Mer, montagne à un mois du départ …
Depuis la fin du mois d’août, Yves le Blevec et Kito de Pavant ont enchaîné les navigations, en équipage sur les Trophées Multi50 et en double lors d’entraînements, notamment au sein du Pôle Finistère Course au Large. Les enseignements sont riches et complémentaires ….
Yves le Blévec :
« En équipage, nous avons gagné en aisance. Avec Kito, nous avons commencé à mettre au point la répartition des tâches, le cadre de l’organisation du bord. Nous avons mis au point une multitude de petits détails pour nous sentir bien à bord. La confrontation avec les autres équipages a été très enrichissante. Nous avons gagné en connaissance globale du bateau. A chaque question, nous avons maintenant des réponses de plus en plus pointues. Cela nous a notamment permis d’optimiser une nouvelle voile, un code zéro (voile d’avant ndlr) que nous avons bien adaptée à nos besoins. »
Kito de Pavant :
« J’ai découvert un nouveau bateau, de nouvelles sensations. Ca a été l’occasion de partager nos expériences, de préciser comment préparer notre transat mais aussi de trouver des marques, des réglages et de comprendre où sont les limites du bateau. Evidemment, cela nous a permis à Yves et à moi de mieux nous connaître. C’est toutefois une préparation assez courte mais nous sommes en phase ! Lors du stage à Port la Forêt, nous avons beaucoup échangé avec Erwan le Roux et Yann Eliès (FenetreA Cardinal) . C’était très intéressant d’avoir l’avis extérieur d’un équipage performant. Nous nous sommes comparés en terme de vitesse et avons repéré les manques à combler. »
Dans les semaines à venir …
Les deux skippers vont avoir un emploi du temps commun et très varié à compter de la semaine prochaine. Après ces navigations bretonne ou méditerranéenne, Yves et Kito se retrouveront à Paris le temps de la conférence de presse de la Transat Jacques Vabre puis ils changeront radicalement d’univers …Ils consacreront la semaine suivante à un stage de marche en montagne en terrain varié dans les Hautes-Alpes, encadrés par Luc Alphand, qui fait partie du Team Actual, et par Eric Loizeau. Ils travailleront le foncier et la polyglobulie en parcourant chaque jour des itinéraires progressifs de 500 à 1500 m de dénivelé en altitude avec des passages de cols au-dessus de 2500 m et des passages en via ferrata et en escalade. Puis dès leur retour, à partir du 20 octobre, Yves et Kito se prépareront à convoyer le Multi50 Actual au Havre.
La Transat Jacques Vabre, une transat couleur café : analyse par Yves le Blevec
Cette année, la Transat Jacques Vabre fête ses vingt ans en proposant un parcours inédit. La course revient au Brésil, mais met le cap au sud en visant Itajai, à quelques centaines de kilomètres au nord de la frontière avec l’Uruguay. Ce sera la plus longue des transatlantiques jamais courues, avec environ 1000 milles de plus à parcourir que lors des précédentes éditions.
Du Havre à la sortie de la Manche :
« La sortie de Manche est toujours difficile. D’une part, parce que ce n’est jamais totalement évident de passer d’un monde à l’autre : au Havre, on répond aux sollicitations des médias, à la ferveur d’un public passionné. Le bassin Paul Vatine est un superbe endroit où on se sent bien. En quelques heures, on se retrouve seuls à bord et il faut tout de suite se mettre dans le rythme. Ces vingt-quatre premières heures peuvent être complexes entre courants, gestion du trafic des cargos et parfois le mauvais temps qui peut nous cueillir dès la longitude d’Ouessant. »
Du golfe de Gascogne aux alizés :
« Parfois cela peut aller très vite. Mais statistiquement, on risque plutôt de rencontrer des régimes de vents d’ouest dominants et bien souvent les mers qui y sont associées. En 2011, on avait dû subir du mauvais temps jusque dans le sud des Açores. Avec le parcours de cette année, on devrait tenter de descendre plus rapidement vers le sud. Il reste que le golfe de Gascogne peut être particulièrement délicat à négocier avec notamment le franchissement du cap Finisterre. L’objectif sera de tenter de récupérer au plus vite les alizés de l’hémisphère nord. Les régimes de nord à nord-est pourraient être sensibles dès la latitude de Gibraltar. »
Le franchissement du Pot au noir :
« On sait que le Pot au noir est en général plus facile à franchir aux abords du 25°W. Tout le jeu va donc consister à gagner dans le sud-ouest pour être bien placé au passage de cette zone de vents faibles et très variables. Ensuite, tout est question de compromis. Trop à l’ouest, on doit ensuite gagner dans les alizés de sud-est de l’hémisphère sud et on peine à faire du près. Trop à l’est, et on risque de rester englué dans les calmes du Pot au noir. Il y a dans le passage, une part de stratégie et une part de chance aussi. »
La descente sur Itajaí :
« Jusqu’à la hauteur de Rio de Janeiro, c’est avant tout une course de vitesse si les alizés sont bien établis. En revanche, la fin de parcours risque d’être particulièrement compliquée. On sort du régime des alizés et des petites dépressions venues de l’Uruguay peuvent bouleverser la donne. De plus, ce n’est pas une région que l’on a beaucoup l’habitude de fréquenter. »
Le parcours en général :
« Personnellement, c’est un parcours qui me plait bien avec beaucoup de zones de transitions dans lesquelles il devrait y avoir du jeu. Et, tout au moins, jusqu’à la hauteur de Salvador de Bahia, c’est un parcours qui jusque là m’a plutôt réussi entre la Mini-Transat que j’ai remportée et les records autour du monde. Il reste juste l’incertitude autour de la fin du parcours, mais dans l’ensemble, c’est plutôt attirant. »