Mise en place
Peu de soleil et peu de vent aujourd’hui pour le 1er jour du Derby Kite sur la grande plage de la Baule. Les inscriptions avaient lieu ce matin et au total 19 participants ont été recensés. 17 garçons et 2 filles. Moins de riders qu’annoncé donc mais un plateau suffisamment chargé pour rendre la compétition intense. Pas assez de vent pour courir aujourd’hui, à l’exception de quelques risées et un bref rayon de soleil en fin de journée ayant permis à quelques riders de faire des essais sur leur planche à foil. Il n’y a plus qu’à espérer des conditions plus clémentes et plus favorables pour demain. Zoom sur le programme des hostilités.
Bruno Sroka, star du Derby Kite
Le créneau sera court demain pour envoyer l’épreuve de speedcrossing… Un vent d’une dizaine de noeuds de sud-est devrait se lever en milieu de matinée jusqu’en début d’après-midi. Olivier Hervoche, co-directeur de course est optimiste « on espère que le vent restera stable quelques heures de manière à courir trois manches, mais ce n’est pas gagné, ça va être sensible, aujourd’hui le vent a fait deux tours complets! »
Demain matin le briefing a lieu à 10h et si le vent ne fait pas des siennes, le comité de course enverra immédiatement une première manche sur un parcours vent de travers entre deux bouées.
Si la liste des inscrits est moins fournie que prévue, quelques grands noms du kite ont toutefois répondu présents! Parmi eux Bruno Sroka, le kiteur aventurier : »C’est la 4e année que je viens et ce que j’aime vraiment sur le Derby Kite c’est la proximité qu’il y a avec le public et cette ambiance particulière qu’il y a sur l’évènement, c’est très familial. On est là avant tout pour se faire plaisir et non pas pour se fritter sur l’eau, même si ça reste une compétition et que le niveau est haut ».
PORTRAIT D’UN RIDER DU LARGE
Grand, costaud et blond, jusque là Bruno Sroka a le profil type du kite-surfeur que l’on s’imagine, à part peut-être les lunettes qui assagissent le personnage sportif. Mais à 37 ans, le triple champion du monde, d’Europe et de France de kitesurf présente un parcours un peu différent de celui de ses congénères: « Je ne fais plus de freestyle depuis 10 ans, ça va donc être sympa de faire quelques sauts sur le derby si les conditions s’y prêtent. Aujourd’hui je fais de la « race »(parcours de remontée au vent, planches avec des longs ailerons) et surtout je développe des projets de traversée, j’essaye de donner au kite une dimension d’aventure qu’on ne lui attache pas forcément… »
Ce n’est pas peu dire, en 2008, Bruno est le premier homme à franchir le Cap Horn en kitesurf, en 2009 il traverse le golfe d’acaba et relie la Jordanie, l’Egypte et Israel avec dans son aile, le symbole de l’ONU destiné à délivrer un message de paix aux trois gouvernements de cette région. En 2012, peu avant les Jeux Olympiques de Londres, il a traversé la Manche en soutien au projet de faire du kitesurf une discipline olympique « Je pars du principe que le sportif est un passeur témoin, il a la chance de pouvoir faire passer des messages, des messages de paix, de solidarité, d’écologie… c’est une chance d’avoir cette force de parole, c’est dommage de ne pas la mettre à profit. Plus que l’exploit ce qui m’intéresse c’est de donner un sens à chacune de mes traversées ».
Plus récemment, en juin, le kite-surfeur a effectué une traversée France-Irlande et compte bien traverser la Méditerranée de la France vers la Tunisie en 2014. Entre temps au mois de novembre, il traversera l’Atlantique des Canaries vers les Caraibes en relais, tout ça dans le but de réaliser la traversée de l’Atlantique en solitaire et sans assistance en 2015 en partant de New-york pour ralier Brest, sa ville d’adoption…
« Cette première transat’ en relais est un excellent entrainement pour moi et puis c’est intéressant de travailler en équipe, je n’ai pas l’habitude, là on est six de nationalités différentes et chacun apporte ses connaissances. Moi j’apporte la technicité parce que je suis le seul à avoir déjà fait ce type de traversée. On estime à 14 jours de navigation la traversée, on va se relayer toutes les deux heures, jour et nuit, on va faire des roulements, si tu ne navigues pas soit tu te reposes soit tu surveilles celui qui navigue… Ca va être une super préparation à ma traversée de l’Atlantique. Un catamaran accompagnateur nous suit, ce sera notre base, contrairement à mon projet où un bateau me suivra mais je ne mettrai pas les pieds dessus »
Un programme très chargé donc pour le rider qui ne cesse d’envisager de nouvelles perspectives et de diversifier ses activités « Monter un projet c’est comme monter une entreprise, il y a tellement de contraintes en terme de météo, de logistique qu’il faut forcément trouver des alternatives. Sur la traversée France-Irlande ce qui m’a sauvé c’est la musique (j’avais un ipod étanche!) Et le foil sur ma planche, je n’ai pas toujours eu le même vent, le foil permet de naviguer dans 5 noeuds, j’avais fait un peu de recherche dessus avant de partir et j’ai développé un engin très stable, c’est intéressant de mettre en application des concepts que tu imagines! »
Plus qu’un simple sportif, Bruno Sroka est un polyvalent du kite, membre de trois associations, il est aussi son propre producteur d’images, un passionné qui ne se fixe pas de limites « je sais pourquoi je me lève le matin, ces projets me permettent de gouter à tous les corps de métier et maintenant quand on me demande quelque chose, je sais pourquoi je le fais, tu deviens beaucoup plus professionnel dans toutes les démarches que tu entreprends, être compétiteur ce n’est pas uniquement être sportif, c’est être systémique ».
On lui laisse aisément le mot de la fin.