue donc nous tacherons à ce que ce soit instructif. La semaine prochaine, l’équipe technique procèdera à un dernier grand check du bateau et le placera en configuration course pour que nous soyons fin prêt à larguer les amarres » nous détaillait Sébastien Josse.
Le tandem Bernot – Koch, routeur météo d’Edmond de Rothschild
« Sébastien et moi profiterons de la semaine prochaine (semaine du 14 octobre, ndlr), lorsque le bateau sera à quai pour les dernières inspections de l’équipe technique, pour nous rendre à La Rochelle. C’est de là-bas que travailleront Jean-Yves Bernot et Antoine Koch, nos routeurs météo sur cette course. Nous avons l’avantage de très bien les connaître et Antoine présente le double profil que nous recherchions avec Sébastien. Il possède naturellement de solides connaissances météos mais il est surtout et avant tout navigant. Il connaît parfaitement le comportement du bateau dans les différentes conditions que nous pourrons rencontrer et il a aussi une très bonne vision de nos réactions à bord : notre gestion du stress, de la fatigue… A Jean-Yves le décryptage des fichiers météorologiques généraux, à Antoine l’adaptation de ces derniers pour établir notre stratégie sur l’eau. Aujourd’hui, il est encore beaucoup trop tôt pour savoir de quoi sera fait cette transat. Mais dans l’idée, nous nous imaginons un départ difficile, avec le passage d’une dépression dans les premières heures de course. A cette époque de l’année, ce ne serait pas surprenant de devoir composer avec de telles conditions. Si ce n’est pas le cas tant mieux, autrement nous y serons préparés » assurait Charles Caudrelier.
Enfin, la préparation physique est toujours autant au centre du planning de Sébastien Josse et Charles Caudrelier. Vélo, natation, course à pied, séances de gainage, le duo enchaînent les entraînements. Fin septembre, ils se sont également accordés quelques jours en altitude pour compléter leur programme avec de l’escalade ou encore de la marche en montagne. Accueillis à Megève, au Domaine du Mont d’Arbois qui appartient à la Famille Rothschild, les marins du Gitana Team ont pu s’oxygéner tout autant que se ressourcer.