Ce lundi matin, le gros de la flotte de la Transat Bretagne – Martinique progresse au portant dans une quinzaine de noeuds le long des côtes marocaines. Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer) et ses poursuivants continuent leur longue descente vers le sud en enchainant les empannages au grès des petites oscillations du vent tandis que plus à l’ouest, Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) et Arnaud Godart Philippe (Régates Sonénaises) évoluent au près et entrevoient une porte de passage grâce à un léger décalage de la dorsale vers l’est.

Comme on s’y attendait, le passage des îles Canaries par l’est a contribué au resserrement des positions en longitude. Ainsi, Erwan Tabarly, qui ouvre la voie le long des côtes africaines, et Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir), le benjamin de la course un temps décalé dans l’ouest après le passage du DST du cap Finisterre, se retrouvent ce matin sur le même axe, séparés par un peu plus de 60 milles en latitude. Pour eux et pour tous ceux qui progressent actuellement dans le couloir large de 65 milles entre les îles Espagnoles et le Maroc, les conditions de navigation sont identiques… et confortables. Ils font route au portant, les spis gonflés par un flux de secteur nord nord-est d’une quinzaine de nœuds. « C’est super agréable. Le vent a un peu molli hier dans la soirée, ce qui m’a un peu inquiété mais au passage de Lanzarote et de Fuerteventura, il y a eu un phénomène d’accélération. Dès lors, le bateau s’est mis à filer entre 8 et 9 nœuds » expliquait le skipper d’Armor Lux – Comptoir de la Mer, ce matin à 5 heures.

C’est toujours à bonne vitesse et à une quinzaine de milles seulement des côtes africaines, qu’il continue de descendre vers le sud en enchainant les empannages en fonction des petites oscillations du vent entre le nord et le nord-est. « Pour l’instant, la trajectoire est un peu bloquée par l’anticyclone mais il y a quelques petites bascules à jouer », confirmait le Finistérien. « C’est sympa et ça glisse bien ». De fait, non seulement le vent se maintient mais en plus, la mer qui ballotait encore pas mal les Figaro Bénéteau 2 hier la faute à une houle résiduelle, est aujourd’hui apaisée. Ainsi, après avoir passé des longues heures à ranger, nettoyer et faire sécher, les solitaires s’installent peu à peu dans un nouveau mode de vie à bord. Un mode plutôt tranquille, rythmé par l’arrivée dans les boîtes mails des classements mais surtout des fichiers météo qu’il faut observer avec attention afin de répondre au mieux à la question qui occupe actuellement toutes les têtes : quel sera le meilleur moment pour mettre le clignotant à droite ?

La situation est évidement bien différente pour les concurrents ayant choisi l’option ouest, à travers la dorsale. Damien Guillou et Arnaud Godart Philippe, au près depuis une petite vingtaine d’heures, ont été ralentis dans la soirée et dépassaient péniblement les trois nœuds de vitesse à la tombée de la nuit. Reste qu’ils ne sont pas restés longtemps « empétolés » puisque au premier pointage du jour, ils étaient flashés à 6-7 nœuds. Mais pour eux, la vraie bonne nouvelle, c’est le léger décalage de la dorsale vers l’est qui semble leur laisser entrevoir une porte de passage. A suivre donc.

Ils ont dit :

Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer) :

[quote]Ca va bien. Ca a été une super nuit. J’ai eu des empannages à faire pour passer entre les îles de Lanzarote et de Fuerteventura ainsi que les côtes africaines. Il y a eu du vent, ça a accéléré un peu, le bateau avançait à 8-9 nœuds. C’était plutôt agréable. Nous serons peut-être encore plus près des côtes par la suite. Nous avons du passer à une quinzaine de milles des côtes africaines. Je n’ai rien vu. Je n’ai pas vraiment regardé autour de moi cette nuit. 15 milles ça fait loin pour les bateaux de pêche, ils sont plus près des côtes. En fin de soirée, le vent a molli, ça m’a inquiété. Ensuite, c’est re-rentré en début de nuit et là, il y a toujours une quinzaine de nœuds, voire plus je pense. J’avais peur près de la dorsale un moment donné, mais ça se passe plutôt bien. On va descendre encore et je vais étudier cela avec les nouveaux fichiers de ce matin. Je vais voir quelle stratégie adopter. Il y aura peut-être des empannages à faire, je ne sais pas encore. Pour l’instant plus je descends, plus il y a du vent. Il faut donc continuer pour avoir de la pression. A un moment, il va falloir tourner, prendre le vent d’ouest et faire le bon choix. La journée d’hier a été bien chargée. Après une semaine de près, de vent et de mer, il y a pas mal de choses à faire : faire sécher les vêtements, faire du bricolage, ranger le bateau, sécher l’intérieur … Comme nous sommes au portant, on rééquilibre le poids du bateau. Maintenant, on a pris un rythme de portant plutôt calme donc on a le temps de se reposer. Il n’y pas de souci par rapport à la vie à bord, le pilote marche plutôt bien avec ce vent stable.
Là, c’est super agréable, c’est toujours hyper plaisant … et d’avoir autant d’avance comme ça, ça ne m’est encore jamais arrivé. Le jeu est un peu bloqué pour l’instant et ça m’arrange. La route est longue. Pour le moment, il faut que je reste dans l’état d’esprit dans lequel j’étais la première semaine : « t’occupes pas des autres et avance » même si ce n’est pas facile à faire. Un peu de calme fait du bien, le bateau glisse bien. Hier ça bougeait encore un peu au portant et là c’est sympa, il faut en profiter ![/quote]

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