Comme prévu, le vent s’est renforcé cette nuit, avec l’arrivée de lignes de grains par l’ouest. En conséquence, les solitaires de la Transat Bretagne-Martinique font actuellement face à une situation très instable qui les oblige à la plus grande vigilance. Résultat, les changements de voile sont fréquents, le temps passé à la barre des Figaro Bénéteau important… mais les vitesses sont élevées.

Si le vent a fraichi, hier soir, c’est surtout l’arrivée d’une ligne de grains qui donne du fil à tordre aux marins depuis le milieu de nuit. Celle-ci engendre en effet une forte instabilité sur l’eau avec des rafales à 35-40 nœuds pouvant atteindre bien plus sous les grains les plus violents. « J’en ai relevé un à plus de 50 nœuds », rapportait Anthony Marchand (Bretagne- Crédit Mutuel Performance), ce matin à la vacation de 5 heures. « C’est très instable, ça change constamment. Les grains sont très actifs. Par moment, c’est vraiment chaud » annonçait de son côté, Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste). L’un comme l’autre sont donc sur le qui-vive ces dernières heures. Pas question de se faire surprendre. « Régulièrement, on envoie puis on affale le spi. C’est beaucoup de manœuvres mais c’est indispensable pour éviter les sorties de piste » précisait le leader du premier classement du jour, pas mécontent, en revanche, de progresser vers le sud au portant. « Ce matin, à l’ouest, nous bénéficions d’un angle de descente intéressant. Ca avance bien !». De fait, lui et les deux coureurs du team Bretagne- Crédit Mutuel sont les rapides de la flotte ce vendredi. Flashés à plus de 12 nœuds, ils gagnent vers le sud à vitesse grand V et espèrent ainsi combler un peu de leur retard sur les copains plus à l’est. « C’est vrai qu’on est devant au pointage parce qu’on est situé plus près de la route directe. Dans les faits, les autres sont mieux que nous. Notre option n’a pas franchement payé » déplorait Anthony Marchand. « Il faut qu’on profite d’aujourd’hui pour se rattraper ». Car pendant que lui tergiverse sur le choix du grand ou du petit spi, ses concurrents plus à l’est n’ont pas d’autre choix que de naviguer sous génois. Reste que si leur angle par rapport au vent est différent et moins intéressant dans l’immédiat, ils n’en subissent pas moins les grains. « C’est tendu. J’ai descendu mon génois en urgence en voyant arriver un monstre de grain. J’ai fait trois heures sous grand-seule cette nuit » avouait Yoann Richomme (DLCB – Module Création) dans un message envoyé par mail. La vigilance est donc de mise pour tous et elle va le rester tout au long de la journée. Car ce n’est que demain, à l’arrière de ces grains et sous la poussée d’un anticyclone au sud des Açores, qui le vent va tourner au nord-ouest et faiblir progressivement.

Ils ont dit :

Damien Guillou – La Solidarité Mutualiste :

« Il y a des gros grains depuis cette nuit. Au niveau du vent, on va de 20 à 40 nœuds, mais là ça va c’est au portant donc c’est plus sympa. C’est chaud car j’ai fait du spi un moment mais dans les grains tu dois vite affaler car c’est trop fort. Ce sont des grains assez violents et actifs, tu ne sais pas à combien ça monte donc tu dois faire attention de ne rien casser. Ca a été ça toute la nui, mais c’est pas mal parce que ça va bien. En plus, j’ai un bon angle, c’est plutôt correct. Ca avance et c’est plus sympa que le près. Ca change de ce que l’on a vécu avant. Ce n’était pas une nuit facile, je n’ai pas pu trop dormir. Ca commence à être un peu dur mais ça va être comme ça jusqu’à demain après-midi. Après, ça va vraiment commencer à mollir. On navigue vers le sud, vers le plus chaud donc c’est bien. La réparation de ma grand-voile m’a pris toute une nuit. Il fallait que j’assèche les zones pour réparer et faire les collages. Dehors ce n’était pas possible. Etant fatigué, ça a été pénible car j’ai du la démonter et la rentrer à l’intérieur du bateau. J’ai fait des pauses. Dans le milieu de la matinée je l’ai remonté. J’étais épuisé mais je suis content, j’ai pris la bonne décision. J’ai perdu beaucoup de milles mais ça m’a permis de continuer la course car ça tient. Ca monte d’un coup il ne faut pas se faire surprendre. Tout à l’heure, j’ai eu un grain à 45 nœuds d’un coup. Comme on est au portant, le bateau va super vite. À la barre c’est un peu dur. A cause des gerbes d’eau, tu ne vois pas grand-chose. Il faut réussir à regarder les afficheurs pour garder sa trajectoire et pour ne pas faire de sortie de route. Il n’y a pas de pluie mais des orages plus loin, je les vois. Entre les grains c’est dégagé, c’est une jolie nuit. On voit les étoiles c’est plutôt sympa. On se dirige vers pas trop de vent. Du coup, on va faire une route qui nous fera passer au ras de la côte pour chercher le peu d’air qu’il y aura. On va descendre vers le Cap Vert pour aller chercher les alizés. Ca ne sera pas simple car il n’y a pas beaucoup de vent là ou on va. Il y aura du jeu et il se passera beaucoup de choses. »

Anthony Marchand (Bretagne – Crédit Mutuel Performance) :

« Il y a pas mal de vent. Il y a eu un grain à 50 nœuds. En direction ça change pas mal, donc il faut faire attention. Maintenant nous allons tout droit pour aller contourner l’anticyclone. Notre option logiquement n’est pas payante, même si le vent est plus serré notre surplus de route ne paie pas. Aujourd’hui, ça va être pas mal. On va pouvoir combler un peu de retard car on a de l’avance sur le classement mais en réalité on a du retard. L’idée est de le combler en arrivant vers Madère pour essayer de ne pas être trop loin. Après, il y a encore du jeu. Quand ce n’est pas spi, on n’est pas à la barre, et quand c’est spi on est à la barre. Là, je suis en train de me poser la question de comment manœuvrer ? Quel spi ? Il y a des grains assez réguliers … Il faut être prudent. »

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