Alors que 19 Class 40 sont installés, quai vendeuvre, à Caen pour le départ de la Normandy Channel Race, les norvégiens de « Solo » et les français de « l’Equipe 2 » ont jeté l’éponge, « Mare » de l’allemand Jorg Riechers arrive*, Sylvie Viant, directrice de course est en pleine préparation pour le départ de l’épreuve qui aura lieu dimanche à 17h00. Navigatrice reconnue, c’est une passionnée de la mer, des marins et des bateaux. Coup de projecteur et détail du parcours avec Sylvie…

André Viant, le père de Sylvie, gérant d’une entreprise de travaux publiques, francilien, polytechnicien, a toujours été un amoureux des grands horizons maritimes. Alors, dès que ses trois filles puis ses trois garçons étaient en âge d’aller en mer, il n’hésitait pas. « Mon père m’a fait découvrir la croisière très tôt. Nous naviguions, dans un premier temps, pas loin de la maison familiale dans le golfe du Morbihan. Puis, nous avons pris le large pendant les vacances ».

Traversée de l’Atlantique en famille, découverte des eaux irlandaises et anglaises, les Canaries, Madère, les Viant avalaient les milles pour le plus grand plaisir des enfants. « La découverte d’endroits uniques me fascinait » enchaîne Sylvie.

En 1967 à bord d’un voilier dénommé « Esprit de Rueil », André se lançait dans la compétition avec les mythiques épreuves du Fastnet et du Royal Ocean Racing Club, vénérable institution londonienne. La mer prenait tellement de place dans la vie de la jeune Sylvie qu’elle abandonnait ses études et, à 21 ans, décidait avec son mari Michel Vanek de faire du charter aux Antilles pendant trois années, de 1971 à 1973.

Papa Viant rêvait de Tour du Monde. Il prenait la décision de s’inscrire au départ de la première Withbread en 1973 et faisait construire « Grand Louis », une goélette. Avec un jeune équipage composé de Sylvie, son frère Jimmy, Philippe Facque, Bruno Lunven, Patrick Elies, Loïc Caradec, ensuite tous figures de la course au large française, il s’en allait pour l’aventure. A l’arrivée, « Grand Louis » terminait à une honorable troisième place. Cette épopée bouleversait la vie de l’équipage. « Voir les icebergs, la mer déchainée, la vie en communauté a été une grande expérience » souligne la directrice de course, blonde, les yeux bleus continuellement étincelants voire océan.

Au retour, du Tour du Monde, Sylvie et Michel s’installaient dans le Golfe et fondaient une entreprise d’ostréiculture. « Ce n’est pas un succès. Nous partons travailler trois ans dans la restauration à Saint-Tropez ». Sylvie continuait à naviguer à haut niveau et enchaînait de 1982 à 1987 une traversée de l’Atlantique par année : la Rochelle – La Nouvelle Orléans, sur Kriter 9, deux étapes de la Withbread 1981 toujours avec son père, Lorient – Les Bermudes – Lorient en multicoque, Quebec / Saint-Malo, Monaco – New York, Lorient – Saint-Pierre et Miquelon – Lorient. Entre temps, David et Adeline naissaient et elle incorporait l’UNCL, union nautique de la course au large en tant que directrice de course comme le Tour de France à la voile.

« Après ma carrière de navigatrice et encore maintenant, j’ai une profonde admiration pour les marins » qu’elle partage avec son compagnon René Boulaire, spécialiste du suivi des voiliers en course. « La navigation par procuration me plait beaucoup et je crois pouvoir dire que je sais de quoi je parle ! »

En 2013, Sylvie dirigera, pour la quatrième édition, la Normandy Channel Race et sera aux manettes sportives, avec Manfred Ramspacher, de la Transat Jacques Vabre, départ le 1 novembre au Havre, direction le Brésil. « J’aime vraiment suivre la Normandy Channel Race. Je trouve que le plateau 2013 est très intéressant avec des équipages internationaux que nous n’avons pas souvent l’habitude de rencontrer. Le parcours de cette manifestation hauturière est passionnant. Il est particulièrement tactique et technique. Les concurrents en passant par les îles Saint-Marcouf, l’île de Wight, le Solent, les côtes Sud de l’Irlande, le Fastnet, puis les fameux passages de Barfleur et du raz Blanchard en Normandie, doivent avoir une connaissance accrue du courant, du vent évidemment… L’analyse météo est très fine sur la Normandy Channel Race. Son retour en avril promet des conditions fraîches et le passage de nombreuses dépressions. Comme en 2012, nous nous sommes donnés la possibilité d’inverser le parcours entre Tuskar et le Fastnet » conclut-elle.

Ils ont dit à propos de Sylvie Viant et du parcours :

Nicolas Jossier, skipper du Class 40 « Made in Normandie » :

Le parcours de la Normandy Channel Race est un parcours de figaristes avec de nombreux passages à niveau, de la course côtière et deux traversées de la Manche. Concernant Sylvie Viant, c’est sur le Tour de France à la voile que je l’ai essentiellement côtoyé. Elle est très agréable et pro.

Thibault Reihnart, skipper du Class 40 « Jasmine Flyer » :

C’est le parcours le plus dur qui existe aujourd’hui en course au large française. Il n’y a pas une partie plus facile que l’autre. L’année dernière, nous étions longtemps en queue de peloton et nous sommes arrivés quatrièmes. Les effets de côtes, le courant redistribuent les cartes perpétuellement.

Bruno Jourdren, skipper du Class 40 « Lord Jiminy » :

Je connais Sylvie depuis longtemps. Elle fait vraiment un bon boulot. C’est agréable de l’avoir comme directrice de course. Elle a beaucoup de compétences.

Halvard Mabire, skipper du Class 40 « Campagne de France » :

La fille d’André Viant, un grand monsieur de la course au large française. André était un grand monsieur et surtout un sacré skipper. Sylvie a hérité du caractère de son père : une main de fer dans des gants de velours. Elle dirige les courses avec équité et honnêteté. J’ai eu la chance de naviguer avec son père lors du Fastnet 1979 et plutôt contre Sylvie notamment sur la Withbread.

* « Mare », skippé par Jorg Riechers et Pierre Brasseur, a démâté dans la nuit de dimanche à lundi alors qu’il se rendait à Caen. Aloys Claquin, propriétaire du sister ship de « Mare » a sympathiquement prêté son mat au duo. Le voilier rouge et blanc est parti ce matin de Brest. Il sera demain soir à quai.

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