La dernière journée de finales des championnats du monde de 470 vient de s’achever à La Rochelle. Dans le camp français, la victoire de manche des jeunes Cassandre Blandin et Charlotte Mery de Bellegarde constitue le petit rayon de soleil d’une journée dominée par les équipages du Pacifique.

Quatrième sacre annoncé pour l’Australien Mat Belcher

Chez les garçons, les Australiens Mat Belcher et Will Ryann ont tout fait pour faire oublier le petit passage à vide d’hier. A la veille de la medal race, ils ont une avance de sept points sur leur plus proche concurrent. Le barreur pourrait devenir champion du monde pour la quatrième année consécutive, un record historique chez les hommes. Pierre Leboucher et Nicolas Le Berre, dans le coup sur la première course (10ème) ne prennent pas de risque sur la deuxième et paient cette prudence le prix fort. « On est parti derrière et c’était très dur à remonter » explique le barreur. Vice-champion du monde l’année dernière, Pierre va tout faire pour réaliser un nouveau podium demain. Pour atteindre cet objectif, il lui faudra tenir l’équipage Argentin, médaillé de bronze à Londres, à bonne distance.

L’heure de la remobilisation

Chez les filles, ce sont les Néo-Zélandaises Jo Aleh et Polly Powrie qui prennent une sérieuse option pour le titre. Championnes olympiques, deuxièmes du championnat d’Europe, elles peuvent devenir demain championnes du monde de la discipline. Sauf miracle, Camille Lecointre et Mathilde Géron ne peuvent plus leur reprendre cette première place mais l’argent est à leur portée. La barreuse, qui rêvait d’un titre mondial, ne cache pas sa déception. « C’est sûr que l’argent ou le bronze c’est pas mal mais quand tu sors des qualifs en tête, que tout se passe bien, tu attends mieux » explique la Brestoise. Pour le directeur de l’Equipe de France, Guillaume Chiellino, « il leur faut maintenant se remobiliser sur ce très bel objectif qu’est un podium sur un championnat du monde ».

Double faute pour Bouvet et Mion

Enfin, les jeunes Sofian Bouvet et Jérémie Mion peinent sur la dernière manche du jour. Après avoir touché le bateau viseur et écopé d’une pénalité, le courant les déporte sur une bouée et ils prennent une nouvelle sanction. 20ème à la manche, ils sont septièmes du général ce soir et feront tout pour sécuriser cette place. « On a plus à perdre qu’à gagner » calcule le barreur qui sait que la sixième place sera dure à atteindre demain.

Medal race mode d’emploi

Demain, seuls les dix premiers de chaque série régateront sur une régate très courte, qui compte double et ne peut être retirée. La « medal race » sera donc cruciale pour les Français. Les deux équipages masculins disputeront leur medal race à 14h00. Camille Lecointre et Mathilde Géron leur succéderont à 14h45. Les courses se dérouleront à proximité de la digue.

Interview de Guillaume Chiellino :
« On a deux Français en medal race chez les hommes. C’est mathématiquement impossible pour le titre mais pour la troisième place, c’est jouable. Il faudra que Pierre et Nicolas parviennent à intercaler un bateau entre eux et les Argentins. Le jeu, ce sera pas seulement d’être devant. Ils partiront dans l’idée de gagner la manche. Il faut faire la meilleure course possible et espérer que l’autre fasse un petit faux pas, ce qui est largement faisable vu l’adversité qu’il y aura demain. Ce sera certainement un match France – Argentine. Les filles sont passées à côté de leur journée. Le titre n’est plus jouable sauf surprise et elles vont donc jouer entre deux et quatre. Il leur faut maintenant se remobiliser sur ce très bel objectif qu’est celui d’un podium sur un championnat du monde. La deuxième place est à portée de fusil. Il peut donc y avoir deux podiums français demain. Ce soir, ils vont donc se reposer, passer au kiné et se changer les idées pour arriver frais et dispos demain et le couteau entre les dents. »

Interview de Camille Lecointre :
« Il faut beaucoup d’humilité ! Un jour tu pense avoir tout compris et le lendemain, c’est l’inverse… On peut jouer l’or mais il faudrait vraiment qu’il y ait un miracle. C’est sûr que l’argent ou le bronze c’est pas mal mais quand tu sors des qualifs en tête, que tout se passe bien, tu attends mieux. On sait qu’un championnat du monde, c’est ce qu’il y a de plus dur après les Jeux, voire plus dur que les Jeux car il y a plus de monde. C’est assez serré pour demain. Chacun va essayer de faire de son mieux et personne ne va se risquer à marquer un équipage. »

