Morgan Lagravière (Vendée) pointe en tête ce matin après une première nuit relativement paisible, dans un vent qui n’a jamais vraiment déserté le golfe de Gascogne. Pas encore ! En attendant un probable épisode de calmes en fin d’après-midi, c’est tout droit, au reaching en direction de l’île d’Yeu, ballottés par la houle.

Un bon tiers du golfe de Gascogne a été englouti depuis le départ, sans énorme coup d’arrêt. Tout au plus quelques ralentissements hier après-midi pour s’extirper des côtes espagnoles. Cette nuit, le vent s’est calé au sud-est et souffle entre 10 et 12 nœuds. Sous un ciel sans lune, la meute, étalée en éventail, creuse son sillon vent de travers, tribord amure, dans le plancton fluorescent. La houle traversière joue toujours les berceuses, pourtant il faut éviter de flancher trop longtemps à la barre pour remporter cette course de vitesse qui se joue en direction de la prochaine marque de parcours 130 milles plus loin : l’île d’Yeu. Ce début d’étape 3 n’a pas été si complexe que cela. Et les grands écarts latéraux (20 milles pour toute la flotte) n’ont pour l’heure, pas accouché de grands événements.

Pour l’instant, ce sont les coureurs positionnés plutôt dans l’Est qui ont ce matin les honneurs du classement. Normal : ceux sont eux qui ont bénéficié de la rotation du vent à droite. Morgan Lagravière (Vendée) mène ce groupe par ailleurs composé de Nicolas Lunven (Generali), Julien Villion (Seixo Habitat), Vincent Biarnès (Prati Bûches), le plus oriental Yoann Richomme (DLBC), Xavier Macaire (Skipper Hérault), Frédéric Duthil (Sepalumic) ou encore Adrien Hardy (Agir Recouvrement).

Les plus occidentaux, eux, se sont fait légèrement distancés au classement. Ils ont mangé leur pain noir pendant cette première phase de course et attendent avec impatience le deuxième coup : la rotation du vent au sud-ouest. Le leader du classement général provisoire Yann Eliès (Groupe Quéguiner Leucémie Espoir) en fait partie. De même que Nicolas Jossier (In Extenso Experts comptables), Thierry Chabagny (Gedimat) ou encore Thomas Ruyant (Destination Dunkerque). Jean-Pierre Nicol (Bernard Controls), le plus extrême dans sa stratégie, accuse maintenant 12 milles de retard sur les premiers.

Aux deux extrémités du plan d’eau, en tout cas, plus personne ne se voit à l’AIS. Les seuls référents sont les petits camarades de son propre groupe. Chacun a choisi son camp et il faudra l’assumer pendant toute la traversée du golfe de Gascogne.

Ils ont dit :

Nicolas Lunven (Generali) – 2ème au classement de 5h :

« Une nuit plutôt agréable, finalement le vent s’est établi hier soir du coup tout la nuit on a eu une dizaine de nœuds, entre 10 et 12 nœuds. Finalement la houle n’a pas été trop gênante donc j’ai pu bien me reposer ce qui est important. Je pense que je n’ai pas perdu trop de terrain, j’ai plutôt fait une bonne nuit par rapport à mes camarades autour de moi. Je suis donc plutôt satisfait, ça s’est bien passé, les conditions étaient agréables.
On s’attendait à un début de course compliquée surtout hier soir pour s’extirper de Gijon. Au final ça s’est plutôt passé en douceur, donc tant mieux on n’a pas pris de retard sur les échéances météo à suivre. On est quasiment à mi chemin entre Gijon et l’Ile d’Yeu donc ça a même été assez vite. Par contre dans la journée on va sans doute avoir un passage un peu plus délicat où le vent va probablement mollir, tourner, il faudra envoyer les spis, après il faudra empanner. Tout ça avec des vents assez faibles, mais bon on ne va pas se plaindre, j’ai actuellement 13 nœuds de vent et le bateau est à 8 nœuds donc c’est pas mal !
Pour l’instant c’est un peu une course de vitesse en visant un peu plus Nord que l’Ile d’Yeu parce qu’on cherche à aller contourner une petite bulle où il n’y aura pas beaucoup de vent justement au cours de la journée. Donc pour ne pas rentrer dans cette zone sans vent on va la contourner par le Nord, on ne sera pas tout à fait sur la route directe mais à 15° près on y est.
Les dauphins on ne s’en lasse pas, c’est toujours un spectacle aussi fabuleux surtout avec le plancton phosphorescent, les dauphins qui jouent autour du bateau. C’est vraiment quelque chose de magique, je ne m’en lasse pas encore… »

Vincent Biarnes (Prati’Bûches) – 4ème au classement de 5h :

« Je suis parti babord bout de ligne devant toute la flotte qui était en tribord, bon c’était un peu couillu mais je suis assez content de ce coup là. Voilà j’ai déballasté sur babord, matossé, j’avais prévu mon petit truc depuis 2-3 minutes puisque le vent avait basculé un peu sur la gauche et bon c’était un peu tendu puisque je suis passé à quelques longueurs devant toute la flotte, c’est plutôt jouissif de passer comme ça devant tout le monde. J’étais route directe vers la bouée quasiment, j’avais plus qu’un petit contre bords à faire pour passer la marque en tête.
Là on attaque la traversée du Golfe et ça attaque de tous les côtés, il y a des routes qui divergent beaucoup. Je trouve qu’il y pas mal d’écarts latéraux en très peu de temps. J’ai l’impression qu’il faut s’attendre à des options très radicales. Jean-Pierre Nicol est resté très haut sur la route. Sous mon vent il y a TBS, Cercle Vert et Generali qui plongent, qui font de la vitesse. Beaucoup d’écarts et d’options en perspective. Cela va être intéressant, après les conditions sont assez aléatoires, je trouve qu’il n’y a rien de clair dans tout ça avec l’anticyclone qui va nous barrer la route, on va avoir un vent d’Est pas très longtemps, c’est pour ça qu’on tire un peu sur la barre. Après pour finir il vaudra mieux être dans l’Ouest de la route donc la route est longue et il y a plein de choses à faire j’imagine !»

Julien Villion (Seixo Habitat) – 3ème au classement de 5h:

 » Ca s’est bien passé jusque là, j’étais content de mon départ et des premier bords, j’ai été patient dans les premiers coups de mou qu’on a eu dès le départ parce que finalement ça a été sélectif direct donc je suis content d’être là maintenant. On a eu du vent faible qui a tourné pas mal, il fallait un peu persister dans son idée et pas trop tergiverser, il y en a qui sont partis assez vite vers le large si j’ai bien compris. Voilà, l’idée c’est de se placer par rapport à la petite bulle anticyclonique qu’on va devoir contourner assez tôt et il y avait une rotation devant à l’Est à prendre dans le bon sens donc vu qu’il y a pas mal de bateaux qui ont disparu à l’AIS je pense qu’on a fait une bonne opération avec la flotte avec qui on est. La flotte a l’air très étalée en latéral donc on verra à l’Ile d’Yeu ce que ça donne !
J’ai pas mal dormi en essayant de mettre un peu d’avance du sommeil de côté, j’ai fait pas mal de petites siestes dès que je pouvais mais c’est quand même assez technique de faire avancer le bateau, le vent bouge un petit peu, la houle est un peu de ¾ donc il fallait être un peu sur les réglages mais dès que je pouvais j’essayais de dormir.
C’est une nuit en Figaro, ce n’est jamais le relâchement total ! J’ai quand même réussi à enchainer 3-4 petites siestes donc ça s’est pas mal !»

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