La grande ourse leur montre le chemin. Au milieu d’une kyrielle d’étoiles, elle pointe au-dessus de Port-Cros. Les solitaires ont cravaché toute la nuit, se sont offert des surfs endiablés à plus de 14 noeuds, se sont battus comme des diables. Mais ce matin, la mistoufle les attend, ce qui présage un chamboulement au classement. A une poignée de milles de Port-Cros, les Figaro Bénéteau commencent à se regrouper. Qui passera Port-Cros, marque de parcours obligatoire, en premier ?

120 milles en 12 heures… On ne les attendait pas si tôt à Port-Cros. Les 15 marins se sont encore offerts une nuit blanche sous la boule à facette de la voie lactée. Poussés par un vent d’ouest bien établis à 20 nœuds, ils ont déboulés sur la Méditerranée. Petit spi, grand spi, affalage, grands moments à la barre, une chevauchée qui probablement marquera cette édition de La Generali Solo.
Gildas Morvan (Cercle Vert) largement en tête hier soir et Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) ne se sont pas lâchés d’une semelle cette nuit. Quelques mètres les séparent au petit matin. Dans la pétole, ils affichent moins de 4 nœuds au compteur. Derrière, Fred Duthil (Sepalumic) et Anthony Marchand (Bretagne-Crédit Mutuel Performance) sont dans le même cas. Devant Port-Cros, la régate risque de prendre un nouveau départ. Comme à la loterie, chacun peut encore tenter sa chance.

59 milles jusqu’à Beaulieu sur mer

La journée promet d’être compliquée. Pour rejoindre Beaulieu sur Mer, les solitaires devront jouer avec un régime de brise thermique d’est. Mais, comme chaque marin a pu le constater depuis le début de La Generali Solo : rien n’est sûr en Méditerranée. Si l’ETA pourrait bien être la nuit prochaine, personne n’ose encore s’avancer. Les jours passent mais ne se ressemblent pas sur cette deuxième grande étape.

Ils ont dit

Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) :

« Ça glisse bien c’est top, on a du vent au moins jusqu’à Port Cros. J’étais un peu pessimiste avec les fichiers mais ça a tenu et ce n’est pas plus mal. On n’arrête pas de se doubler et de se redoubler avec Gildas (Morvan). Il avait plus d’un mille d’avance sur moi hier soir, je l’ai doublé dans la nuit, je suis revenu sous spi, j’étais bien devant lui. Dès qu’on a affalé, je suis allé dormir et il est repassé devant. On enchaine les manœuvres entre le grand spi, le petit spi, les affalages. Il nous reste une soixantaine de milles jusqu’à l’arrivée. Jusqu’à présent, on avait 20 nœuds d’ouest, mais c’est en train de mollir en approche des îles et je pense que la fin, jusqu’à Beaulieu, va se jouer dans les petits airs. Je suis à 5,8 milles de Port Cros. On devine les contours des îles devant nous. On retrouve de la vie. Il y a un beau paysage, un ciel étoilé énorme comme on n’en voit qu’ici. J’ai l’intention de passer entre la petite île (Bagaud) et Port Cros, déjà parce qu’il y a un gain de route et puis c’est une île qui n’est pas très haute, elle fait 50 mètres de haut. Sinon, Fred Duhtil est bien revenu tout à l’heure quand a chopé une bonne zone de vent plus faible et là, il est revenu à moins de 0,5 mille. Je pense qu’il va enrouler Port Cros avec moi. D’ici Beaulieu la route est encore très longue, il y a encore des choses à venir ».

Frédéric Duthil (Sepalumic) :

« Ça a bien bagarré sous spi au large serré, il y a eu pas mal de vent en fait cette nuit. Ça nous a permis de bien avancer : on va arriver à Port Cros dans une demie heure. On n’a pas trop dormi la première nuit, ni cette nuit d’ailleurs, donc il va falloir être vigilant sur les mistoufles à venir. On approche Porquerolles et ça commence à mollir. Ce n’est que le début. J’ai réussi à dormir un peu sous pilote, j’ai bien récupéré et j’espère qu’il y aura suffisamment de vent pour se reposer. Devant il ne sont pas très très loin, derrière il y a Anthony Marchand. On voit bien l’île de Porquerolles et on commence à apercevoir les feux de Hyères. Ça va être sympa. Mais on est complètement dans le flou artistique concernant la météo. Je suis incapable de dire si ce vent va rester aux abords du rivage, j’espère qu’on va le garder au maximum. L’arrivée à Beaulieu c’est quand même assez loin et il peut se passer pas mal de choses, notamment un nouveau régime de vent. Je suis entrain de préparer le spi pour attaquer ente les îles ».

Anthony Marchand (Bretagne – Crédit Mutuel Performance) :

« On a eu des conditions assez ventées mais cette nuit c’est assez calme. La première nuit, j’ai un peu tout donné parce que j’étais en tête après le petit parcours et puis j’ai un peu souffert. Ils me dépassaient bateau par bateau. Ce n’est pas simple la Méditerranée. On a creusé avec les copains derrière mais là ça commence à mollir et on va arriver dans de la mistoufle. On va tous se regrouper et le classement à l’arrivée sera complètement différent de celui que nous avons maintenant ».

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