Interview de Sofian Bouvet :
« Ça a été un petit peu dans la douleur. La première manche, on s’est bien débrouillé. On a été des gagne-petit tout le long, on a été assez lucides sur les changements de vent. Et sur la deuxième, on prend un très mauvais départ. On touche le viseur et on part dernier. On a eu un peu de réussite pour revenir et on touche la bouée au vent… Il a donc fallu faire un nouveau tour et on a perdu beaucoup de terrain. On limite la casse avec une manche de 19, … avec deux pénalités, on est contents… Pour résumer la régate, on a pas vraiment bien navigué et on est quand même septièmes. On a eu des problèmes de vitesse, de tactique… On a essayé de gommer ces erreurs là mais on lâche beaucoup de points. Demain, on va essayer, au moins de gagner notre place. On aurait aimé faire beaucoup mieux. On a eu de bonnes phases mais aussi des moments très durs. »

Interview de Pierre Leboucher :
« Au niveau météo, c’était pas forcément simple à anticiper. La première manche, on se bat bien et on termine avec l’Australien et l’Anglais. Sur la deuxième, c’est hyper chaud sur le départ. On a pas voulu prendre de risques à cause de notre discard et on part derrière et c’est dur de remonter. On est content car l’objectif d’être dans les huit est atteint. Demain, on va jouer mais le bilan est plutôt positif. Avec la blessure de Nicolas, on n’était même pas sûrs de naviguer avant le début du championnat. »

Le 470, l’empire du juste milieu
Pendant les deux dernières semaines, près de 400 de ces petits dériveurs se sont succédé à La Rochelle. Sur la cale du port des Minimes, il y a les stars bien sûrs avec des bateaux affutés comme des rasoirs mais également une foule d’amateurs engagés sur des montures plus anciennes, parfois historiques. Qu’ils soient jeunes, vieux, amateurs ou professionnels, tous ont en commun la passion de ce bateau d’apparence banale, né du dessin d’André Cornu il y a maintenant un demi-siècle. De Quiberon, le 470 a conquis le monde et est aujourd’hui présent dans plus de 90 pays. Preuve en est, l’Angola et les Philippines, des nations étrangères à la voile olympique ont pour la première fois des représentants en 470 sur un championnat du monde. En 50 ans, plus de 40 000 unités ont été écoulées à travers le monde annonce la classe internationale. « C’est un bateau accessible, tant au niveau du prix que de la technique. C’est un bateau pointu si tu veux être performant mais c’est aussi possible d’en faire en touriste pour emmener les enfants faire un tour » avance Pierre Leboucher, en tête du championnat du monde qui rappelle que la balade familiale est fortement déconseillée sur un bateau explosif comme le 49er. Car le crédo du 470 est d’être le bateau « du juste milieu » comme l’explique le Président de la Fédération Française de Voile, Jean-Pierre Champion. « Le bateau est le même pour les hommes et les femmes. Cela permet aux garçons et aux filles de naviguer sur les mêmes bateaux et ainsi de faire des économies d’échelles ». Un 470 peut ainsi avoir plusieurs vies. Destiné aux compétiteurs en sortie de chantier, il devient ensuite un support d’apprentissage de la régate en école de voile. Et s’il trouve une famille attentionnée, il peut même finir ses jours bichonné comme un trésor.

Jeunes : Les bleuets brillent à Tavira
Le Championnat d’Europe Jeunes EUROSAF 2013 s’est déroulé du 5 au 9 août dans les eaux portugaises de Tavira. Avec cinq podiums dont deux titres, la France termine première nation devant l’Italie et l’Espagne. En 29er, l’équipage composé de Tom Carissan et Loic Fischer Guillou est sacré champion d’Europe. En 420 Hommes, Hippolyte Machetti et Sidoine Dantes sont eux aussi victorieux.
En 29er, Brice Yrieix et Tom Garcia prennent la seconde place du podium tout comme Dante Chiapello en RS :X Hommes et Maelle Guilbaud en RS :X femmes.

Résultats provisoires Hommes (après 7 courses en finale) :
1. AUS Mat Belcher et Will Ryan – 32 pts
2. GRE Panaglotis Mantis et Pavlos Kagialis – 39 pts
3. ARG Lucas Calabrese et Juan de la Fuente – 45 pts
4. FRA Pierre Leboucher et Nicolas Le Berre (ASPTT Nantes / FFVoile) – 49 pts

7. FRA Sofian Bouvet et Jérémie Mion (YC Antibes / SR Havre) – 78 pts
21. FRA Vianney Guilbaud et Vincent Guillarm (CV St Quentin / USAM Voile) – 131 pts
24 .FRA Gabriel Skoczek et Achille Nebout (YC Mauguio Carnon / YC Mauguio Carnon) – 131 pts

Résultats provisoires Femmes (après 7 courses en finale) :
1. NZL Aleh Jo et Polly Powrie – 13 pts
2. FRA Camille Lecointre et Mathilde Géron (SR Brest – Equipe de France militaire / CMVSB – Equipe de France militaire) – 21 pts
3. SLO Tina Mrak et Veronika Macarol – 27 pts

17. FRA Cassandre Blandin et Charlotte Mery de Bellegarde (SNO Nantes / SNO Nantes) – 92 pts

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