Le Français Brezellec mène la fronde
Chaude journée à Marseille avec un thermique toujours aussi « piégeux » pour les manches du jour. D’autant plus que, ressemblant à s’y méprendre aux conditions de la veille (vent oscillant de secteur Sud-Ouest, de 6 à 12 nœuds), la solution sur le plan d’eau était opposée. « On a beau connaître, cela démontre la fragilité des thermiques. Dans ces conditions l’observation du plan d’eau est très importante… » Celui qui livre ce verdict plein de retenue, c’est Eric Brezellec, sans aucun doute le grand gagnant de la journée avec deux victoires en autant de manches. « C’est vrai, on ne peut pas mieux faire, mais j’ai aussi envie de retenir la bonne journée des Français en général qui ont remporté toutes les manches du jour. »
Mais reprenons les choses dans l’ordre.
Encore une fois, faute de vent, la journée a démarré tardivement.
Avec des flottes toujours aussi impatientes, c’est sous pavillon noir que les départs ont été donnés et leur lot d’éliminés puisque chez les Gris, 14 bateaux ont été sortis de la première manche de la journée pour cause de départ anticipé. Pour une victoire pleine d’autorité des Espoirs du Pays-de-la-Loire, confirmant ainsi leur deuxième place dans la 2ème manche de la veille. Les Français n’ont d’ailleurs pas fait les choses à moitié dans cette manche en s’octroyant les huit premières places.
Dans le rond Jaune, plus au nord, c’est Eric Brezellec qui a emporté sa première victoire du jour. Devant « Manche Basse-Normandie » de Maxime Mesnil et « Hotel Princesa Yaisa » du leader espagnol Rayco Tabarès Alvares. « Je dois avouer qu’on avait très bien préparé les conditions qu’on a eu ce jour, analysait Eric Brezellec, il nous fallait : 1. Prendre un super départ et 2. Aller vite. Cela a payé, ce n’est pas plus compliqué ! ;-)) »
D’autant plus que le Breton a remis le couvert dans la seconde manche des Jaunes, quelques minutes plus tard. Et même si la course s’est terminée dans une ambiance « pétolisante », la moitié de la flotte terminant hors délai, le Français l’a de nouveau remporté.
Pendant ce temps, du côté des Gris, un autre bateau « Interface Concept » l’emportait, celui du Champion de France Simon Moriceau avec une flotte d’espagnols à ses basques…
Un grand chelem français, donc pour cette deuxième journée marseillaise. « La flotte propose un beau mélange, jugeait Eric Brezellec. Il y a des amateurs éclairés, des pros mais surtout des jeunes prêts à en découdre. Et chez les Français, existe une vraie émulation. C’est de bonne augure, mais la route est encore longue… »
Au général, si les Espagnols mènent toujours la danse avec « Hotel Princesa Yaisa » devant et le tenant du titre « Factor Energia » de José Maria Van der Ploeg en 3ème position, les Français prennent place à l’image d’Eric Brezellec en deuxième position. La route est encore longue mais la direction est la bonne…
GREY GROUP
RACE 3
1 – ESPOIR PAYS DE LA LOIRE – TURPEAU Matthieu (FRA)
2 – TITANIYCH – FEVRIER Philippe (FRA)
3 – VOILE AMBITION DUNKERQUE 1 – HENRI Alexis (FRA)
RACE 4
1 -INTERFACE CONCEPT 2
MORICEAU Simon (FRA)
2 – DELTASTONE – MARTINEZ Carlos (SPA)
3 – GOLOSINAS FINI
MARTINEZ ALIAGA Roque (SPA)
YELLOW GROUPE
RACE 3
1 – INTERFACE CONCEPT – BREZELLEC Eric (FRA)
2 – MANCHE BASSE-NORMANDIE
MESNIL Maxime (FRA)
3 – HOTEL PRINCESA YAISA – TABARES ALVARES Rayco (SPA)
RACE 4
1 – INTERFACE CONCEPT – BREZELLEC Eric (FRA)
2 – HOTEL PRINCESA YAISA – TABARES ALVARES Rayco (SPA)
3 – VILLE DE LA ROCHELLE/SRR
BOUDGOURD David (FRA
CLASSEMENT GENERAL AVANT JURY
1 – HOTEL PRINCESA YAISA TABARES ALVARES Rayco (SPA) – 8pts
2 – INTERFACE CONCEPT BREZELLEC Eric (FRA) -13pts
3 – FACTOR ENERGIA VAN DER PLOEG José maria (SPA) – 23pts
4 – ELECTRA PONROY Quentin (FRA) – 26pts
5 – ESPOIR PAYS DE LA LOIRE – TURPEAU Matthieu (FRA) – 32pts
Echos et autres bruits de ponton
José Van der Ploeg Junior, 13 ans, équipier sur le bateau « Factor Energia » skippé par son père José Maria Van der Ploeg, tenant du titre.
« C’est ma troisième grande compétition internationale et je ne suis pas effrayé par le plateau. Pour moi, les plus dangereux sont les Espagnols Iker Martinez et Rayco Tabarès Alvares, ainsi que le Français Eric Brezellec. Ma prochaine régate, c’est celle de mon club le Club nautique El Balis. Quant à mon modèle, bien sûr, c’est mon père… »
Les Gris rient jaune
Mouvement d’humeur chez les bateaux du rond gris à l’issue des dernières manches. Faute de vent, la moitié de la flotte jaune est arrivée hors délai au terme de la deuxième manche du jour. Du coup, tout ce monde a marqué 30 points. Au détriment de la seconde moitié de la flotte des gris, forcément…
L’indiscipline chronique
Entendu sur les pontons avant les premières régates de ce Mondial : la flotte des J/80 serait particulièrement bien disciplinée, rares étant les rappels et encore plus, les pavillons noirs. Il faudra désormais parler de cette sagesse au passé puisqu’à Marseille, on ne compte plus les rappels. Mieux, toutes les manches courues lors des deux premières journées ont été lancées sous pavillon noir. Après, on va dire que ce sont les Marseillais qui sont indisciplinés…
L’interview du jour : Hervé Bassignana et Christophe Lenoir, Club Nautique de la Marine de Toulon
Marins jusqu’au bout
Avec une douzaine de bateaux, la Marine Nationale est présente en nombre lors de ces Mondiaux. Si on y croise des bateaux de la Marine de Brest, de Cherbourg, de l’Ecole navale, la Marine de Toulon a investi les lieux avec sept bateaux engagés. Hervé Bassignana et Christophe Lenoir, responsables de cette grande équipe varoise, expliquent la démarche.
Comment expliquez-vous l’importante présence de la Marine Nationale lors de cet événement ?
Tout d’abord, il faut savoir que la Marine Nationale a acheté 50 J/80 qu’elle a répandue dans ses clubs nautiques. Cela en fait, probablement, la plus importante flotte de J/80 en France.
Et celle de Toulon en particulier ?
Nous avons sept bateaux inscrits, qui sont le résultat de qualifications que nous avons disputées toute l’année. Au départ, il y avait une douzaine d’équipages. A Toulon, nous développons particulièrement deux sports : le rugby et la voile. Le J/80 nous permet un travail collectif et de développer des qualités telles l’aguerrissement, l’esprit d’équipe et bien sûr, le sens marin. Cette année, notre programme comportait trois régates : novembre à Hyères, la Semaine Nautique Internationale de la Méditerranée, ici à Marseille, et ce Mondial. Il faut dire que c’est une première pour nous, que la Marine y a mis des moyens importants…
Les équipages sont composés exclusivement de militaires ?
Non, le Club Nautique de la Marine de Toulon accueille aussi des civils. Nous avons un équipage féminin, un autre de retraités dont la moyenne d’âge est de 65 ans, mais tous sont ici pour donner le meilleur d’eux mêmes.
Avez-vous des objectifs de résultats ?
Le niveau des bateaux est différent. Nous aimerons qualifier deux ou trois bateaux pour le rond « gold ». A l’issue de la première journée (ndlr : cette interview a été réalisée avant le départ des manches de la 2ème journée), notre meilleur bateau (Antarès) est 9ème du classement général (très) provisoire, avec notamment une 3ème place lors de la première manche. Atria (34ème) et Alhena (51ème) sont dans la première moitié du classement. Capela, Electra, Alcor et Polaris sont plus loin.
A l’issue des premières manches, que retenez-vous de ces Mondiaux ?
On s’est rendu compte qu’il n’y a pas de grosses différences de vitesse entre les bateaux mais que la flotte est très hétérogène. Du coup, le départ est la phase la plus importante. Et la plus difficile parce que tous les bateaux peuvent se faire piéger par un concurrent moins à l’aise. Et puis, le plan d’eau est difficile à lire.